Nouvelles frayeurs de l’Iran : des drones aux armes télécommandées, en passant par le sabotage

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Face à ses propres affirmations selon lesquelles il subit des sabotages, des attaques par des armes télécommandées et maintenant des drones, le régime iranien reste gravement préoccupé par sa sécurité intérieure.

Par SETH J. FRANTZMAN   24 JUIN 2021 17:10

   

Un drone est lancé lors d'un exercice de combat de drones à grande échelle de l'armée de la République islamique d'Iran, à Semnan, Iran, le 6 janvier 2021 (crédit photo : IRANIAN ARMY/WANA/REUTERS)

Un drone est lancé lors d’un exercice de combat de drones à grande échelle de l’armée de la République islamique d’Iran, à Semnan, en Iran, le 6 janvier 2021(Crédit photo : ARMÉE IRANIENNE/WANA/REUTERS)

Des  sources iraniennes ont déclaré mercredi qu’une installation à Karaj avait été ciblée par un drone de type quadricoptère. L’Iran dit avoir abattu le drone. La cible présumée était un complexe géré par l’Organisation de l’énergie atomique de Téhéran. Le Jerusalem Post a rapporté que le sabotage avait causé des dommages importantsLe New York Times a également rapporté que l’attaque visait la production de centrifugeuses.

Plusieurs aspects de cet incident sont intéressants. Premièrement, l’Iran a admis que cela s’était produit mais l’a minimisé ou a prétendu avoir déjoué l’attaque. Deuxièmement, il y a les rapports selon lesquels le site fabriquait des centrifugeuses avancées. Troisièmement, l’utilisation d’un drone – pas n’importe quel drone, un quadricoptère. L’utilisation d’un quadricoptère, qui a généralement une courte portée et peut rester en vol pendant une période relativement courte, a conduit des rapports à conclure que le drone a décollé de l’intérieur de l’Iran.  Alors que de nombreux quadricoptères populaires disponibles dans le commerce, comme le DJI Mavic, ne peuvent voler qu’une demi-heure environ et n’ont pas une longue portée, certaines entreprises ont atteint des portées plus longues en utilisant des hybrides gaz/électrique. Cependant, en général, les quadricoptères ne volent pas très loin, ne peuvent pas transporter beaucoup de charge utile, telle qu’une bombe, ils ne seraient donc pas très efficaces pour le sabotage ou les opérations destructrices majeures.

C’est pourquoi les militaires du monde entier, y compris l’Iran, ont opté pour des drones kamikazes, ou des munitions flâneuses, qui sont essentiellement un missile de croisière qui peut voler jusqu’à ce qu’il trouve sa cible et la détruise. Certains d’entre eux ont de longues portées. L’Iran a lancé plusieurs versions qu’il a exportées vers les Houthis au Yémen et que le Hamas a copiées et utilisées.  Donc, cela laisse ce rapport d’attaque avec de nombreuses questions en suspend sur les raisons pour lesquelles l’Iran admettrait qu’il a été harcelé par un drone ayant apparemment volé depuis l’intérieur du pays. Ce n’est pas la première fois que Téhéran admet que des armes « intéressantes » et « avancées » pourraient avoir été introduites en contrebande au sein même de la République islamique pour mener des attaques. En novembre 2020, selon un reportage de la BBC, l’Iran a déclaré qu’il « croyait qu’Israël et un groupe d’opposition en exil ont utilisé une arme télécommandée pour tirer sur le scientifique nucléaire Mohsen Fakhrizadeh ». L’Iran a également déclaré que son installation de Natanz avait été sabotée en avril 2021. Il a également affirmé que la même installation avait été endommagée par un sabotage en 2020. Téhéran semble admettre que bon nombre de ses installations nucléaires sensibles sont en danger et sont ciblées par des moyens de plus en plus complexes. La seule centrale nucléaire iranienne de Bushehr a également été fermée il y a plusieurs jours.  

Le pays semble incapable de se prémunir contre des menaces diverses et complexes. Bien qu’il ait prétendu arrêter la récente attaque de drones, on ne peut as affirmer avec certitude que le drone lui-même était l’arme principale utilisée. Les quadricoptères peuvent également être utilisés pour d’autres choses, telles que la surveillance. Le régime n’a pas encore montré de photos du quadricoptère – et on ne sait pas tout à fait comment il l’aurait abattu ou bloqué. L’Iran a augmenté ses investissements dans la défense aérienne et le radar. Cependant, les quadricoptères sont si petits qu’il n’a peut-être pas la capacité de les interdire. Face à ses propres affirmations selon lesquelles il subit des sabotages, des attaques par des armes télécommandées, et maintenant des drones, le régime iranien est gravement et prioritairement préoccupé par sa sécurité intérieure.

Le régime a exporté des attaques à l’étranger. Par exemple, il a envoyé des drones et des missiles balistiques en Irak à l’usage des milices pro-iraniennes. En février 2018, il a fait voler un drone dans l’espace aérien israélien depuis la base T-4 en Syrie, et il a été accusé d’être derrière un autre drone qui a survolé l’espace aérien israélien en mai, depuis l’Irak ou la Syrie. C’est le modus operandi iranien habituel : exporter les menaces. Admettre qu’il est de plus en plus confronté à des menaces internes doit servir à quelque chose pour le régime. Mettre en cause les drones et les armes complexes, qu’il ne présente pas aux médias, peut être préférable au fait d’admettre que ses installations sont endommagées par d’autres méthodes bien plus embarrassantes.

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