L’Iran capitalise sur l’agression, enhardi par la retenue américano-saoudo-israélienne

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 Les Houthis frappent le pétrole saoudien , l’Iran menace Haïfa , Ras Tanura , Tel Aviv

Les gestes de bonne volonté et les signaux d’avertissement américains ont clairement perdu de leur pouvoir de persuasion pour l’Iran – même lorsqu’ils sont soutenus par les puissants bombardiers américains B-52 survolant leurs têtes. Après des dizaines d’attaques contre l’Arabie saoudite au cours des dernières semaines, les rebelles houthis yéménites soutenus par l’Iran se sont surpassés dimanche 8 mars en envoyant 14 drones armés et 8 missiles balistiques volant vers le parc pétrolier saoudien de Ras Tanura, l’un des plus gros ports d’accueil de pétroliers au monde et le quartier résidentiel de Dharan qui abrite des travailleurs pétroliers étrangers, y compris des Américains. Un ordre de censure de Riyad a dissimulé l’ampleur des blessures et des dégâts. (Voir l’image ci-jointe.)


Le même jour, deux bombardiers américains lourds B-52 Stratofortress à capacité nucléaire ont fait un aller-retour dans le Golfe et sont rentrés à leur base, escortés dans le ciel de la région par des avions de combat britanniques, israéliens, saoudiens et qataris. C’était la septième mission de ces bombardiers lourds au-dessus du Golfe et la deuxième depuis que Joe Biden a pris ses fonctions de président.

Contrairement aux actions déclenchées depuis Téhéran, la réponse américaine à l’attaque yéménite contre l’Arabie saoudite n’a guère eu d’écho. Le porte-parole du département d’État, Ned Price, l’a qualifié de «inacceptable et dangereux, et qui met en danger les civils, y compris les Américains». Il a ajouté: «Ils doivent arrêter d’attaquer et commencer à négocier

Mais le supplétif yéménite de l’Iran était clairement en marche, même et surtout après l’aveu de faiblesse émis par l’administration Biden, qui a fait le geste de lever la désignation en tant que groupe terroriste et a stoppé les ventes d’armes à l’Arabie saoudite.

Le modèle de non-réplique de l’Amérique aux attaques dévastatrices lancées par l’Iran contre l’Arabie saoudite avait déjà été établi en septembre 2019, lorsque les principaux champs pétrolifères des Saoudiens à Abqaig et Khurais ont été frappés carrément et précisément par le même mélange de drones et de missiles balistiques que cette fois. L’attaque, qui a réduit de moitié la production de pétrole saoudien, a été lancée conjointement et en étau, par des Houthis yéménites dans le sud et des milices chiites pro-iraniennes irakiennes au nord.  

Non content de déclencher un assaut majeur contre l’Arabie saoudite, les responsables iraniens ont également eu dimanche des paroles fortes à l’encontre d’Israël. Le ministre de la Défense Amir Hatami a menacé de raser Tel Aviv et Haïfa si Israël menait une attaque préventive contre l’Iran. Puisque cette menace est devenue une constante, Hatami l’a renforcée en disant que, cette fois, il avait reçu l’ordre du chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, de traduire ces propos en une action opérationnelle concrète.

Téhéran a un supplétif à proximité, le Hezbollah libanais, pour exécuter sa menace de frapper du port de Haïfa au nord d’Israël, sa population et ses principales infrastructures stratégiques. Mais pour endommager sérieusement Tel Aviv, Téhéran devrait faire son travail lui-même avec des missiles balistiques. Cela ne s’est pas produit auparavant, mais la menace doit être prise au sérieux, après que l’Iran se soit senti suffisamment confiant pour détruire d’importantes infrastructures pétrolières saoudiennes sans crainte de représailles américaines.

Un autre événement important de dimanche a été la confirmation que les gardiens de la révolution iraniens poursuivent une campagne de terreur ininterrompue contre des cibles israéliennes et juives dans le monde entier. Plus d’un mois après l’explosion d’une bombe à l’état brut devant l’ambassade d’Israël en janvier, les agences de contre-terrorisme indiennes ont dénoncé le complot de la force iranienne Al Qods manipulant une cellule chiite indienne locale qui l’a activée à distance.

C’est également lié à l’attaque iranienne contre le cargo israélien MV Helios Ray dans le golfe d’Oman le 26 février.

Cette escalade d’agressions iraniennes se poursuit depuis des semaines sans retour, que ce soit des États-Unis, d’Israël ou d’Arabie saoudite. Même la campagne aérienne systématique d’Israël contre la présence militaire de l’Iran en Syrie s’essouffle.

Les Iraniens semblent penser que, bien que leurs ennemis menacent bruyamment de les empêcher d’acquérir une bombe nucléaire, ils ne sont pas sur le point d’entrer en action. Téhéran a le temps d’avancer en toute sécurité dans sa quête d’une arme nucléaire. L’observatoire nucléaire de l’ONU a rapporté lundi que l’Iran avait commencé à enrichir de l’uranium avec une troisième cascade de centrifugeuses IR-2m avancées dans son usine souterraine de Natanz, enfreignant encore davantage l’accord de l’Iran en 2015 avec les grandes puissances. La quatrième cascade de 174 centrifugeuses IR-2m a été installée mais pas encore alimentée en uranium (UF6 naturel), et l’installation de la cinquième est en cours.

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