Questions en suspend : comment un missile de défense aérienne SA-5 tiré d’un point au sud de Damas a-t-il atteint la région de Dimona alors que sa portée extérieure est de 300 km? Comment expliquer les puissantes explosions qui ont secoué non seulement les villages bédouins à l’extérieur du centre nucléaire, mais qui ont réveillé les gens jusqu’à Kfar Yeruham, Jérusalem et Modiin? Le porte-parole militaire, après avoir examiné ces questions, a exclu la possibilité de tirs de missiles de la bande de Gaza, mais a admis que certaines des explosions mystérieuses pourraient avoir été causées par les propres missiles de la défense aérienne d’Israël en action contre l’intrus. Tsahal continue d’enquêter sur l’incident.
Dimona
Tsahal a bombardé la Syrie en réponse à un « tir de missile »
L’armée israélienne a annoncé avoir riposté à un « missile sol-air » syrien qui visait, selon elle, une installation nucléaire présumée secrète.
Publié le 22/04/2021 à 04h50 – Modifié le 22/04/2021 à 06h31
L’armée israélienne a annoncé tôt jeudi 22 avril au matin avoir mené des frappes sur la Syrie après un tir de missile depuis ce pays ayant atterri, selon elle, dans le désert du Néguev (sud) à proximité d’une installation nucléaire israélienne considérée secrète. « Un missile sol-air identifié comme provenant de la Syrie est tombé dans le Néguev. En représailles, il y a quelques minutes, l’armée israélienne a frappé la batterie depuis laquelle le missile a été lancé et d’autres batteries syriennes de missiles sol-air », a indiqué l’armée israélienne dans un bref message.
Selon l’agence officielle syrienne Sana, l’armée israélienne a lancé des missiles depuis le plateau du Golan « vers des positions dans les environs de Damas ». « Cette agression a causé des blessures à quatre soldats et causé quelques dégâts matériels », a ajouté l’agence syrienne, citant une source militaire locale. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les frappes israéliennes ont « détruit » des batteries de défense antiaériennes à Dmeir, une ville située à 40 km au nord-est de la capitale syrienne Damas, où seraient entreposées des armes appartenant à des milices pro-iraniennes.
Plus tôt dans la nuit, l’armée israélienne avait indiqué que les sirènes prévenant d’attaques potentielles avaient retenti près du village bédouin d’Abu Qrenat, situé à quelques kilomètres de la centrale de Dimona.
100 à 300 ogives nucléaires ?
Israël n’a jamais reconnu disposer d’un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers, s’appuyant en particulier sur le témoignage d’un traitre, le technicien nucléaire israélien Mordechai Vanunu, affirment que l’État hébreu dispose de 100 à 300 ogives nucléaires. Depuis le déclenchement en 2011 de la guerre en Syrie, l’État hébreu y a mené des centaines de frappes contre des positions du pouvoir syrien et de ses alliés, les troupes iraniennes et des combattants du Hezbollah libanais.
Israël dit ainsi chercher à éviter que son principal ennemi, l’Iran, parvienne à s’implanter en Syrie, pays limitrophe de l’État hébreu. Si l’armée israélienne a mené des centaines de frappes en Syrie, elle n’a que rarement reconnu publiquement ces frappes. Aussi, des tirs depuis la Syrie ont pour la plupart été interceptés par le bouclier antimissile israélien « Dôme de fer », sans se rendre jusque dans le Sud israélien, et à proximité d’installations stratégiques. Ce tir de missile depuis la Syrie intervient dans le cadre de vives tensions entre Israël et l’Iran qui a promis il y a dix jours de se « venger » après le sabotage de son usine d’enrichissement d’uranium de Natanz imputé à l’État hébreu.
Israël, ouvertement hostile à un retour à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 dont les États-Unis sous Trump s’étaient désengagés, n’a pas confirmé son implication dans le sabotage de Natanz, intervenu alors que des efforts diplomatiques ont lieu à Vienne pour remettre sur les rails l’accord sur le nucléaire iranien. Mais selon le New York Times, qui a cité des responsables requérant l’anonymat au sein des renseignements israéliens et américains, Israël a bien « joué un rôle » dans le sabotage de Natanz.
Une attaque de missiles au milieu de la nuit (2h), qui résume toutes les craintes d’Israël – analyse
Une vue de la centrale israélienne de Dimona dans le désert du Neguev (archives)
PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES / JACK GUEZ
L’atterrissage de missiles syriens près (à quelques kilomètres) de Dimona illustre à quel point cette bataille est dangereuse. S’il avait frappé à l’intérieur de l’enceinte du réacteur, les Israéliens se seraient réveillés à une réalité très différente.
Par SETH J. FRANTZMAN 22 AVRIL 2021 07:46
Vue de l’installation nucléaire israélienne dans le désert du Néguev à l’extérieur de Dimona(crédit photo: JIM HOLLANDER / POOL / REUTERS)
Les rapports de sirènes hurlantes près de la ville de Dimona et d’explosions dans le centre d’Israël représentent la somme de toutes les peurs avec lesquelles les gens se couchent et espèrent ne pas se réveiller.
Mais cela s’est produit tôt jeudi matin lorsqu’un missile syrien a atterri près de Dimona et qu’Israël a riposté en frappant en Syrie. Les premiers rapports sont sortis vers 2 heures du matin. Ils ont commencé par des nouvelles de sirènes dans le sud d’Israël et des rapports des médias étrangers selon lesquels ces sirènes se trouvaient à proximité du réacteur nucléaire secret d’Israël.
L’atterrissage de missiles syriens près de Dimona illustre à quel point cette bataille est dangereuse. S’il avait frappé à l’intérieur de l’enceinte du réacteur, les Israéliens se seraient réveillés à une réalité (apocalyptique) très différente. Il y a alors eu des reportages des médias iraniens sur les sirènes et une explosion en Israël qui pourraient être entendus aussi loin que la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem et Modi’in.
Des informations sur le site d’information arabe Shahab ont également indiqué que les communautés bédouines proches de Dimona avaient entendu des sirènes et des explosions. Celles-ci ont également été entendues dans les collines d’Hébron. Le nombre inhabituel de reportages et leur ampleur représentent un incident grave inhabituel. Cela vient dans la foulée des médias iraniens affirmant qu’une explosion dans le centre d’Israël il y a deux jours aurait pu être «délibérée».
C’est probablement un récit de propagande, mais elle va néanmoins de pair avec un autre reportage de Fars, sur l’Iran utilisant un drone pour surveiller un transporteur américain. Il y a quelques jours à peine, le journal Kayhan en Iran, lié au régime, a appelé l’Iran à viser Dimona, selon l’expert Yossi Mansharof.
Les médias iraniens avaient appelé à une «action» contre Dimona, affirmant qu’ils frapperaient une «installation nucléaire» israélienne en représailles à un incident survenu à l’installation d’enrichissement nucléaire iranienne de Natanz. Les dernières attaques majeures contre Israël depuis la Syrie ont inclus un drone lancé depuis la base T-4 en Syrie en février 2018 et une salve de roquettes en mai 2018.
En 2018 et 2019, l’Iran aurait déplacé des missiles balistiques en Irak. Il a également déplacé des munitions à guidage de précision vers l’Irak et la Syrie et armé le Hezbollah avec des roquettes à longue portée. En janvier, Newsweek a rapporté que l’Iran avait déplacé un drone au Yémen qui avait une portée de 2000 km pour frapper Israël. L’Iran a utilisé des drones pour frapper l’Arabie saoudite et a ciblé une base américaine en Irak en janvier 2020 avec des missiles balistiques de précision.
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