Le président américain venait à peine de quitter le Moyen-Orient qu’un autre sommet se tenait, à Téhéran cette fois.
Selon Le Monde, « le président russe, Vladimir Poutine, a rencontré mardi à Téhéran ses homologues iranien et turc lors d’un sommet sur la Syrie qui a, en fait, été dominé par le conflit en Ukraine.
Soucieux de contourner les sanctions occidentales, l’Iran et la Russie tentent de renforcer leur coopération énergétique et militaire. »
Pour Le Figaro, « La Turquie a dit compter, mardi 19 juillet, sur le « soutien de la Russie et de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme » en Syrie où elle menace d’intervenir, a indiqué le président Recep Tayyip Erdogan à Téhéran »
Les dirigeants iraniens ont intérêt à se rapprocher de Moscou, écrit encore Le Monde, « au moment où une alliance se dessine entre Israël et les pays du Golfe, parrainée par Washington.
En recevant Vladimir Poutine mardi, Ali Khamenei a justifié l’invasion de l’Ukraine, déclarant que si le Kremlin « n’avait pas pris l’initiative, l’autre camp aurait provoqué une guerre …
Avant tout, le sommet a été l’occasion pour M. Erdogan de tenter de convaincre ses partenaires du bien-fondé de l’opération militaire qu’il brûle de déclencher au nord de la Syrie afin d’en chasser les Kurdes syriens, décrits par Ankara comme des « terroristes » affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, autonomiste).
Son objectif est de prolonger la « zone de sécurité », profonde de trente kilomètres, conquise par son armée et ses supplétifs syriens, au fil des précédentes interventions (2016, 2018, 2019) afin d’y installer un million de réfugiés syriens sur les 3,7 millions actuellement hébergés en Turquie. »
Ce qui est proprement admirable dans les comptes-rendus de la rencontre de ces trois autocrates, pour ne pas dire dictateurs, c’est l’absence de condamnation.
Bien au contraire, le grand quotidien d’information et maître à penser qu’est Le Monde détaille pour ses lecteurs les raisons qui ont conduit Poutine et Erdogan à Téhéran et celles qui en ont fait les bienvenus au pays des Ayatollahs.
On en a presque l’impression d’entendre les trois ténors aller de leurs couplets :
« Aidez-moi à venir à bout de la résistance de ces Ukrainiens tenaces en intensifiant les bombardements sur des cibles civiles afin de me permettre d’annexer de nouveaux territoires en Ukraine et au-delà !» chante Poutine ;
« Laissez-moi démanteler un peu plus la Syrie, massacrer un maximum d’opposants et précipiter des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés sur les routes de l’exil et au passage réprimer les velléités d’indépendance de la minorité kurde chez moi » lui réplique Erdogan.
L’accord final revient à Ali Khamenei fredonnant « Du temps, je veux du temps ! Juste assez pour atteindre enfin la capacité nucléaire ! Une bombe, une seule petite bombe assurera à jamais à la république islamique d’Iran la victoire et l’impunité en cas de conflit et me permettra de détruire enfin Israël ».
Et l’Europe, dîtes-vous ? Elle écoute d’une oreille distraite. Ce sont d’autres incendies qu’elle s’emploie à éteindre. C’est tout juste s’il lui reste un peu d’énergie pour montrer une nouvelle fois du doigt Israël.

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique.
Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède.
Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.