Nul n’est prophète en son pays : le cas Netanyahou par Michèle MAZEL

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vendredi 26 mars 2021

NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS : LE CAS NETANYAHOU

La chronique de Michèle MAZEL

          Après dix ans au pouvoir, le premier ministre israélien voit son trône vaciller. Il voit se dresser contre lui une coalition hétéroclite qui va du «Nouvel espoir» de Gideon Saar, en rupture du parti Likoud, à la droite duquel il se positionne,  au parti travailliste revigoré,  au parti Meretz à l’extrême-gauche et même à la Liste Arabe Unifiée.  Au-delà des profondes différences idéologiques qui les opposent, tous réclament en termes plus ou moins virulents le départ du «roi Bibi», comme l’appellent ses partisans. Ce qui est étonnant, c’est que son «règne» a été marqué par une suite de réussites exceptionnelles qui font qu’à l’étranger on ne tarit pas de louanges sur lui.

Ainsi une caricature montre un Macron aux abois qui ne sait plus comment s’en sortir disant : «Si les Israéliens n’en veulent plus, on peut peut-être embaucher Netanyahou». Il faisait sans doute référence à la pandémie qui ne fléchit pas et à la crise des vaccins introuvables.  On sait qu’en Israël, cinq millions de personnes ont déjà reçu les deux doses de vaccin, et que le pays dispose des stocks nécessaires pour parachever l’opération, grâce à la prévoyance du premier ministre qui a su passer les contrats nécessaires à temps et payer au prix fort une livraison accélérée.

Aujourd’hui la covid19 est jugulée et les restrictions tombent les unes après les autres. Ce qui n’empêche pas ses détracteurs de l’accuser d’être «responsable» des six mille victimes du virus. Aurait-il pu faire mieux ? On en doute. Sur le plan international, il a réussi à convaincre Donald Trump, qui occupait alors la Maison Blanche, de reconnaître la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan ; plus important encore, l’Amérique a déclaré que Jérusalem était la capitale d’Israël et a enfin mis à exécution la décision prise il y avait plus de vingt ans par les deux chambres du Congrès de transférer l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. Quant au Secrétaire d’Etat Mike Pompeo, il a tout bonnement dit que les implantations n’étaient pas forcément illégales.  

Les Accords d’Abraham sont venus couronner cette série de résultats spectaculaires. La normalisation avec les pays du Golfe, qui ne date pas encore d’un an, s’est   concrétisée par quantité d’accords et notamment par l’ouverture de lignes aériennes régulières ; des dizaines de milliers d’Israéliens ont déjà visité Dubaï, Abu Dhabi et Bahreïn. Sur le plan intérieur, celui qui parcourt le pays du nord au sud et du sud au nord ne peut qu’être impressionné par les chantiers pharaoniques en voie d’exécution. L’économie a mieux traversé la crise que les pays de l’Ocde, le PNB n’ayant reculé que de 2,4% en 2020. 

Autre phénomène nouveau, Netanyahou a su toucher une partie de la population arabe et la convaincre de lui faire confiance. De fait, il est toujours à la tête du plus grand parti. Cela n’a pas suffi. Mis en accusation dans diverses affaires, pour lesquels son procès est en cours, le premier ministre ne bénéficie pas de la présomption d’innocence. Pour la coalition qui s’oppose à lui, il doit partir sans attendre le verdict. Advienne que pourra.

Par Michèle Mazel

benillouche.blogspot.com

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