Doha, aussi accro qu’Abou Dhabi aux technologies israéliennes. Mais attention danger : trop grande proximité avec la Turquie et surtout, l’Iran, Frères musulmans, Hamas
Alors que les Emirats viennent d’officialiser leur love story avec Jérusalem, l’émirat rival est aussi désireux (et d’autant pus..) que son voisin de recourir aux services des sociétés de sécurité israéliennes.
Tandis que les Emirats ont procédé à la reconnaissance d’Israël le 13 août sur fond d’intenses échanges économico-sécuritaires, un litige commercial en cours éclaire sur la place qu’occupent les industriels israéliens au Qatar. Selon nos informations, la société de sécurité Sdema Group, dirigée par deux anciens du Shin Bet, le service israélien de renseignement intérieur, poursuit deux de ses anciens consultants, l’ex-général Yoav Mordechai et l’ancien du Mossad Shai Baitner, pour un différend sur un contrat avec les autorités qataries en vue de sécuriser la Coupe du monde de football de 2022 qui doit se tenir dans le pays. Devant la peur de voir les secrets de cette connexion exposés, les deux parties ont préféré pour le moment tenter une médiation privée.
Contrat réduit
Les dirigeants de Sdema, Dror Mor, ex-numéro 2 de la direction des opérations du Shin Bet, et Dani Vesely, ancien directeur des ressources humaines de l’agence, s’étaient appuyés sur Mordechai et Baitner, fins connaisseurs de la région, pour décrocher un contrat de plusieurs dizaines de millions d’euros et assurer la sécurité des installations qataries. Mais le ministère israélien de la défense a fait volte-face, inquiet de voir des logiciels trop sensibles installés chez un allié du Hamas et surtout de la Turquie, laquelle connaît un regain de tension avec Jérusalem. Le périmètre final du contrat a donc été restreint, au grand dam de Sdema.
Ancien officier d’Aman, le renseignement militaire, Yoav Mordechai, reconverti en consultant, est particulièrement bien connecté à Doha. Alors qu’il était encore dans l’armée, il a été à la tête pendant plusieurs années de la coordination des opérations israéliennes en Judée-Samarie et à Gaza. De ce poste, il était en relations constantes avec le Qatar, qui a investi plus d’un milliard de $ ces cinq dernières années dans l’enclave palestinienne. La capitale qatarie accueille également les plus hauts cadres de l’organisation du Hamas, dont le leader politique Ismael Haniyeh et le responsable des relations extérieures Moussa Abou Marzouk.
Ayant publié début 2019 une tribune dans le Times of Israel afin de renforcer les liens d’Israël avec les Etats du Golfe, notamment en matière économique, Yoav “Polly” Mordechai pilote, avec Shai Baitner (ou Shaun Bouter), ont travaillé pour le Novard Group, pour le compte duquel ils ont déjà prospecté aux Emirats et à Bahreïn.
Via Novard, les deux hommes sont notamment associés en Israël au conglomérat Tidhar de Gil Geva, Mark Weissman et Arye Bachar, et à l’assureur Harel dans une coentreprise de promotion immobilière. Novard dispose d’une filiale à Londres depuis l’année dernière.
Concurrence
Mais Mordechai et Baitner sont loin d’être les seuls consultants israéliens actifs dans l’émirat. Comme Intelligence Online s’en est déjà fait l’écho, le spécialiste des interceptions d’Herzliya NSO Group, dirigé par Shalev Hulio, a lui-même longtemps travaillé pour l’émirat (IOL nº816) – aux côtés notamment du Gamma Group, l’éditeur du logiciel FinFisher. Un autre fournisseur d’outils de cyber-intrusion se rapproche depuis peu du Qatar, la société Candiru (ou Saito Tech, ex-Taveta Ltd) fondée par Isaac Zack. Celle-ci vient de faire entrer minoritairement à son capital un fonds lié à la Qatar Investment Authority (QIA, voir ici).
Le sujet est toujours sensible, pourtant, à Doha : Le Figaro, le journal français appartenant à Dassault, fabricant de l’avion Rafale vendu à l’armée de l’air qatarie, a fait disparaître sans commentaire de son site en juillet un article mentionnant un petit contrat visant à équiper l’avion personnel de l’émir Tamim bin Hamad al-Thani avec des contre-mesures israéliennes (lire ici).
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BAILLEUR … LE QATAR
Réservé à nos abonné.esIl faisait partie d’un dossier sur la Turquie, publié en double page le 3 juillet. Publié sur son site web la veille, cet article, incriminant pour le Qatar, a mystérieusement disparu. ASI a appris la nouvelle à l’auteur, Georges Malbrunot. Enquête.
Le Figaro aurait-il tablé sur l’annonce du remaniement pour supprimer discrètement un article incriminant le Qatar? Le 2 juillet, en fin de journée, le quotidien a publié sur son site web une enquête du journaliste et spécialiste du Moyen-Orient, Georges Malbrunot, dans le cadre d’un dossier portant sur les relations difficiles entre la France et la Turquie. L’article est manifestement jugé important pour le journal et ses lecteurs: sur Twitter , il est ainsi promu pas moins de 4 fois via les différents comptes du Figaro .“Avion privé offert par l’émir du Qatar à Erdogan, interopérabilité des renseignements turcs qatariens, liens dans la défense, partage des tâches en Libye, ramifications en Alsace: mon enquête sur les dessous de l ‘… (lire la suite : https://www.arretsurimages.net)