Israël: la Turquie espère que Netanyahu va perdre, et si ça n’arrivait pas?

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La Turquie a toujours le fantasme de jouer un grand rôle dans les affaires palestiniennes. Il veut faire progresser le Hamas en Cisjordanie et jouer un rôle capital à Jérusalem.

Par SETH J. FRANTZMAN   23 MARS 2021 11:26

Le président turc Tayyip Erdogan prend la parole lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion du cabinet à Ankara, Turquie, le 14 décembre 2020 (crédit photo: PRESIDENTIAL PRESS OFFICE / DOCUMENT VIA REUTERS)

Le président turc Tayyip Erdogan s’exprime lors d’une conférence de presse à la suite d’une réunion du cabinet à Ankara, en Turquie, le 14 décembre 2020 (crédit photo: PRESIDENTIAL PRESS OFFICE / DOCUMENT VIA REUTERS)

La Turquie a l’habitude de présenter un récit qui prévoit une réconciliation avec Israël, si le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait être remplacé

Ankara s’est ménagé de grands espoirs que cela arrive en 2019 et 2020, lorsqu’il est apparu que le parti Kakhol lavan de Benny Gantz pourrait sortir victorieux. Le message de la Turquie sur la «réconciliation» a toujours été unilatéral. Il voulait inciter Israël à abandonner les partenaires proches de Jérusalem à Athènes et à Nicosie.  L’année dernière, alors qu’Israël s’apprêtait à conclure un accord de gazoduc avec Chypre et la Grèce et cherchait à rejoindre le nouveau Forum du gaz de la Méditerranée orientale, la Turquie était sous tension. 

Si Ankara pouvait influencer quelques voix en Israël, il pourrait peut-être ralentir les liens émergents qu’Israël établissait. Mais la Turquie a été déçue et frustrée dans ses objectifs. Le parti AK au pouvoir en Turquie, celui de Recep Tayyip Erdogan, a été l’un des plus hostiles à Israël au monde. Accueillant des terroristes du Hamas et menaçant de rompre les relations avec les Émirats arabes unis à cause des nouveaux accords d’Abraham, il a cherché à isoler Israël. 

Netanyahu le sait bien et il a résisté à Erdogan à de nombreuses reprises.  La Turquie a toujours le fantasme de jouer un grand rôle dans les affaires palestiniennes. Il veut faire progresser le Hamas en Cisjordanie et jouer un rôle à Jérusalem. Il voulait même également dans le passé négocier un accord entre Israël et la Syrie. 

Beaucoup de choses ont changé à présent. Israël et la Turquie se sont rapidement éloignés l’un de l’autre sous Erdogan, en particulier après la guerre de 2009 et l’affaire Mavi Marmara.  Les élections d’aujourd’hui ne promettent pas grand-chose à engranger pour Ankara. La Turquie a, de nouveau, chanté la chanson de la réconciliation, mais surtout avec l’Égypte et l’Arabie saoudite. En décembre 2020, elle a cherché à nouveau à tenter d’influencer Israël, voyant le proche allié d’Ankara, Trump quitter ses fonctions, elle savait qu’elle serait isolée. 

Mais le choix d’Ankara pour un nouvel envoyé en Israël, proche d’Erdogan, a été rejeté et les ouvertures d’Ankara sont passées du sucre au sel alors qu’elle se détournait d’Israël pour tenter d’attirer l’Égypte et d’autres. Néanmoins, Ankara a atténué sa rhétorique et les dirigeants du Hamas n’ont pas eu l’occasion de parader sur un tapis rouge turc depuis l’été 2020.  On peut évaluer le manque d’intérêt d’Ankara pour les élections israéliennes cette fois-ci, par le manque de reportages présents dans ses médias d’État. Il n’y a pas d’articles d’analyse, pas d’opinion et pas de rapports approfondis. Il semble qu’il y ait un manque d’intérêt, car Ankara peut lire la carte électorale et n’attend plus grand-chose de la part d’Israël. 

Autrefois proche alliée, la Turquie est devenue très hostile ces dernières années. Cela a été alimenté par les méthodes autoritaires croissantes du gouvernement, fermant les médias critiques et emprisonnant les membres de l’opposition. La Turquie se considère comme un nouveau leader des pays islamiques et cherche à travailler en étroite collaboration avec le Qatar, le Hamas, la Malaisie, le Pakistan et d’autres. Elle s’oppose aux accords d’Abraham et s’est opposée à la normalisation avec Israël, même si la Turquie continue d’avoir des liens avec Israël.  

Les rêves d’Ankara de trouver un nouveau Premier ministre en Israël avec lequel il pourrait essayer une sorte de «réinitialisation» ont été déçus. On est bien loin de l’époque où Ankara rencontrait le régime syrien et parlait ensuite à Israël de ce qu’il avait appris. En janvier 2004, lorsque le président syrien Bashar al-Assad s’est rendu en Turquie, il semble qu’Ankara ait fait pression sur la Syrie sur diverses questions importantes pour Israël. Il a exhorté la Syrie à cesser de soutenir les groupes terroristes anti-israéliens et, selon des câbles diplomatiques étrangers, il a même soulevé la «question de la comptabilisation des citoyens (soldats) israéliens disparus et décédés en Syrie et au Liban». De telles discussions illustrent qu’il fut un temps où le régime d’Ankara était moins anti-israélien et jouait un rôle constructif dans la paix, plutôt que de chercher à saboter les relations d’Israël avec la Grèce et le Golfe.  

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