Après Aharon Haliva : éviter une déstabilisation de Tsahal

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Démissionnez, mais pas maintenant !

Que se passerait-il si trop de responsables aux commandes lâchaient le manche trop vite ? 

Le départ à la retraite d’Aharon Haliva, chef du Renseignement Militaire (AMaN) accentue la lourde responsabilité de l’AMaN dans le désastre du 7 octobre et dans les changements qui s’imposent. Mais il vaut mieux que les prochains sur la liste, dirigés par le chef d’état-major Hertzi Halevy et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, attendent pour émettre leurs lettres de démission de Tsahal et du Shin Bet. Leur départ immédiat laisserait les nominations sensibles entre les mains d’un Premier ministre qui semble balloté par les diverses tendances de son gouvernement, notamment ceux qui crient le plus fort. La démission du général du Commandement central sortant et les appels à promouvoir des généraux conciliants aux ordres des plus radicaux illustrent ce qui pourrait arriver.

Deux membres de l’état-major général de Tsahal ont annoncé leur retraite de Tsahal cette semaine. Le chef du Service national de renseignement, le général de division Aharon Haliva, a adressé lundi une lettre de démission au chef d’état-major dans laquelle il admet : « La Division de renseignement sous mon commandement n’a pas été à la hauteur de la mission qui nous était confiée.  » Quelques heures plus tard, on a signalé que le général du commandement central, Yehuda Fuchs, avait annoncé qu’il mettrait fin à son service en août.

Les chefs de Tsahal face à leur sentiment de culpabilité…

Apparemment, il n’y a aucun lien entre les deux affaires. Haliva est considéré comme l’un des géniteurs des défaillances du 7 octobre, et il est le premier haut fonctionnaire à assumer ses responsabilités – non seulement en paroles mais aussi en actions. Fuchs a effectivement servi comme commandant de la division de Gaza jusqu’en 2018, mais comme général du commandement central, et avant cela, comme attaché de Tsahal à Washington, donc la tache de cette terrible faute ne peut pas lui être imputée. Mais les deux demandes de départ à la retraite reflètent un profond sentiment de culpabilité au sommet de Tsahal.

Yehuda Fuchs et Aharon Haliva. Les deux annonces de retraite reflètent le profond sentiment de culpabilité au sommet de Tsahal ( Photos : porte-parole de Tsahal )

… Et la question de la Judée-Samarie

Et qui plus est : Fuchs et Haliva occupent des postes qui ont une interface étroite avec le niveau politique. Le chef de Tsahal est l’évaluateur national et, bien qu’il porte l’uniforme, il est responsable devant le cabinet et le gouvernement. Le commandant du commandement central est l’exécuteur de la politique de Tsahal et du système de sécurité en Judée-Samarie, qui le met souvent en péril, sur une trajectoire de collision avec les dirigeants de Judea-Shomron et leurs représentants au sein du gouvernement, dirigés par Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir. On peut supposer qu’aucune larme n’a coulé à Jérusalem, suite à l’annonce de la démission des deux champions des renseignements et de l’évaluation.

La liste des présumés fautifs tient sur moins de dix doigts

Au moins huit hauts responsables de Tsahal et des services de sécurité devraient, à un moment ou à un autre, rendre les clés en raison de leur responsabilité dans la catastrophe : le chef d’état-major, le général de division Herzi Halevi, le chef du Shin Bet Ronen Bar, quatre ou cinq généraux et deux sous-généraux. Le départ à la retraite du chef de l’AMaN a fait naître dans l’opinion publique l’espoir que ces hauts fonctionnaires suivront ses traces et prendront leur retraite prochainement. Mais il n’est pas sûr que ce soit la bonne chose à faire, pour l’État d’Israël à ce stade, alors que la guerre est toujours en cours et que le Premier ministre refuse de reconnaître toute responsabilité dans ce terrible désastre.

La ligne de front des familles d’otages et des réfugiés des frontières

Il existe en effet des arguments de poids en faveur de la retraite immédiate des responsables de l’échec au niveau professionnel. Le premier est le rétablissement de la confiance du public – une ressource aussi importante que les tanks et les avions de combat. L’armée israélienne jouit toujours d’un niveau de confiance relativement élevé au sein du public, par rapport aux autres organes de l’État, certainement par rapport au gouvernement et à la Knesset. Mais cette confiance s’est brisée après le 7 octobre, en particulier parmi les habitants de l’Otaf (l’enveloppe de Gaza) et de la frontière libanaise, qui ont été directement touchés. Tant que les responsables de ces différents fiascos resteront assis confortablement dans leurs fauteuils, il sera difficile de la restaurer.

Le chef d’état-major et le chef du Shin Bet. Il n’est pas certain que la démission soit la bonne chose pour l’État d’Israël à ce stade ( Photo : porte-parole de Tsahal )

La volonté de punir les responsables, même si aucun d’entre eux n’a agi de manière malveillante, joue également un rôle ici. Ceux qui ont échoué, disent ceux qui appellent à la démission des responsables, devraient en payer le prix, qui n’est rien comparé au prix payé par les familles des morts, des assassinés et des kidnappés.

Une capacité de décision altérée par la culpabilité ?

Un autre argument est que les membres de l’armée et de la communauté du renseignement, qui ont échoué le 7 octobre, sont toujours obsédés par les mêmes concepts et les mêmes schémas de travail qui ont conduit à l’échec opérationnel et du renseignement. Il serait donc juste d’injecter du sang neuf dans le système. Il est également possible de voir les choses sous un autre angle : le sentiment de culpabilité porté par les commandants qui ont échoué pèse sur eux et affecte négativement la nature de leur prise de décision, ils doivent donc quitter leur poste.

Rafiah et Liban d’abord !

Néanmoins, les arguments contre une démission immédiate sont accablants. Premièrement, les responsables de l’échec sont également ceux qui sont responsables du rétablissement rapide de l’armée et de sa préparation à la défense des deux frontières, puis à l’attaque à Gaza, y compris la planification d’une méthode de combat qui a abouti au démantèlement de la plupart des capacités militaires du Hamas avec un nombre relativement faible (comparé aux estimations avant guerre) de victimes pour Tsahal. Ceci à un moment où le gouvernement était soumis à une paralysie presque complète dans les premiers jours après le massacre. Ces commandants ont acquis beaucoup d’expérience dans l’usage de la force et connaissent également ses limites, et cette expérience sera utile, pour eux – et nous tous – si (plutôt quand) Tsahal est amené à opérer à Rafiah ou/et au Liban. C’est également vrai pour les postes équivalents au sein du Shin Bet.

Bien que les commandants de division qui dirigeaient les forces combattantes aient acquis une expérience tactique significative, leur promotion aux postes de général peut être prématurée, car la plupart d’entre eux n’ont pas encore acquis une expérience stratégique suffisante. Dans ce cas, il convient d’adopter le dicton : ne changez pas de cheval au milieu de l’ascension. Il vaut mieux attendre la fin des combats, une fois que les personnes enlevées auront été libérées et que les évacués auront regagné leurs foyers (certes, cela fait beaucoup de « si »).

Seule coupable : la surestimation des forces/ le mépris pour le Hamas

La volonté de punir les responsables est compréhensible, mais il ne faut pas oublier qu’aucun d’entre eux n’a agi par malveillance, et la plupart d’entre eux n’ont pas agi par négligence non plus, mais par erreur d’appréciation résultant d’une surestimation de nos forces et d’une sous-estimation du Hamas. L’armée devrait être autorisée à mener à bien les investigations avant de se prononcer sur le nom des personnes qui sont les « vrais » responsables.

Le chef d’état-major devra démissionner avant les généraux

Une situation où les généraux et les sous-généraux démissionnent avant que le chef d’état-major ne l’ait fait n’est pas non plus saine. Un départ massif de généraux nécessiterait la nomination de remplaçants, ce qui libérerait le prochain chef d’état-major (le candidat en tête de liste) : L’ancien chef d’état-major adjoint Eyal Zamir, aujourd’hui Directeur-Général du ministère de la Défense, est actuellement devant le fait accompli et il lui sera difficile de concevoir l’état-major selon sa vision du monde.

Mais à côté de ces considérations, il existe une considération critique concernant la relation entre le niveau politique et le niveau militaire professionnel. Selon la loi, l’armée est sous le contrôle du gouvernement, qui commande par l’intermédiaire du cabinet politique et de sécurité, du cabinet de guerre et du ministre de la Défense. Elle est responsable devant lui pour le bien et le mal, pour les succès et les échecs. C’est elle qui approuve la nomination du chef d’état-major selon la recommandation du ministre de la Défense et la nomination du chef du Shin Bet selon la recommandation du Premier ministre, et elle a une influence sur d’autres nominations de haut niveau au sein du ministère de la Défense, de l’armée et de la communauté du renseignement.

Netanyahu évalue la situation avec le chef du Shin Bet et le chef d’état-major. Ils ne devraient pas laisser des nominations aussi sensibles entre les mains de ceux qui ont déjà prouvé qu’ils agissent pour des raisons politiques et personnelles. ( Photo : Kobi Gideon/L.A.M .)

L’armée et le renseignements : fusibles d’un gouvernement défaillant ?

Le plus grand danger qui pèse sur le système de sécurité est que les prochaines nominations aux postes les plus élevés – dirigés par le chef d’état-major et le chef du Shin Bet – seront faites par le gouvernement défaillant, responsable des événements du 7 octobre et par son leader : celui-ci a approuvé la stratégie des malettes qataries qui ont abreuvé mensuellement le Hamas au moins depuis la fin de Tzuk Etan (Août 2014) en argent frais pour construire sa stratégie du 7 octobre. C’est l’origine première de la « Konceptzia », affichant que le Hamas est soumis à la pression financière (donc « acheté », « payé à rester calme »), matérialisant sa supposée « dissuasion », dans l’esprit de ceux qui ont bien voulu y croire, en refusant d’en mesurer les dangers patents. Le chef d’état-major, le chef du Shin Bet et les autres hauts fonctionnaires ne devraient pas laisser des nominations aussi sensibles entre les mains de quelqu’un qui a déjà prouvé qu’il sait manoeuvrer pour des raisons de survie politique, quitte à faire passer en second le bien du pays.

Il ne s’agit pas de diminuer la responsabilité de l’échelon professionnel, mais celui qui a favorisé le Hamas comme alternative à l’Autorité palestinienne et a permis au Qatar d’injecter de l’argent dans l’organisation terroriste, celui qui a insisté pour mener une révolution juridique qui a déchiré la société israélienne, malgré les avertissements répétés selon lesquels cela nuit au pouvoir de dissuasion contre nos ennemis (rappelons-nous la fois où il a démis Yoav Gallant en mars 2023, à cause de ce type de mise en garde, provoquant un tollé général, qui l’a amené à se raviser- ne doit pas fixer la hérarchie dans Tsahal à son image, pour les années à venir.

Le nécessaire recul pour la prise de décision

Malgré ce qui précède, on doit saluer la décision du général Haliva de démissionner. Ce faisant, il a attiré l’attention sur la lourde responsabilité de la Division du renseignement et de son chef dans l’échec du 7 octobre – une défaillance parmi une série d’échecs répétés de l’AMAN dans sa capacité d’avertissement du risque de guerre.

La division du renseignement, selon sa définition, est chargée d’une série de missions, dont la première consiste à « fournir des alertes en prévision de la guerre et contre les actes d’hostilité et de terrorisme ». Le chef du Service de Renseignement, de par sa fonction, est également chargé de « l’évaluation du renseignement national sur le plan militaire et politique », et c’est lui qui détermine l’EIS (Essential Information Score), qui est « l’ordre des priorités pour obtenir des renseignements », concernant l’ensemble de la communauté du renseignement – pas seulement la communauté du renseignement. Mais aussi le Mossad et le Shin Bet. La conclusion évidente de ces définitions est que l’identité, la personnalité et l’expérience du chef de l’armée sont tout aussi importantes, peut-être même plus, que celles du chef d’état-major, parce que c’est lui qui définit où et « quoi » chercher.

Cérémonie d’entrée en fonction de Haliva au poste de chef des Renseignements de l’Armée. L’identité, la personnalité et l’expérience du chef d’état-major de la Défense sont tout aussi importantes, peut-être même plus.( Photo : porte-parole de Tsahal )

Les premiers chefs d’AMAN étaient des analystes du réel

En effet, dans les débuts de Tsahal, Ben Gourion avait choisi pour ce poste les dirigeants de Tsahal, tels que Yehoshaphat Harkavi et Chaim Herzog, en grande partie grâce à leurs compétences intellectuelles, c’est-à-dire : leur capacité à remettre en question et à épuiser pleinement leurs capacités à vérifier les faits et la réalité tels qu’ils sont. Mais depuis lors, la plupart des chefs de l’AMAN étaient auparavant des commandants exceptionnels dans les rangs de l’assaut terrestre (et dans un cas, du général Amos Yadlin – dans l’armée de l’air). La plupart d’entre eux étaient des gens intelligents qui savaient peser les considérations stratégiques et ont gagné une grande expérience en la matière en tant que champions sur le terrain, mais le point de vue d’un combattant « avec un couteau entre les dents », qui voit l’ennemi à travers la ligne de mire, sera presque toujours différent du point de vue d’un véritable intellectuel, pour qui une analyse approfondie et la clarification de la réalité est une valeur suprême.

Lutter contre les biais cognitifs

Le chef de l’armée doit être familier avec l’action militaire et la comprendre en profondeur afin de pouvoir fournir des renseignements et des cibles au niveau de l’attaque sur terre, dans les airs et en mer. Mais afin de comprendre l’ennemi et les ses intentions, il doit être une personne qui fait confiance à des procédures de réflexion ordonnées et approfondies et qui est conscient de ce que l’on appelle les « biais cognitifs »* (voir Daniel Kahneman, Prix Nobel pour ses recherches en psychologie appliquée à l’économie -récemment décédé) qui conduisent à des conclusions trop hâtives. Par exemple, les considérations erronées qui ont conduit à l’élimination de Hassan Mahdavi, à Damas, même si, finalement, Tsahal s’en sort très bien. Le général Haliva a un palmarès impressionnant en tant que commandant professionnel et audacieux, mais il était le général le moins approprié de l’état-major pour remplir de telles fonctions.

Haliva Le général de l’état-major le moins apte au poste de chef des Renseignements de l’armée( Photo : Ilya Melnikov )

La trop grande dépendance au renseignement technologique

Les réalisations d’AMAN, en particulier depuis qu’il a introduit le cyber dans sa boîte à outils au cours de la deuxième décennie du XXIe siècle, ont éclipsé ses échecs passés, au premier rang desquels l’échec du renseignement lors de la guerre du Kippour. Mais l’échec du 7 octobre a prouvé que la dépendance au renseignement technologique est problématique et même dangereuse, quand elle devient unijambiste. Le remplaçant d’Haliva, dont le choix n’est pas encore déterminé, devra mener une réforme profonde, fondamentale, voire révolutionnaire, dans le département qui lui sera confié.

L’une des actions nécessaires est le renforcement de l’intelligence humaine, dont le cœur est l’activation des agents. Si le Shin Bet avait eu au moins un commandant d’une brigade du Hamas parmi ses sources avant le 7 octobre, tout aurait pu paraître différent. Mais le bassin des sources humaines, et surtout leur qualité, a considérablement diminué depuis que Tsahal a quitté la bande de Gaza.

L’Unité 504 sur le terrain, plutôt que l’unité 8200 ?

L’unité 504 de l’AMAN, chargée d’opérer le recrutement des agents et d’interroger les prisonniers, devrait donc être modernisée et considérablement renforcée. La division du travail entre le Shin Bet, qui déjoue, et l’AMAN, qui prévient de la guerre, doit être beaucoup plus claire. Les gens de la division de recherche doivent comprendre plus profondément l’ennemi, sa culture, sa mentalité et les courants et intérêts profonds qui animent sa direction. Jusque dans les années 1990, de nombreux immigrants des pays arabes et islamiques servaient dans l’AMAN, qui connaissaient l’ennemi presque intimement. Aujourd’hui, il n’y a presque aucun immigrant de ces pays (à l’exception de l’Iran) dans la tranche d’âge concernée, et l’apprentissage de la langue arabe et de ses différents dialectes n’apporte pas non plus la compréhension nécessaire. C’est un autre défi auquel la division du renseignement devra faire face.

Une armée étoffée peut-elle ratrapper les erreurs décisionnelles ?

Mais même si tout cela se produisait, accompagné d’autres changements nécessaires trop importants pour être détaillés, et même si la division du renseignement était dirigée par l’officier le plus talentueux possible, l’AMAN pourrait encore une fois échouer à avertir d’une guerre. C’est pourquoi il faudra border cette « marge d’erreur » subsistante 

Les capitaines de l’armée et l’échelon politique peuvent encore une fois commettre une erreur dans l’évaluation des intentions de l’ennemi. C’est pourquoi Israël a besoin de s’appuyer sur une armée beaucoup plus large qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si on parlait autrefois d’une armée petite et intelligente (ce que voulait Aviv Kochavi, faut de budget suffisamment étoffé), nous avons aujourd’hui besoin d’une grande armée et d’une armée coordonnée et intelligente.

L’antiterrorisme et le maintien du calme en Judée-Samarie

Une grande armée sera également nécessaire compte tenu de la réalité complexe en Judée-Samarie. Ce défi sera lancé à celui qui remplacera Yehuda Fuchs en tant que commandant du commandement central. Mais ceux qui occupent ce poste sont obligés de manœuvrer non seulement contre l’ennemi, ce que Fuchs a fait avec beaucoup de succès, mais aussi sur la scène politique, avec ceux qui surjouent de la fibre nationaliste pour exister politiquement. C’est doublement difficile depuis la mise en place du gouvernement actuel, dont certains de ses dirigeants font, semble-t-il, tout pour mettre le feu à la zone, permettre aux résidents de Judée-Samarie de faire ce qu’ils veulent, encourager le départ des Palestiniens par l’intimidation et la violence, et conduire à une annexion qui a abouti à un État binational. Ceux qui leur font actuellement obstacle sont l’armée, le Shin Bet et les gardes-frontières sous le commandement du général du commandement central.

Général Yehuda Fuchs ( Photo : Shaul Golan )

Fuchs prend grand soin de suivre les décisions du gouvernement et mène une campagne difficile visant à maintenir la sécurité physique des résidents juifs de Judée-Samarie. Mais l’armée israélienne, sous la direction du général du commandement central, est également tenue de protéger les résidents palestiniens et leurs biens de ce que l’on appelle en langage vulgaire le « délit ou le crime nationaliste ». Cet aspect de son devoir d’opérer pour le maintien de l’ordre  a fait de Fuchs, comme la plupart de ses autres prédécesseurs, l’ennemi des plus extrémistes. Seulement, cette fois, ces émeutiers ont une représentation respectée par le Premier Ministre, au sein du cabinet, du gouvernement et de la Knesset.

Rechercher « l’équilibre » peut mener à la diffamation

Ces résidents jusqu’au boutistes et leurs leaders mènent une campagne de diffamation contre Fuchs, qui a consacré la majeure partie de sa vie à la sécurité du pays. Lors des manifestations devant sa maison, ils affirment qu’il traiterait les Palestiniens avec douceur et conciliation (une affirmation infondée, compte tenu du grand nombre de terroristes tués dans son secteur depuis le début de la guerre : récemment un responsable d’unité du Yamam -type « Fauda », nous confiait n’avoir jamais tué autant de terroristes en un si cours laps de temps), et l’accusent de négliger leur sécurité. L’explosion de haine contre lui a conduit le chef du Shin Bet à lui affecter des gardes du corps. Il n’est pas étonnant qu’il en ait eu assez de l’attitude forcenée, harcelante et menaçante des chefs de ces mouvements d’ultras. Mais il a surtout été déçu par le soutien maigrelet et laxiste qu’il a reçu du gouvernement et de son chef. Le ministre de la Défense et le chef d’état-major le soutiennent autant qu’ils le peuvent, pour le voir continuer dans un autre rôle et l’ont même déclaré publiquement, mais Fuchs a senti le vent froid souffler vers lui depuis la table du gouvernement, et notamment du bureau de Netanyahu.

La responsabilité nationale au-dessus des considérations personnelles

Il ne fait presque aucun doute que les ministres de l’aile nationaliste de droite du gouvernement tenteront de profiter de la retraite de Fuchs pour nommer un commandant du Commandement central qui leur plaira. Il est également raisonnable de supposer que Netanyahu répondra à leur demande et fera pression sur le ministre de la Défense et le chef d’état-major.  Un indice en est visible dans le tweet de la députée Limor Son Har-Malech, qui a proposé de promouvoir le général de brigade Ofer Winter, le favori des résidents ultras en Judée-Samarie. Cette fois encore, Netanyahu n’a pas pris la peine d’arrêter les ministres et les députés qui discréditaient les officiers partant à la retraite. Il serait donc approprié que Fuchs, pour des raisons de responsabilité nationale, reconsidère le moment de sa retraite, tout comme les autres membres de l’état-major. Du fait des pressions et menaces, il n’est pas assuré qu’il en aille ainsi. 

*Tversky A., Kahneman D., « Judgement under Uncertainty : Heuristics and Biases », Management Science, vol. 185, 1974, p. 1124-1131.

9 commentaires

  1. Très discutable tout ça .
    En particulier sur la Cour Suprême car tôt ou tard il faudra la réformer sinon le pouvoir exécutif et législatif sera définitivement impuissant et les élections ne serviront plus à rien.
    C’est la gauche vaincue aux élections et soutenue par des forces extérieures financièrement surpuissantes et soutenues par l’administration Biden qui a fracturé la société en brisant un processus démocratique de réforme par des actions folles insurrectionnelles d’appel à la desertion et de transfert d’argent et de competences a l’étranger.rien ne justifiait une pareille attitude .
    Ce ne sont ni Netanyahou ni Smotrich ni Ben Gvir ni Levin qui ont appelé à la desertion, à l’insoumission et à la fuite des capitaux et des entreprises vers l’étranger.
    Concernant La Judee Samarie il n’est pas possible de la livrer aux arabes car cela veut tout simplement dire qu’on la livre au Hamas .il faut oublier l’idée qu’il s’agit d’un conflit territorial car si cela avait été le cas il aurait été réglé depuis longtemps avec Olmert(corrompu jusqu’à l’os) et Barak(dont il est plus que prouvé qu’il est depuis le début la main agissante des américains en Israël et même on peut le dire à Tel Aviv rue Kaplan) dont les échecs dans leur propositions d’ailleurs démentes aux arabes ont apporté la preuve que c’est un conflit idéologique et de manière absolument évidente aujourd’hui un conflit avec l’islam .
    La présence des juifs en judee samarie est un facteur défensif évident face à une attaque arabe venant de l’est .
    On imagine le cataclysme d’une présence totale du Hamas en judee samarie et à gaza .accepter ce principe relève de la folie pure .la encore l’attitude de avoda Meretz et même gantz est folle .qui peut croire que le vieillard de Ramallah dans la 19 eme et bientôt 20 eme année de son mandat de 4 ans est un interlocuteur franc (!) ,honnête et non corrompu (!), et représentatif (!) ? Seuls les fous peuvent y croire .
    Les opérations menées par Tsahal dans les villes arabes de judee samarie montrent clairement une similitude entre ce qu’ils font là avec ce qu’ils ont fait à Gaza.tunnels , pièges et explosifs de toutes sortes .livrer Israël à Yair Golan et sa coalition de postsionistes fous serait un suicide .
    La politique des valises du Qatar a été assurément détestable mais elle a été poursuivie par le gouvernement Bennet Lapid Gantz contrairement à ce qu’ils avaient laissé croire quand ils ont remplacé netanyahou.l’argent du Qatar n’a pas cessé de couler à flot à gaza avec le concours du gouvernement israélien de ces 3 hommes.ces faits ont été révélés par Ynet.
    Tout mettre sur le dos de Netanyahou est trop facile , ne correspond pas a la réalité et ne servirait qu’à cacher les responsabilités des autres .

    1. L’article ci-dessus évite tous les écueils ou œillères idéologiques qui enferment dans un discours opposé à un autre. Tous les Israéliens dont je suis veulent absolument restaurer ce minimum d’unité taillée en pièces par les ultras des deux bords, dont vous mentionnez certains, très critiquables, tels que Barak ou Yaïr Golan, mais ne faire de la réforme judiciaire le seul et unique cheval de bataille de ce gouvernement l’a condamné à l’hémiplégie et à la fixation- Il y avait d’autres rythmes possibles, des comités des Sages, des formulations possibles d’essais pilotes pour faire autrement. C’est devenu tout-ou-rien nous menant à des fractures surexploitées par les deux camps. On ne mentionne que ce moment pathétique de la gouvernance à l’œil de Netanyahou : éjecter Gallant, puis oublier de lui signifier sa lettre de renvoi sine Die. Au mieux, l’inaction d’un cuistre. Par ailleurs, la principale critique adressée à Bibi est le jeu des valises musicales venues du Qatar, qui ont bel et bien creusé les tunnels qu’on combat ensuite. On peut énoncer des problèmes sans avoir toutes les solutions magiques à portée de main. De même, défendre Yehuda Fuchs contre les menaces de mort du camp ultra en Judée-Samarie, ne consiste aucunement à remettre les clés de la Judée-Samarie au Hamas, puisque celui-ci est sans doute celui qui l’a sûrement le plus combattu -Fuchs, poussé à la démission par les deux « objecteurs de conscience du Gouvernement » : Smotrich et Ben Gvir – Pour les valises, on parle de celui qui a initié cette désastreuse politique, les suiveurs n’ayant comme excuses que d’être des suiveurs. Si tous coupables, ok, n’entendons plus parler d’aucun d’entre eux, c’est aux commissions de le dire. Quitte à faire le ménage, autant le faire bien !
      .

      1. Pour faire « vite », Pierre Boccara, vous continuez de penser d’après le logiciel du 6 octobre et on a besoin de passer (très vite ! ) à la vitesse supérieure pour trouver des solutions aux environs du 15 juin 2024, « après la victoire à Rafiah » (mais là, je suis très optimiste avec cet escargot de Bibi)… Donc le débat est possible, à condition de ne pas s’enfermer automatiquement dans l’accusation ultra qui consiste à dire que c’est « la faute de l’autre » (= si tu expliques la position instable de Fuchs face à des mises en causes indues, alors tu donnes la Judée-Samarie au Hamas : c’est ce genre de non-sens absolus dont nous ne voulons plus « ici ». Appelons cela des procédés de Reductio Ad Sinwarum » et ce n’est pas très honnête. Mais ça marche bien en « communauté française », qui ferait bien de se mettre à l’unisson de ce qu’on dessine ici et maintenant, toutes erreurs bues jusqu’au fond du calice… Vouloir excuser les responsables de décisions préjudiciables, jusqu’à la fin des temps pour reprendre les mêmes et recommencer, ce n’est pas jouable en période « révolutionnaire », conceptuelle, dans la chaîne de décision, etc. Mais il est aussi vrai qu’on n’a pas beaucoup de remplaçants en lice et c’est exactement ce qui s’est joué aux tours précédents (rappelons qu’on a vécu 4 tours électoraux pour « rien », excepté dépenser l’argent de la défense ou bloquer les projets de réformes), pour réélire « le même ». Tout le monde sait que le pouvoir use, même les meilleurs…

  2. À un profond désir d’en finir, étant en guerre depuis 204 jours, ce qui ne s’est jamais vu dans l’histoire de ce petit pays aux ressources qui n’ont rien d’inépuisables. Je n’évoque, ici, que l’opération Rafiah. J’habite au nord et tous, nous scrutons ce que pourrait être la « solution » pour sécuriser cette mince bande de terre- Idem au sud : donc on sait que parallèlement à du provisoire à Gaza, il y aura une sorte de gouvernement de post-guerre pendant un temps mal défini, pour prendre les décisions de « transition », jusqu’à ce qu’on arrive sur l’autre « rive »…

      1. Il s’agit d’importer un article HTTP dans le forum de discussion de terre des juifs .

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