Vers la fin du mandat de l’UNRWA ?

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Le 23 avril 2022, le Commissaire Général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA), Philippe LAZZARINI, a adressé un message aux réfugiés palestiniens dans ces termes : « Nous pouvons considérer que la situation actuelle est intenable et entraînera inévitablement l’érosion de la qualité des services de l’UNRWA ou, pire, leur interruption ». Son propos (édulcoré) signifie simplement que le mandat humanitaire de l’UNRWA (qui fournit services aux palestiniens, tels logement, santé, éducation protection sociale… et rémunérations aux salariés de l’institution), pourrait bien venir à expiration, faute d’argent. Effectivement, les pays donateurs réalisent non seulement que l’organisme ne remplit pas ses missions mais qu’en outre, il finance insidieusement la haine d’Israël et des juifs.

 

Pour ménager la sensibilité des palestiniens, Philippe LAZZARINI a dit comprendre leur désarroi et leur frustration : faute de moyens, les réfugiés des camps de Khan Danoun et à Yarmouk (en Syrie) sont obligés de retourner vivre dans les ruines de leur camp. Au Liban et en Jordanie, la crise financière et économique est sans précédent et, enfin, la situation sécuritaire en Cisjordanie (y compris à Jérusalem-Est), et à Gaza se détériore…

Il s’est donc engagé à faire son possible (en juin 2022) « pour collecter les fonds nécessaires à la pérennité de tous les services », au Liban (lors de la commission des donateurs) et à New York (à l’occasion de la Conférence organisée à l’Onu). En effet, « l’UNRWA est à court d’argent et proche de l’implosion ». Or, « se tenir au bord d’une falaise est pénible pour tout le monde ».

Il a alors livré son bilan : « au cours des dix dernières années, les ressources ont stagné, tandis que les besoins des réfugiés palestiniens et le coût des opérations ne cessent d’augmenter », avant d’expliquer les causes du déséquilibre financier : « la lassitude des donateurs conduit à une dépriorisation de la question palestinienne, y compris plus récemment parmi certains donateurs de la région arabe ».

L’inconvénient résulte de ce que l’UNRWA a oublié les circonstances primitives de son institution : la résolution 302 de l’Assemblée générale des Nations Unies (du 8 décembre 1949) lui a donné mandat de fournir assistance et protection aux réfugiés palestiniens « en attendant une solution juste et durable à leur sort », dans un objectif précis : « favoriser les conditions de paix et de stabilité ».

Or, les évolutions du mandat ont fait oublié à l’UNWA sa vocation originelle. L’office s’implique désormais dans des activités humanitaires, de développement et de protection (résolution 614 de 1952), distribue les fonds aux villageois frontaliers en Jordanie, à la population non réfugiée de la bande de Gaza, aux réfugiés en Égypte (résolution 916 de 1955), prend en charge l’éducation, la formation professionnelle (1955 et 1958), verse l’aide aux palestiniens déplacés de 1967 et ceux du Liban 1982… même si l’UNRWA a développé son « programme de mise en œuvre de la paix en 1993 ».

A ce jour, l’UNRWA fournit son soutien à 5,6 millions de Palestiniens (dont 2.3 millions vivent dans une extrême pauvreté). Son budget annuel de 1.6 milliards de dollars ne couvre pas les dépenses : les déficits (annuels) s’élèvent (chaque année) à près de 100 millions de dollars. LAZARRINI  a donc prévenu : « continuer à compter presque exclusivement sur le financement volontaire des donateurs n’est pas raisonnable» (même si
le budget 2022 prévoit l’attribution de  prêts individuels de 31,2 millions de dollars).

LAZZARINI est toutefois resté muet sur les raisons de la diminution du financement des pays donateurs, en l’occurrence le fait que les fonds distribués alimentent la haine d’Israël dans les supports éducatifs et pédagogiques, ce qu’a d’ailleurs constaté le Parlement européen le 29 septembre 2021 : « les discours de haine, l’antisémitisme et l’incitation à la violence, n’ont pas été supprimés des manuels scolaires palestiniens ». Il a donc décidé d’amender le budget 2022 de l’UNRWA, subordonnant le versement de sa dotation à « la suppression de l’incitation à la haine dans les manuels de l’Autorité palestinienne ». Plus précisément, le législateur européen impose que « des changements immédiats soient apportés pour promouvoir la coexistence avec Israël et qu’il soit mis un terme à l’incitation à la violence ».

Rappelons que L’UNRWA gère l’instruction des palestiniens en utilisant les manuels officiels du gouvernement de l’AP en Cisjordanie et à Gaza. Or, comme Bruxelles est l’un des principaux contributeurs de l’AP (payant même les salaires des fonctionnaires qui conçoivent les programmes), l’enveloppe 167 millions de dollars prévue en 2022 (elle était de 157 millions en 2021), ne le sera que si les outils pédagogiques reflètent « les valeurs de paix, de tolérance et de coexistence ».

Plus précisément, le Parlement européen a indiqué que les manuels utilisés doivent promouvoir « la coexistence et la tolérance avec les juifs-israéliens » et éduquer « à la paix avec Israël conformément aux objectifs de la solution à deux États ». A défaut, les crédits en réserve seront utilisés pour financer les seules ONG palestiniennes « ayant fait leurs preuves dans la promotion de la coexistence avec Israël».

Si effectivement tel est le cas, les enfants palestiniens pourront (enfin) apprendre la tolérance, la coexistence et le respect des juifs.

En réalité, le problème de l’UNRWA va bien au delà du financement de la haine palestinienne des juifs : il tient surtout au refus des pays arabes (Jordanie, Syrie, Iraq, Egypte, Liban…) d’intégrer les palestiniens dans leur population. A titre de comparaison, c’est un peu comme si les palestiniens, vivant en Europe, se voyaient refuser le bénéfice d’un titre de séjour ou de la nationalité du pays d’accueil, et qu’ils étaient parqués dans des camps, en percevant (pour l’éternité)  des subsides de l’UNRWA. Le statut serait naturellement considéré comme inhumain. Il est donc urgent que les instances internationales imposent aux pays arabes qui accueillent les palestiniens, un mécanisme d’intégration similaire à celui qui existe en Europe.

A cet égard, Jared Kushner, gendre et conseiller de l’ancien président Donald Trump, s’était rendu à Amman (Jordanie) en juin 2018, pour convaincre le roi Abdallah de Jordanie de retirer le statut de « réfugié » aux 2 millions de Palestiniens afin de leur reconnaître un vrai statut de citoyen. En vain…

A titre de rétorsion, l’administration Trump avait cessé le financement de l’UNRWA (en septembre 2018), ce qui avait gravement affecté les comptes. Joe Biden a finalement décidé de le reprendre (7 avril 2021). Toutefois, lui aussi subordonne le versement des dotations aux conditions visées dans « le cadre de la coopération » : interdiction de reverser des fonds aux réfugiés palestiniens qui participent à des opérations de terrorisme, d’une part, et obligation de surveillance du « contenu du programme palestinien » par l’UNRWA, d’autre part.

Conclusion : si les palestiniens cessent d’être discriminés dans les pays arabes de résidence et qu’ils apprennent la coexistence pacifique avec les juifs, ils oublieront naturellement leur fantasme du « droit au retour » sur une terre qu’ils n’ont jamais foulée. L’UNRWA pourra alors disparaître sans que personne ne s’en plaigne.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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