Bless Your Hands  : BDS boycotte l’amitié israélo-jordanienne

Publié par

Le 1er avril 2021, le site Youtube a diffusé une vidéo montrant le soutien accordé par le gouvernement israélien à l’initiative (israélienne) intitulée « Bless Your Hands » (que vos mains soient bénies). Le film présente une communauté de femmes israéliennes et jordaniennes qui ont mis en place un espace dédié à l’économie durable dans le domaine artisanal, A Wadi Araba (situé entre Israël et la Jordanie, au sud de la mer morte), avec échange de savoirs faire et réalisation d’un projet économique commun. Symbole de l’entente israélo-arabe, le film montre des femmes israéliennes et jordaniennes qui s’embrassent lors de la promotion de cette manifestation. Bien évidemment, ce projet (tout comme la vidéo qui en fait la publicité) a fait bondir le Mouvement BDS en Jordanie, résolument opposé à toutes ententes entre arabes et israéliens. BDS Jordan s’est donc immédiatement empressé de faire retirer la publication (en Jordanie) de la vidéo publiée en arabe, sur la page Facebook officielle d’Israël.

La création de « Bless Your Hands », encouragée par le Ministère israélien de la coopération régionale, a été parrainée par plusieurs organisations israéliennes, dont le Conseil régional central d’Arava, l’Université Ben-Gourion du Néguev et le développeur de sites Web israélien Wix. Lors du lancement du site Web, la responsable de l’initiative, Hagar Baram, a voulu montrer que les relations israélo-arabes pouvaient être amicales :  « Avec tout ce que vous avez récemment entendu sur les relations israélo-jordaniennes, nous voulions vous dire qu’il y a de l’espoir ».

Dans le cadre du partenariat, les femmes jordaniennes collectent et transforment la laine des moutons locaux avant de la transférer aux femmes israéliennes, qui en font des toiles décoratives. La tenture murale, commercialisée sous le nom «Afrika», précise d’ailleurs que la fabrication l’a été «avec amour, espoir et inspiration» grâce à une «fraternité jordano israélienne». La vidéo montre, ainsi, la parfaite réciprocité dans la relation entre les femmes: les israéliennes se rendent en Jordanie pour participer à des ateliers avec des femmes jordaniennes à Ghor al-Safi. De même, une Israélienne explique qu’un groupe de femmes jordaniennes s’est également rendu en Israël. 

Le site Web de « Bless Your Hands » explique que l’initiative permet d’offrir «une alternative économique aux revenus des artistes israéliens et jordaniens». Il présente ainsi, Wadi Araba, comme « un foyer et un lieu de création transfrontalière, pour des métiers traditionnels du désert qui trouvent leur fondement dans les défis contemporains ». Le partenariat s’organise sur la Terre d’Arava, « diamant périphérique situé entre Israël et la Jordanie » (qui est d’ailleurs l’endroit le plus bas dans le monde). En terme de délai, il a fallu près de deux ans de collaboration et d’organisation d’ateliers (en hébreu et en arabe), pour faire émerger « la coopérative jordanienne de femmes israéliennes au Moyen Orient ». Dès l’origine, les séminaires comprenaient une dimension à la fois artisanale mais aussi artistiques et avec utilisation d’une grande variété de matériaux et emploi de techniques diverses: tissage de laine, impression botanique, artisanat d’argent, mosaïque…

Bless de Your Hands  invitent désormais toutes les femmes israéliennes et jordaniennes à un voyage initiatique : « Rejoignez-nous et faites partie de la magie ». Les voyages débutent côté israélien, se poursuivent dans la partie jordanienne avant un retour côté israélien. Y sont organisés des rencontres de femmes vivant de chaque côté de Wadi Araba pour échanger, tant sur les aspects  quotidiens qu’environnementaux, avec visites des coopératives et participation à des ateliers. Pour la responsable de l’initiative, il s’agit « d’une excellente occasion d’élargir la portée de notre communauté de femmes émergentes ».

Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère du mouvement BDS Jordan qui s’est juré de boycotter tous les rapprochements israélo-arabes. : « Sous la bannière de la promotion de l’artisanat textile et du développement des affaires », le projet réunit des femmes israéliennes et jordaniennes pour des réunions et des séminaires en Israël et en Jordanie, alors que dans le même temps le gouvernement israélien entrave et détruit systématiquement les moyens de subsistance de communautés palestiniennes entières, en particulier des éleveurs de moutons, dans la vallée du Jourdain occupée en Cisjordanie – qui borde également la Jordanie » (sic)…

Aussi, BDS Jordan met-il tout en œuvre pour alimenter la haine des femmes jordaniennes et les empêcher de se laisser séduire par ce rapprochement (parfaitement ignoble). Pour lui, « les femmes jordaniennes sont exploitées et appauvries par les colonialistes israéliens ». De même, le projet ne vise qu’à « polir l’image d’Israël, créer une fausse image de réciprocité et promouvoir la normalisation avec la Jordanie, pays où la grande majorité de la population considère Israël comme un ennemi en raison de son occupation et de l’oppression continue des Palestiniens »…

/ AFP PHOTO / MENAHEM KAHANA

BDS Jordan a même laissé même entendre que l’initiative n’avait pu se réaliser qu’à la suite d’actes de corruption des israéliens : «pourquoi ces femmes et leurs communautés ont été laissées si vulnérables sur le plan économique pendant si longtemps ? », une situation qui ne leur laisse le choix qu’entre « la faim ou des options de relations avec les assassins de nos parents, grands-parents et femmes sur le sol palestinien »….

Ainsi, pour BDS Jordan : « les assauts sionistes continuent d’infiltrer la société jordanienne, qui est restée résistante aux efforts de normalisation depuis la signature de l’accord de honte en 1994». Le boycotteur jordanien s’interroge d’ailleurs sur l’identité des entités jordaniennes qui ont facilité et coordonné l’initiative, y compris les visites israéliennes. Rouge de rage, BDS Jordan fulmine dans la mesure où le travail des organisations internationales de développement est réglementé par le gouvernement. L’initiative n’aurait donc pas du échapper à l’attention officielle….

Bien évidemment, sa démarche est d’autant plus absurde que Wadi Araba est un lieu hautement symbolique. C’est précisément à cet endroit, qu’ont été signés les accords de paix entre Israël et la Jordanie le 26 octobre 1994. Rappelons d’ailleurs que, depuis, les relations israélo-jordaniennes sont fructueuses pour les deux parties. En 2020, la Jordanie a commencé à importer le gaz israélien, conformément à l’accord supervisé par les Etats-Unis en 2016. Au terme de ce contrat, Israël fournit le gaz contre versement, par la Jordanie, d’une somme de 10 milliards de dollars sur une durée de 15 ans. BDS n’est pas parvenu à empêcher la transaction.

Plus récemment, la course automobile « Jordan Baja » (qui s’est déroulée sur le circuit Wadi Rum de Jordanie entre le 18 et le 20 mars 2021) a accueilli deux pilotes israéliens. BDS Jordanie particulièrement courroucé a déploré : « Alors que le gouvernement nous maintient sous clé, il permet aux sionistes de se déplacer librement sur nos terres sous la bannière du sport». Une fois encore, BDS se saisit de la moindre occasion pour dénoncer les rapprochements entre arabes et israéliens.

Une fois encore, le mouvement BDS a montré sa véritable nature : il se nourrit exclusivement de la haine d’Israël et non de l’amitié qui préside entre les peuples. Il ne se rend même plus compte à quel point sa démarche est abjecte.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

Laisser un commentaire