Opération Aurore : le JIP en colère contre le supposé traître égyptien

Publié par

Opération Aurore : le JIP en colère contre le supposé traître égyptien

Le 11 août 2022, le Jihad islamique palestinien a fait part de son vif mécontentement à l’égard de l’Egypte qui lui aurait caché l’opération israélienne dans la bande de Gaza (engagée le 5 août 2022). Les médiateurs égyptiens avaient même rassuré le JIP sur les bonnes intentions israéliennes : dans les quatre heures qui ont précédé la première frappe, ils ont affirmé qu’Israël n’entendait pas entrer en confrontation avec l’organisation terroriste et qu’il était favorable à une libération de deux terroristes (dont un récemment arrêté). Le JIP s’est senti d’autant plus en confiance que le médiateur l’a assuré que le cabinet israélien devait se réunir le dimanche (7 août) pour en faire la déclaration officielle. Depuis, le JIP enrage.

Le JIP s’estime trahi par les médiateurs égyptiens qui ont donné toutes les garanties de sécurité (à un responsable de l’organisation terroriste), peu avant la première frappe. Depuis, l’organisation est non seulement en colère, mais également très frustrée. Le JIP considère que les informations données (concernant les bonnes dispositions israéliennes) ne l’ont été que pour rassurer les membres de l’organisation, de sorte qu’ils se sentent rassérénés et en sécurité, et qu’il n’anticipe pas l’envoi de la frappe spectaculaire qui a désintégré l’un des responsables de l’organisation (le 5 août).

Le différend entre Israël et le JIP est né 3 jours avant le déclenchement de l’opération Aurore : Tsahal avait arrêté Saadi, un commandant du JIP dans la ville de Jenine, ce qui avait humilié l’organisation terroriste. Cette dernière s’était alors interrogée sur les mesures de rétorsion à prendre. Aussi, et pour éviter toute escalade, les intermédiaires égyptiens étaient immédiatement intervenus auprès du JIP pour qu’il n’entreprenne pas d’actions violentes. Le renseignement égyptien avait même adressé une vidéo enregistrée par les services de sécurité intérieure israéliens montrant le terroriste Saadi (arrêté dans la semaine) en bonne santé, (ce que Le JIP avait considéré comme un « geste positif »).

Dans les jours précédant l’opération Aurore, le JIP avait alors fait part de ses exigences pour éviter l’envoi de roquettes sur Israël : la libération du responsable (Saadi) arrêté à Jénine, mais également celle d’un autre membre de l’organisation, Khalil Awawdah en grève de la faim depuis 150 jours (dans les geôles israéliennes).

Pour gagner la confiance du JIP, le Shin Bet avait alors transmis aux négociateurs égyptiens l’information selon laquelle Israël était favorables à la demande du JIP et qu’il souhaitait apaiser la situation.

Le 5 août 2022, Abdul Khaliq, Directeur général du renseignement égyptien (en charge de faire l’interface entre Israël et les mouvances terroristes palestiniennes implantées à Gaza, mais également de conduire les responsables du Hamas et du JIP, lorsqu’’ils se rendent au Caire) a confirmé au JIP (le 5 août en fin de matinée) les bonnes dispositions israéliennes sur les conditions formulées.

Or, 4 heures plus tard, Tsahal menait sa première frappe, éliminant le commandant de la branche nord des Brigades al Qods ainsi que 9 autres personnes. Le lendemain, Tsahal éliminait un autre haut responsable du JIP dans le sud de la bande de Gaza (en charge des négociations avec le Caire). Le surlendemain, Israël procédait à l’arrestation de 19 autres membres du JIP implantés en Cisjordanie.

C’est dans ces conditions que le JIP a préférées mettre un terme aux négociations en cours avec le service du renseignement égyptien (alors que les relations étaient historiquement bonnes, le JIP intervenant régulièrement en qualité de médiateur entre le Caire et le Hamas).

Le Jihad islamique a (à la suite du cessez-le-feu), expliqué qu’il avait de bonnes raisons d’être en colère eu égard à la confiance qu’il avait dans les médiateurs égyptiens : le Jihad avait relâché la garde (à la suite des informations rassurantes) et ne s’était pas préparé aux frappes israéliennes. Mieux, le médiateur égyptien avait confirmé à l’organisation terroriste, l’existence d’une « percée » dans les négations indirectes. Le Shin Bet avait effectivement envoyé au médiateur égyptien le message suivant : « Nous voulons mettre fin à cette escalade. Donnez-nous jusqu’à dimanche (7 août) et nous amènerons les responsables israéliens à accepter ».

Pour autant, le Caire n’a pas compris l’attitude de l’organisation terroriste et s’est senti blessé par son absence de considération dans les déclarations qui ont suivi l’opération Aurore. Un responsable du JIP s’est effectivement exprimé lors d’une conférence de presse à Téhéran, il a salué le soutien de l’Iran, de l’Irak et du ministre des Affaires étrangères qatari (voire de la couverture médiatique de l’opération israélienne par le média qatari Al Jazeera) sans jamais évoquer les efforts égyptiens pour tenter de résoudre le différend.

Bien évidemment, à la suite du cessez-le-feu survenu le 7 août (négocié par l’Égypte, avec l’aide des Nations unies et du Qatar), le JIP a maintenu ses exigences (par l’intermédiaire des services de renseignement égyptiens), à savoir qu’il cesserait l’envoi des roquettes, à condition qu’Israël s’engage à libérer Saadi et Awawdah.

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gant s’est radicalement opposé à toute libération immédiate de Saadi (sur la chaîne d’information Channel 12) : «  Saadi a été arrêté à juste titre et je n’ai pas connaissance d’une promesse de libérer des terroristes ». Il a en toutefois laissé entrouvert la possibilité à l’issue de l’enquête : « Je ne peux pas promettre qu’ils ne soient pas libérés. Nous ne gardons pas les gens en prison pour rien ».

De son côté, le Caire est revenu vers le JIP pour aplanir son différend avec lui. Il s’est notamment engagé à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération d’Awawdah.

Il convient donc de reconnaître qu’au cours de la semaine du 31 juillet au 7 août 2022, Israël a réalisé une opération de maître : il est parvenu à décapiter l’organisation du JIP à Gaza et en Cisjordanie grâce à l’intervention des médiateurs égyptiens qui ont joué un rôle central.

Le JIP vient en fait de comprendre le mot (arabe) taqqîya qui évoque une dissimulation pour arriver à ses fins. La sourate 23 verset 54 invite d’ailleurs à endormir l’ennemi et à le laisser croire : « Laisse-les dans leur égarement pour un certain temps » (la taqqîya n’est d’ailleurs pas répréhensibles à l’égard d’un non-musulman). Mieux, la Sourate 3 verset 28 rappelle que le pacte avec les ennemis ne vaut que pour les tromper : « Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allah, à moins  vous ne cherchiez à vous protéger d’eux ». La technique est effectivement efficace.

 

Un commentaire

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Terre-des-Juifs.com

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading