Frères ennemis, à la jordanienne par Michèle MAZEL

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FRÈRES ENNEMIS, À LA JORDANIENNE

La chronique de Michèle MAZEL

De gauche à droite  la reine Rania de Jordanie, la princesse Basma Otoum, le prince Hamza, le roi Abdallah et la reine Noor, à Amman, le 12 janvier 2012.

          Ouf ! Le drame a été évité. Les services de sécurité jordaniens, particulièrement vigilants, ont réussi à étouffer dans l’œuf une tentative de coup d’État visant à renverser le légitime souverain hachémite, Abdallah II, au profit d’un usurpateur. Outrage suprême, ce serait son jeune frère Hamza qui aurait fomenté le complot. Le voici aux arrêts dans son palais tandis que ses co-conspirateurs sont en prison. La réprobation est unanime et les messages de soutien au monarque se succèdent.

L’administration Biden a été la première : «Le roi Abdallah est un partenaire-clé des Etats-Unis, et il a tout notre soutien» a déclaré le porte-parole du Département d’Etat.   La Russie a fait de même.  La Turquie a prodigué ses encouragements. Selon Le Monde, «l’Égypte a exprimé sa «solidarité totale et son soutien au royaume jordanien hachémite représenté par sa majesté Abdallah II». L’Irak et le Liban ont fait de même. À travers les monarchies arabes, pour une fois unanimes, on s’étrangle d’indignation.  Toujours selon Le Monde : «En Arabie saoudite, le palais royal a également fait part dans un tweet de «son appui total (…) aux décisions et mesures prises par le roi Abdallah II et le prince héritier Hussein pour sauvegarder la sécurité et la stabilité».

 De Qatar à Bahreïn en passant par Koweït et Abou Dhabi, sans oublier le Yémen, c’est le même concert de soutien. La Ligue Arabe et le Conseil de Coopération du Golfe y apportent leurs voix. Abou Mazen exprime la solidarité palestinienne au royaume jordanien . Quant à la voix de celui qui est montré du doigt, le prince Hamza, il n’y a personne pour l’écouter ou presque. Il se trouve que les gardes aux portes de son palais n’arrêtent pas les ondes et c’est ainsi que la BBC a été en mesure de diffuser une vidéo où il dément avec véhémence toute tentative de coup d’État tout se livrant à de graves accusations sur ce qu’il appelle la corruption du régime. Il faut dire qu’il aurait des raisons d’être amer.

CCG

Plus jeune fils du roi Hussein par son épouse favorite la reine Nour, il était néanmoins destiné à hériter du trône le moment voulu. Seulement décédé à 63 ans en 1999, le roi est mort trop tôt pour mener à bien son projet. Trois semaines avant sa mort, il a donc fait appel à l’aîné de ses enfants, Abdallah, fils de sa première épouse la Britannique Mona Gardiner, et lui a proposé un marché faustien : il le nommerait son successeur contre un engagement solennel de sa part de faire de Hamza le prince héritier. Ce qu’il fit.

Devenu roi, Abdallah passa les cinq premières années de son règne à asseoir son régime, prenant des cours d’arabe pour se débarrasser de son accent anglais et faisant le tour des tribus du royaume pour obtenir leur allégeance. Désormais sûr de lui, il dépouilla en 2004 le prince Hamza de son titre de prince héritier «pour lui rendre sa liberté et lui permettre de voler de ses propres ailes» ( !!!)  Cinq ans plus tard c’est sans état d’âme qu’il fit de son propre fils le prince héritier. Il se murmure que l’annonce d’un complot vient à point pour détourner l’attention de la grave crise économique et sanitaire que traverse le royaume….

Par Michèle Mazel

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