Le 18 mai 2022, les élections estudiantines (organisées à l’Université de Bir Zeit à Ramallah) ont donné la victoire au parti islamique Wafa, affilié au Hamas. Celui-ci dispose désormais de 28 sièges sur les 51 que contient l’assemblée (contre 18 sièges pour le parti du Mouvement de libération nationale palestinien, Fatah, et 5 pour le Front Populaire Étudiant). Le parti affilié au Hamas (qui appelle à la libération violente de la Palestine) est désormais le plus populaire parmi les étudiants, ce qui augure mal d’un apaisement entre juifs et palestiniens de Cisjordanie, dans les années à venir.
Pour célébrer le résultat, des étudiants palestiniens ont défilé avec le drapeau vert du Hamas sur le campus, à la plus grande satisfaction des responsables du Hamas de la Bande de Gaza : « Notre victoire à ces élections confirme le soutien (au Hamas) du peuple palestinien », voire encore, « Nous félicitons le Hamas pour cette grande victoire. Les étudiants palestiniens ont choisi la voie de la résistance et refusent de faire des compromis…». De même, les commentateurs de la bande de Gaza ne s’y sont pas trompés : « le vote des étudiants est un indicateur politique de sa progression dans l’opinion publique, car il montre les tendances des générations futures. Une grande victoire a été obtenue »…
Théoriquement, s’agissant d’une représentation estudiantine, les programmes du parti aurait dû contenir une dimension académique et scientifique, ou, tout au moins, une discussion sur le mode d’organisation des études dans l’université. Il n’en est rien : c’est bien la haine et la destruction d’Israël qui est au cœur des préoccupations de la jeunesse palestinienne de Cisjordanie, et partant, le rejet de toute coexistence pacifique avec Israël.
C’est d’ailleurs autour de cette finalité que s’est organisée la campagne électorale des étudiants, proches du Hamas. Entre le 14 au 22 novembre 2021, le Bloc islamique étudiant a monté une exposition dans la Bande de Gaza (intitulé « Génération Jérusalem »), ayant pour objet de commémorer le neuvième anniversaire de l’élimination du commandant des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, responsable de la branche armée du Hamas. Y était alors exposée l’industrie militaire du Hamas (afin d’insuffler l’esprit du combat).
A cette occasion, pas moins de 2000 écoliers et étudiants ont pu découvrir (chaque jour, grâce aux voyages scolaires organisés par le mouvement terroriste), l’armement des Brigades al-Qassam utilisé contre Israël et son évolution au fil des années : grenade, fusils, missiles, drones… chaque arme était alors revêtue d’une étiquette indiquant le type, la date de fabrication, sa première utilisation contre Israël. Était également évoquée, l’existence d’armes cachées et non encore révélées, en prévision des guerres à venir…
Parmi les animations proposées aux jeunes palestiniens, des jeux de simulations permettaient d’affronter les soldats israéliens (traditionnellement réservé aux camps de jeunesse appelés « Avant-gardes de la libération», organisés chaque année par les Brigades al-Qassam). La jeunesse devait alors franchir des étapes dans les conditions suivantes : dans le premier des trois niveaux, les enfants palestiniens devaient « libérer Gaza », dans le second, « libérer les prisonniers » et dans le dernier, reprendre la Mosquée Al Aqsa.
Des enfants de 4 ans ont même été invités à tenir des armes avant d’être pris en photo et, ainsi, devenir la fierté de leurs parents. De même, les étudiants ont été autorisés à se photographier, munis des armes (sous le contrôle, toutefois, des responsables terroristes des Brigades al-Qassam).
L’exposition a été couronnée de succès : une élève de terminale, s’est dite ravie de pouvoir enrichir ses connaissances sur les capacités de la résistance islamique : « J’ai été vraiment surpris de voir les missiles tirés sur Israël. Ils sont petits et simples mais ils peuvent causer des dégâts dans les villes israéliennes ». Un autre s’est dit heureux d’avoir terminé les niveaux et pu libérer la mosquée Al-Aqsa »…
C’est dans ce contexte que, face au trouble à l’ordre public (provoqué par le résultat), les Forces de défenses israéliennes ont été contraintes d’arrêter 7 des membres du mouvement étudiant affilié au Hamas, en raison de leur participation à des opérations d’incitation à la haine d’Israël.
La victoire du parti affilié au Hamas n’est en rien surprenante : comme le programme électoral a été centré sur ce que les responsables du mouvement estudiantin appellent « la glorification des missiles de la résistance », ou encore « la bataille de l’épée de Jérusalem (guerre de mai 2021 contre Gaza) des habitants du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem », les étudiants palestiniens se sont naturellement reportés sur le Hamas, persuadés que le mouvement terroriste réunifiera les différentes sensibilités palestiniennes.
En fait, les élections estudiantines étaient une occasion de mesurer les tendances politiques palestiniennes, d’autant que les Palestiniens n’ont plus eu l’occasion de s’exprimer démocratiquement, depuis les élections de 2006 (qui avaient donné la victoire au Hamas, ce que le Fatah n’avait pas voulu reconnaître). Le Hamas avait, alors, fait sécession, en 2007, et pris le contrôle de la bande de Gaza.
De même, les élections législatives, prévues en 2021, ont été annulées, soi-disant en raison du refus par Israël de laisser voter les Palestiniens à Jérusalem. Il n’en est bien évidemment rien. Les Palestiniens de Jérusalem pouvaient tout à fait se rendre à Ramallah pour le faire. L’inconvénient résultait de ce que le vote des palestiniens de Jérusalem à Ramallah aurait, une nouvelle fois, illustré leur incapacité à revendiquer la capitale israélienne comme étant la leur. Le Fatah craignait également la victoire (annoncée) du Hamas en Cisjordanie et sa perte d’influence.
Rappelons, enfin, que la veille des élections, le débat étudiant ne s’est pas centré sur les programmes respectifs des partis en lice (en faveur des étudiants) mais sur la guerre intestine que se mène le Hamas et le Fatah : le Fatah a critiqué l’opacité du financement du Hamas et ses opérations armées alors que le Hamas a axé sa critique sur la coordination avec Israël (et le calme qui en résulte) qui serait nuisible aux palestiniens…
En tout état de cause, la division du Fatah et son incapacité à incarner une possible normalisation des relations entre juifs et palestiniens reste problématique. La jeunesse palestinienne s’enferme progressivement dans l’idéologie du Hamas qui rejette définitivement toute discussion avec Israël et qui la formate dans sa lutte contre l’AP et l’Etat juif.
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Aussi, et au lieu de lui permettre de grandir et de s’épanouir dans des conditions normales, l’éducation traumatisante de la jeunesse palestinienne (et la destruction de ses mécanismes cognitifs) a une seule utilité : embrigader et enfermer intellectuellement les jeunes palestiniens pour les amener à intérioriser la haine d’Israël (et des juifs) et ne faire corps qu’avec cette valeur ultime. La philosophie exprimée dans les chartes de l’OLP et du Hamas a donc trouvé une nouvelle jeunesse.
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