Guerre D’Israël contre le Hamas :
images vraies contre mirages des images
Par Jean-Marc Alcalay
Images du Hamas !
La plupart des massacres et des enlèvements du 7 octobre commis par les terroristes du Hamas ont été filmés avec jubilation, rires, sadisme, jouissance mortifère, le tout élevé au rang d’un crime contre l’humanité, érigé en Loi. Images réalisées volontairement par les génocidaires eux-mêmes que certains, idéologie anti-israélienne et antisémite oblige, prennent encore pour des résistants et non pour des criminels contre l’humanité. De l’humanité, il leur en faudrait d’ailleurs une bonne dose pour qu’ils changent d’avis !
D’habitude, Israël et ses services de communication sont assez prudents sur l’utilisation des images, pour ne pas passer pour des propagandistes, à l’image justement du Hamas qui lui, ne se gêne pas en montages mensongers et déclarations fausses. Mais cette fois ci, face aux critiques faites à Tsahal, face à tous ceux pour qui ces crimes ne seraient qu’inventions d’Israël, les services de communication de l’armée ont fait un montage de 43 mn pour montrer à des journalistes de la presse mondiale ce film d’une barbarie inimaginable. Des journalistes fermaient les yeux, d’autres enfouissaient leur visage dans les mains, d’autres essuyaient leurs larmes, d’autres encore quittaient la salle. Tous en sont sortis, rougis, traumatisés par ces scènes horribles d’un massacre en direct. C’en était trop ! Trop de bébés égorgés, trop de corps décapités, éventrés, trop de gens tués en direct, trop de corps calcinés, attachés, enlacés avant d’être brûlés vivants, trop de jeunes qui dansaient pour la paix et qui l’instant d’après allaient être assassinés. Trop de hurlements de ces jeunes filles et de ces bébés séparés de leurs parents et que le Hamas a enlevés, trop de ces personnes âgées manipulées pour l’image et qui ne comprenaient pas ce qui leur arrivait, trop d’humiliations… ! Le tout, toujours accompagné de la brutalité des terroristes, de leur haine de tous les Juifs assassinés, comme des survivants, embarqués sans ménagement, sans distinction d’âge ni de sexe.
Ces scènes d’une horreur sans nom ont été proposées aux députés de l’Assemblée nationale française à l’initiative de Mathieu Lefèvre du groupe Renaissance et président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale. Quatre-vingt-dix députés sur cinq cent soixante-dix-sept, toutes tendances confondues se sont engouffrés dans la salle de projection du Palais Bourbon, presque pleine. Aymeric Caron, un député de la NUPES, protecteur des moustiques mais piqué à la haine d’Israël était présent, comme aussi le négationniste David Guiraud de LFI, détestateur féroce et affiché d’Israël, connu pour ses mensonges historiques et son relativisme. Je reviendrai sur ces deux tristes députés…
La question est laissée ouverte : fallait-il montrer ces images, voire les diffuser à un public plus large ?
Diffuser les scènes d’horreur ?
La tentation est grande, mais justifiée, de comparer les crimes du Hamas aux crimes nazis quant à l’utilisation des images. Je ne regarde jamais un documentaire sur les camps de la mort. Je ne regarderai pas davantage celui-ci sur les massacres du Hamas et de ses serviteurs zélés. Des images d’humiliations et d’exécutions de Juifs me répugnent, me révoltent car, du fond de mon fauteuil de spectateur effaré, je souffre toujours de rester impuissant. Je crois évidemment aux images des massacres du Hamas et je crois aux témoignages des survivants. Ce que j’ai vu et entendu sur les chaines de télé me suffit, c’est pourquoi encore, je ne visionnerai pas ce film.
Images nazies !
Nombre de films documentent les crimes des nazis. Pourtant, Claude Lanzmann, dans son film de 9h00 intitulé justement Shoah (1985) avait décidé, pour « montrer » la Shoah, de ne montrer justement aucune image documentaire des camps de la mort. Il avait préféré la voix, la parole, le verbe, la force des mots des survivants mais aussi de leurs bourreaux au dépend des images de mort… Il savait son pari risqué car on n’évite jamais la mise en images des mots, on les met nécessairement en scène et comme dans les rêves, ce sont des images mises en mots dans l’après-coup du réveil, dans le récit que le rêveur en fait. De même qu’il n’y a pas de cinéma muet. L’image est aussi mise en mots, elle est interprétée par le spectateur, là est tout le risque de l’image muette. Ainsi dans le Shoah de Lanzmann, les mots sont mis en images et dans le cinéma muet, ce sont les images qui sont mises en mots. Quoiqu’on fasse, on n’échappe ni aux mots, ni aux images.
Sans doute, pour éviter le plaisir spéculaire malsain, la jouissance sadique de la mort des Juifs, Claude Lanzmann n’avait donc pas choisi de privilégier les images, contrairement au Hamas qui a filmé ses massacres. Mais il y a des photos et des films des exécutions des Juifs, tués d’une balle par les Einsatzgruppens, des films sur la « vie » ou plutôt la survie des Juifs dans les ghettos…, puis entre autres photos et films sur les camps de la mort, il y a l’album d’Auschwitz[1], malgré l’interdiction par les nazis d’y faire films et photos. Il existe donc deux cents photos prises par des SS on l’on voit des femmes et des enfants qui attendent dans le bois dit, de bouleaux, le moment de leur gazage, ou toujours, ces milliers de déportés Hongrois débarquant sur la rampe d’Auschwitz, ou encore ces femmes restées debout pendant des heures pour un appel mortel interminable… Mais aucune photo prise par les nazis du gazage des Juifs, sauf quatre, mais prises en août 1944 à la dérobée et au péril de sa vie, par un déporté, membre anonyme des Sonderkommandos[2]. Deux photos, où l’on voit des femmes nues poussées vers le crématorium V d’Auschwitz, puis deux autres photos des Sonderkommandos brûlant à l’air libre les cadavres extraits de la chambre à gaz du même crématorium V. Au contraire des nazis qui voulaient cacher l’existence des chambres à gaz et au contraire des terroristes du Hamas qui voulaient jouir de la mort des Juifs en montrant leurs exécutions et les enlèvements d’otages, ces Sonderkommandos, voués à une mort certaine, voulaient témoigner de la barbarie nazie par l’image, montrer la preuve inébranlable du gazage des Juifs, au cas où personne ne les croirait, ce qu’ont voulu à juste titre, faire les autorités israéliennes en montrant cet autre massacre au cas on ne les croirait pas non plus, ce qui inévitablement va arriver.
Images vraies contre mirage des images
Oui, il fallait alors montrer ces films. Mais au grand public, je n’en sais rien. Il faudrait prendre beaucoup de précautions, utiliser beaucoup de pédagogie, mais il n’est pas sûr que cela serve. Témoins nos deux députés NUPES et LFI, Aymeric Caron et David Guiraud qui, sans beaucoup d’émotions et tout en acceptant la véracité horrible des images, rectifient aussitôt le tir, si j’ose dire. Le premier accepte même que ce massacre fut bien le fait de terroristes mais pour dans un second temps, insister sur le fait que le montage relève de la propagande israélienne ce qui pour lui rendrait le film déjà suspect d’authenticité. Le second, admet l’horreur des massacres mais continue à parler de crimes de guerre et les deux de refuser d’appeler ce massacre, un crime contre l’humanité, et de le minimiser aussitôt en le comparant au « génocide » commis par les Israéliens à Gaza. Autrement dit, toujours la même rhétorique, toujours la même superposition honteuse et mensongère d’un vrai massacre d’un côté et la riposte israélienne de l’autre, annulant de ce fait l’ampleur de la barbarie du Hamas. Alors oui, l’image !, oui l’image !, mais pas pour convaincre ceux qui sont déjà convaincus par les crimes du Hamas, mais pas ceux non plus déjà enfermés dans le brouillard mental de leur négationnisme, de leur haine morbide des Juifs, d’Israël et du monde libre. Alors, images vraies contre mirage des images dont voici une définition : mirage : apparence séduisante et trompeuse. Comme quoi face aux propos négationnistes de ces deux députés, Aymeric Caron et David Guiraud, face à de tels dénis de la réalité et de ce totalitarisme pro-islam-iste qui désormais sévit en France, il est une nouvelle fois tentant de désespérer de notre humanitude.
[1] L’album d’Auschwitz, Éditions Al Dante/ Fondation pour la mémoire de la Shoah, 2005.
[2] Georges Didi-Huberman, Images malgré tout, Les Éditions de Minuit, 2003.
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