Iran-Israël : une guerre qui ne dit pas son nom, par Michèle MAZEL

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dimanche 11 avril 2021

IRAN-ISRAËL : UNE GUERRE QUI NE DIT PAS SON NOM

La chronique de Michèle MAZEL

Le ministre iranien Reza Saffinia arrivant à la maison du président Weizmann à Rehovot à Yom Hatzmaout 1950.

Le ministre iranien Reza Saffinia arrivant à la maison du président Weizmann à Rehovot à Yom Hatzmaout 1950.
      Difficile à croire mais en 1953 l’Iran a été le second pays à majorité musulmane à reconnaître l’État d’Israël, le premier étant la Turquie. Pendant un quart de siècle, Israël a entretenu d’excellentes relations avec l’Iran sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi Un vol régulier de la compagnie El Al reliait Tel Aviv à Téhéran où travaillaient des milliers d’Israéliens. Une série d’accords diplomatiques, militaires et commerciaux avaient été conclus ; Israël approvisionnait l’Iran en armes et ce pays lui fournissait du pétrole. La révolution islamique de 1979 a sonné le glas de cette entente.

Le nouveau régime de l’Ayatollah Khomeini rompit immédiatement les relations diplomatiques avec Israël qualifié de «petit Satan» dont il mit l’ambassade à la disposition de l’Organisation de la Libération de la Palestine. Pourtant tous les liens n’avaient pas été coupés et de 1980 à 1988, tout au long de la guerre Iran-Irak, Israël vendit par le biais d’intermédiaire armes et matériel de guerre pour près d’un demi-milliard de dollars, payés en partie par la fourniture de pétrole iranien. Les successeurs de Khomeini, mort en 1989 un an après la fin de la guerre, se lancèrent alors dans une surenchère dans les appels à l’annihilation d’Israël, souvent qualifié de «cancer ou de tumeur cancéreuse au sein du monde musulman qui devait être éradiquée».

Élu en 2005, le président Ahmadinejad va passer aux actes. Lors de la seconde guerre opposant le Liban en Israël en 2006 et déclenchée par une attaque du Hezbollah sur les forces israéliennes, des centaines de membres de l’unité d’élite paramilitaire, les Gardiens de la Révolution, auraient pris part aux combats, se chargeant notamment du lancement des roquettes et des missiles. L’Iran accorde également son soutien au Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza et déploie des efforts considérables pour l’approvisionner en armes. Les services de sécurité israéliens suivent de près ces efforts.

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Une série de frappes d’appareils «non identifiés» détruisent d’importants convois d’armes en cours d’acheminement du Soudan vers Gaza. Déjà en 2002 la marine israélienne avait arraisonné le Karine A, un cargo chargé de plus de 50 tonnes d’armes en provenance d’Iran. Ce conflit larvé prit une nouvelle dimension avec la découverte de l’ampleur du programme nucléaire des Ayatollahs. L’élimination de plusieurs savants atomiques est attribuée à Israël, qui craint que les Iraniens mettent leurs menaces à exécution et envoient des missiles dotés d’ogives nucléaires sur Tel Aviv. Parallèlement aux efforts de Téhéran dans le domaine nucléaire, les tentatives d’encerclement d’Israël par l’intermédiaire du Hamas en Syrie et du Hezbollah au Liban se poursuivent.

Convoi après convoi d’armes sophistiquées et de missiles de précision iraniens destinés au Hezbollah transitent par la Syrie. L’armée de l’air israélienne parvient à les éliminer en quasi-totalité, soit en route, soit dans les entrepôts établis par les milices pro-iraniennes de Syrie. Ces frappes font l’objet de brèves mentions dans les médias occidentaux qui se gardent bien d’en exposer les causes. Aucune condamnation non plus quand les Gardiens de la Révolution se sont attaqués à des navires civils appartenant à des sociétés israéliennes, leur causant d’importants dégâts. En représailles, un vaisseau des Gardiens de la Révolution a été endommagé alors qu’il était en mission de reconnaissance en Mer rouge. Ce n’est d’ailleurs que la partie émergée de la phase maritime de cette guerre larvée.

L’Occident se désintéresse de ce conflit dont l’Iran a pris l’initiative alors qu’une bavure pourrait à tout moment plonger l’ensemble du Moyen Orient dans un sanglant conflit qui risquerait, par le biais des alliances régionales, d’enflammer le reste du monde.

Par Michèle Mazel

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