

Le 21 avril 2021, l’hebdomadaire « Valeurs Actuelles » a publié une tribune rédigée par des militaires français mettant en garde contre « les dangers mortels qui menacent la France ». Refusant de rester indifférents « au sort de notre beau pays », ils y ont dénoncé ce qu’ils nomment « le délitement de la France », c’est-à-dire la perte de cohésion du pays risquant de mener à sa désagrégation. En réalité, leur réflexion sur l’évolution de la société française conduit à s’interroger sur le point de savoir si la France n’est pas devenue une forme de Tour de Babel contemporaine, dont le sort pourrait être similaire à celui évoqué dans la Bible, si rien n’est entrepris.
Les soldats signataires de la tribune ont tout d’abord rappelé le symbole que représentent le drapeau tricolore, à savoir la « tradition de ceux…. qui ont servi la France et ont donné leur vie pour elle ». Sur ces drapeaux, figurent en lettre d’or les mots « Honneur et Patrie ». Aussi, entendent-ils à préserver leur honneur qui tient, « aujourd’hui… dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie ». Trois aspects de ce délitement y sont évoqués.
Dans le premier aspect, le délitement s’affiche dans un seul but : « créer sur notre sol un mal être voire une haine entre les communautés. Les soldats évoquent alors des personnes qui parlent de « racialisme », « d’indigénisme » et de « théories décoloniales » mais qui cherchent, en réalité, une guerre raciale. Selon ces soldats, ces personnes « méprisent notre pays, ses traditions et sa culture » et veulent le voir « se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire ».
Dans le second, le délitement, se produit « avec l’islamisme et les hordes de banlieues » qui entraînent « le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution». Or, pour eux «il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas ».
Dans le troisième, le délitement s’opère par la haine qui « prend le pas sur la fraternité lors de manifestations ». Ils rappellent qu’en marge des manifestations, « des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre ».
Les soldats ont alors dénoncé le phénomène de la violence qui « s’accroît de jour en jour » avant de poser la question de savoir si quelqu’un aurait pu prédire « qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ». Les soldats retraités indiquent alors ne pas souhaiter rester des « spectateurs passifs »… « Devant de tels agissements ».
Ils invitent donc les dirigeants français à « trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers », « en appliquant les lois qui existent déjà » car une « grande majorité des citoyens est excédée par les louvoiements » et les « silences coupables ».
Aussi, ont-ils expliqué vouloir soutenir les politiquesqui « prendront en considération la sauvegarde de la nation », évoquant la mission de « protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », et prédisant qu’à défaut, « La guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers ».
Ces propos ont suscité la condamnation de la Ministre des Armées, Florence Parly, qui considère« Ce sont des actions qui sont inacceptables », ou encore l’indignation de responsables politiques français. Pour sa part, Marine le Pen a indiqué « Comme citoyenne et comme femme politique, je souscris à vos analyses et partage votre affliction ».
Le phénomène de délitement dénoncé n’est peut être pas si éloigné des évènements qui se sont produits dans les neufs premiers versets du Chapitre XI de la Genèse, concernant la Tour de Babel. Dans cet épisode, les enfants des hommes étaient devenus orgueilleux, malveillants et animés d’un mauvais dessein. Plus précisément, Nemrod les avait encouragés à outrager et à mépriser D., en les persuadant qu’ils étaient seuls responsables de leur bonheur. Il leur avait suggéré de se détacher de la crainte de D. pour s’en remettre à sa propre puissance, avant de les assurer qu’il les défendrait contre une autre punition de divine (si D. voulait à nouveau inonder la terre) et qu’il vengerait la mort de leur père. Les hommes ont, en fait, imaginé pouvoir se passer de D.
Pour devenir l’égal de D., les hommes ont envisagé de bâtir une ville et de construire une tour « dont le sommet serait dans les cieux ». Le Seigneur en a été courroucé : « Ils sont un seul peuple, ils ont tous la même langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront ». D. a donc décidé « d’embrouiller les langues pour qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres ». De là, « le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre. Ils cessèrent donc de bâtir la ville ».
De la même manière, la société française contemporaine est parvenue à éliminer D. de sa sphère : le Législateur fait les Lois, le Gouvernement les fait appliquer et les Tribunaux sanctionnent leurs manquements. Par ailleurs, l’Etat français se charge de soigner (gratuitement) les personnes souffrantes et de redistribuer les richesses aux personnes nécessiteuses. Bien évidemment, et pour éviter toute concurrence, la laïcité est devenue le principe de base du contrat sociétal, progressivement transformée en athéisme. En somme, D. n’a plus vraiment d’utilité en France.
Pour autant, et comme l’Etat français ne répond plus aux personnes en recherche de spiritualité, ces dernières la trouvent en Islam où la transcendance d’Allah est au cœur du système de pensée et des émotions éprouvées. Les séparatistes islamistes proposent donc, un mécanisme de gouvernance alternatif au système français, prenant en considération la dimension d’Allah. Par ailleurs, ce que l’on appelle couramment « les gauchistes » (qui aspirent à un renversement du fonctionnement capitaliste) se sont trouvés un bon allié chez les islamistes : eux seuls sont en mesure de renverser le système, d’autant qu’avec la « démocratie », ce n’est plus le Ciel qui dicte les règles du jeu, c’est le nombre de personnes. Aussi, et pour détruire le mode sociétal français, il suffit qu’une majorité le décide.
En 2021, le délitement est peut être le moyen que D. a trouvé pour empêcher les hommes de créer une société parfaite qui se dispenserait de lui. En effet, le délitement de la société fraçaise la prive de cohésion et la coupe de ses racines judéo-chrétiennes historiques. Or, si la société française oublie ses racines, elle aura beaucoup de mal à trouver une direction pour l’avenir de ses enfants, et se délitera.
Les soldats retraités se sont montrés catastrophistes : si la France ne se ressaisit pas, elle risque de « sombrer dans la guerre civile » et risque de disparaître, autrement dit avec l’opposition de groupes humains dotés de conceptions antinomiques de la vie en société. Dès lors, nul besoin pour D. de mélanger les langages : les divergences de vues philosophique suffiront pour empêcher le projet sociétal français d’aller à son terme. En somme, la France pourrait bien devenir une Tour de Babel version 2021.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Texte de la tribune d’alerte des militaires
Lettre ouverte à nos gouvernants
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.
Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots “Honneur et Patrie”. Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.
– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.
– Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.
– Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.
Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements, des spectateurs passifs.
Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.
Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.
Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.
Rédacteur : Capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac
(Ancien officier de l’Armée de Terre et de la Gendarmerie, auteur de 9 ouvrages)
Source et liste des officiers signataires : Place d’armes