En se revendiquant d’Hazem, les Brigades d’Al Aqsa préparent la bataille de Jénine

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Photo ci-dessus : Des hommes armés appartenant aux branches militaires du Fatah, du Hamas et du Jihad islamique posent ensemble pour une photo de groupe sur une place du camp de Jénine, le 18 août 2021 (AFP)

La fragmentation de l’Autorité Palestinienne et sa perte de contrôle des territoires est-elle actée à Jénine ? Une recomposition des alliances entre groupes terroristes sur une ligne idéologique islamiste et pro-iranienne s’est-elle clandestinement amorcée ?

C’est ce qu’il semble, si on relève les revendications qu’affichent les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, quant à l’appartenance présumée de Raad Hazem à cette filière du Fatah de Mahmoud Abbas. Les racines de ce mouvement plongent dans le sang des attentats de la Seconde Intifada, sous le commandement de Marwan Barghouti, chef des Tanzim. Les propos glorieux du propre père d’Hazem, ancien membre de la « Sécurité Préventive » -et on voit à quel point elle l’est ! – de l’AP vont encore dans ce sens, pour affirmer la sécession qu’opèrent les clans de Jénine vis-à-vis des fonctionnaires palestiniens de Ramallah.

D’un point de vue pratique, il est moins probable que le terroriste ait réellement bénéficié d’un soutien organisationnel très élaboré de la part de ces groupes qui, aujourd’hui, en font un des leurs. Il s’agit plutôt de parrainage post-mortem qui a vocation de provoquer et de susciter d’autres aspirations au martyre.

Jénine- Uhm Al Fahm, Hadera (lieu d’un précédent attentat), Tibériade (tentative avortée)  et la Galilée sont dans un mouchoir de poche, dans le district de Haïfa. 

Hazem a acquis l’arme, utilisée à Tel Aviv, auprès d’une filière de contrebande dans la partie arabe de la Judée-Samarie et elle ne l’a jamais quitté. Il aurait exploité une faille majeure dans la barrière de sécurité, entre Jénine et la ville d’Umm al-Fahm, dans le nord d’Israël, et de là, a pris un bus pour Tel-Aviv afin de mener l’attaque. Les services de sécurité connaissent le suspect qui a convoyé Hazem de Jénine jusqu’à la brèche dans la clôture, a déclaré Ynet. Uhm al-Fahm est le chef-lieu du mouvement islamique du Nord, dirigé par Raed Salah, récemment sorti de prison. Il aurait pu s’y découvrir des complicités, mais ne paraît pas s’y être attardé, entièrement voué à sa “mission” -suicide.

Cependant, le geste du terroriste, faisant 3 morts, -puisque Barak Lufan, 35 ans a succombé à ses blessures vendredi-, suivant d’environ une semaine celui de Diaa Hamarsheh à Bnei Brak, qui a perpétré 5 meurtres de pure terreur, est instrumental pour appuyer les revendications politiques des « Martyrs des Brigades d’Al Aqsa », en quête d’un second souffle. Le groupe terroriste, visiblement associé à la logistique du Jihad Islamique Palestinien, cherche à s’imposer dans le district de Jénine, contre l’Autorité d’Abbas au bout du rouleau.

Bien au-delà d’une « simple » guerre intestine de succession vis-à-vis du vieil apparatchik, il en va aussi d’une prise de position stratégique, encore au stade de la préparation logistique, contre la sécurité d’Israël, via l’association à un groupe aux ordres de Téhéran.

S’exprimant vendredi matin devant la résidence de Hazem dans la ville de Jénine, Atta Abu Rumailah – le secrétaire général du Fatah à Jénine – a décrit le terroriste tué comme un “membre senior” des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, qui a commis des centaines d’attentats meurtriers. contre les Israéliens depuis sa fondation en 2002.

Le père de Hazem a également pris la parole, louant les actions de son fils et promettant que “la victoire viendra bientôt, dans les prochains jours, vous verrez le changement“.

Diaa Hamarsheh – un homme de 27 ans du village de Yabad près de Jénine qui a perpétré l’attentat à l’arme à feu à Bnei Brak le 30 mars, tuant cinq personnes – était également lié à ces mêmes Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, qui a salué ses exactions au moyen d’un fusil d’assaut comme “un geste naturel”, en réponse aux « crimes de l’occupation ».

Par ailleurs, la déclaration de la branche du Fatah à Jénine n’a fait que trop peu de bruit dans sa réponse à l’attaque de Tel-Aviv :

« Le Fatah de Jénine informe notre puissant peuple palestinien et tous les amoureux de la liberté dans le monde des noces [célestes] du martyr vivant qui a mené l’opération héroïque à Tel-Aviv et Jaffa occupés, le  fidai [combattant qui se sacrifie] qui a jeûné [du fait du Ramadan]… le héros et dirigeant Ra’ad Fathi Hazem, [un membre de] la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa et du Fatah-Jénine », a annoncé le communiqué, traduit par l’Institut de recherche sur les médias du Moyen-Orient (MEMRI).

La même déclaration a poursuivi en vantant ls crimes de Hazem comme « le tonnerre du Fatah dans le ciel de la Palestine » qui a « ébranlé la fragile entité sioniste en son cœur ».

Pendant ce temps, les factions islamistes palestiniennes étaient tout aussi exubérantes après l’annonce de ces crimes terroristes, le Hamas ravivant la théorie du complot selon laquelle Israël a l’intention de prendre le contrôle du mont du Temple, où se trouve la mosquée Al Aqsa.

“Le terrorisme continu de l’occupation et ses crimes tentent de judaïser Jérusalem al Qods et d’accomplir des sacrifices dans la mosquée Al-Aqsa pour construire son soi-disant ‘Temple’ pendant ce qu’ils appellent ‘Pâque’ – contre elle se dressent le sang et les balles », a déclaré le Hamas dans un communiqué.

Yousef al-Hasayneh, un membre éminent du Jihad islamique palestinien (JIP), a quant à lui déclaré que « l’opération héroïque au cœur de Tel-Aviv confirme à quel point [Israël] est fragile, à quel point il est susceptible d’être brisé ».

Les hommes armés qui ont perpétré les attaques meurtrières à Bnei Brak le mois dernier et à Tel-Aviv  jeudi venaient de la région de Jénine.

L’Autorité palestinienne est violemment contestée et en train de perdre le contrôle de la zone autour de cette ville, face au groupe terroriste du Jihad islamique et des membres du Fatah, la faction palestinienne qu’il est encore censé ostensiblement diriger, mais qui prend ses ordres auprès de Barghouti et de ses représentants en liberté.

Vendredi, les troupes ont déjoué une tentative de contrebande d’un fusil d’assaut M16 et de munitions de la partie arabe de Judée-Samarie vers Israël près de la ville septentrionale de Tulkarem.

Les services de sécurité israéliens soupçonnent que d’autres personnes n’aient été au courant du plan de Hazem de mener une attaque terroriste et n’aient pas agi pour l’arrêter. Cependant, pour le moment, les responsables de la sécurité croient que Hazem aurait agi seul ou avec l’aide d’un individu ayant sa confiance, en utilisant un pistolet qu’il avait acquis de l’autre côté de la ligne verte dont il est originaire.

Joe Truzman, chercheur sur les affaires palestiniennes au sein du groupe de réflexion de la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), a également mis en doute les affirmations des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa  concernant Hazem.

« Il y a quelques indications qui commencent à émerger de l’affiliation de Hazem avec des groupes terroristes à Jénine. Cependant, je n’ai pas encore vu de preuve définitive d’appartenance à une organisation djihadiste établie », a déclaré Truzman sur Twitter.

« Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa pourraient utiliser l’attention que l’attaque a suscitée pour redorer leur blason », a déclaré Truzman.

Parallèlement, l’Etat-Major s’apprête à des incursions dévastatrices au cœur de la Casbah. Aviv Kohavi a déclaré qu’il pense que les problèmes de sécurité persisteront pendant de nombreux jours et a fait allusion à une opération à Jénine.

« Si nous devons de toute façon affronter les terroristes, je préfère que ce soit à Jénine », a déclaré Kohavi, selon la Treizième chaîne. La ville est située dans le nord de la Judée-Samarie disputée, près de la frontière avec Israël.

De premières percées ont eu lieu ce vendredi soir 08 avril jusque tôt dans la matinée du 9, avec plusieurs arrestations et des échauffourées à Jénine, contre le Jihad Islamique, qui ont fait au moins un mort et une quinzaine de blessés parmi les membres de la milice pro-iranienne…

Marc Brzustowski

 

 

 

 

 

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