
Les espions de Moscou trop près de l’IA française
Face à l’entrisme russe dans ses réseaux d’expertise en intelligence artificielle (IA), Paris se méfie et sévit. Les agents de Moscou expulsés de l’UE ces dernières semaines l’ont été pour des affaires d’espionnage liées à l’IA.
D’après nos sources, les quelque sept agents russes opérant sous couverture diplomatique qui ont été expulsés de l’Union européenne (UE) ces dernières semaines ont été pris la main dans le sac alors qu’ils convoitaient des technologies liées à l’intelligence artificielle. Parmi les agents concernés, deux diplomates russes soupçonnés d’appartenir au SVR officiaient aux Pays-Bas, tandis qu’un autre œuvrait à la mission commerciale russe à Paris. L’expulsion de ce dernier, en décembre, a donné lieu à une mesure symétrique à l’encontre d’un couple de fonctionnaires de Bercy, dont Grégoire, conseiller économique à l’ambassade de France à Moscou, comme l’ont mentionné Les Echos.
Cette nouvelle affaire d’espionnage entre les deux pays a perturbé le déroulement du premier forum bilatéral sur l’IA organisé le 26 février… à l’initiative de la représentation commerciale russe en France.
Mikhaïl Makarov, le directeur de la représentation, a animé, avec le soutien du Dialogue de Trianon, représenté par Artem Malgin, et de la vice-ministre russe du développement économique, Oksana Tarassenko, un événement marqué par le déséquilibre entre les représentations de chacun des pays. Les autorités françaises ont en effet mis le holà et veillé à limiter la participation des entreprises tricolores en attendant que le sujet soit apuré au niveau ministériel.
Les discussions policées sur la gouvernance de l’IA, ses applications dans l’industrie, la santé et l’environnement, étaient modérées par Alexeï Prazdichnykh, de Strategy Partners. Elles ont rassemblé un panel d’experts de l’IA venus de Linagora, Sberbank, Rosatom, Numalis, Dassault Systems, Air Liquide, Gazprom Neft et Sanofi.
Les universitaires et chercheurs russes étaient dépêchés en nombre, en provenance notamment du Centre pour la recherche stratégique russe, représenté par Vladislav Onishchenko, son président, ainsi que de la Fondation Skolkovo, de l’Université d’Etat de Moscou et de MGIMO.
Côté français, le député La France insoumise (LFI) Michel Larive était l’unique représentant politique, aux côtés de Jean-Pierre Mascarelli, président de la Fondation Sophia Antipolis et maire de Bouyon, dans les Alpes-Maritimes. Le département était aussi représenté par Marco Landi, ex-président du groupe Apple de 1993 à 1997.
L’intelligence artificielle intéresse de plus en plus Moscou, qui a obtenu du ministre de l’économie français Bruno Le Maire, à la dernière minute en décembre 2019, que l’IA intègre la liste des sujets de coopération au sein du conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC). La Russie a aussi fait les yeux doux à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), dont le président Bruno Sportisse dirige le groupe de travail dédié à l’innovation du CEFIC.
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