La Turquie cherche à cimenter l’alliance iranienne

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Ankara a effectué ces dernières années un angle à 180° pour travailler avec la Russie et l’Iran, l’administration Trump lui laissan-t la bride sur le cou, qui a travaillé en étroite collaboration avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Par SETH J. FRANTZMAN   30 JANVIER 2021 18h23

Le président turc Tayyip Erdogan prend la parole lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion du cabinet à Ankara, Turquie, le 14 décembre 2020 (crédit photo: PRESIDENTIAL PRESS OFFICE / DOCUMENT VIA REUTERS)

Le président turc Tayyip Erdogan s’exprime lors d’une conférence de presse à la suite d’une réunion du cabinet à Ankara, en Turquie, le 14 décembre 2020 (crédit photo: BUREAU DE PRESSE PRÉSIDENTIEL / DOCUMENT VIA REUTERS)

Signe de son désir croissant de travailler en étroite collaboration avec Téhéran contre les intérêts américains au Moyen-Orient, la Turquie a accueilli vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif à Ankara. La réunion a montré que la récente poussée de la Turquie en faveur de l’Azerbaïdjan pour combattre les Arméniens dans le Caucase se terminera probablement par la coopération d’Ankara, de Moscou et de Téhéran dans cette région pour la diviser et a répartir en sphères d’influence, comme en Syrie et en Libye.

Alimenté par le fait que l’administration Trump a travaillé en étroite collaboration avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, Ankara a effectué un virage, ces dernières années, pour s’engager avec la Russie et l’Iran.

Cela semble contre-intuitif, car Washington voulait travailler avec la Turquie et lui a même donné un plus grand rôle en Syrie. Mais l’objectif d’Ankara était d’utiliser le chèque en blanc qu’il avait obtenu de l’administration Trump pour s’éloigner de l’OTAN dans l’orbite de Moscou et de Téhéran, afin de partitionner des zones du Moyen-Orient et d’éloigner les États-Unis et l’UE.

La Turquie a une machine médiatique et un lobby pro-gouvernementaux bien huilés qui s’efforcent de raconter une histoire aux faucons anti-iraniens à Washington et une autre aux médias régionaux. Par exemple, la Turquie a façonné un discours médiatique selon lequel elle veut la réconciliation avec Israël et pourrait mettre de côté le Hamas, qui b3énéficie d’un tapis rouge à Ankara. En réalité, cependant, la Turquie et l’Iran soutiennent tous deux le Hamas, et la visite de Zarif à Ankara était symbolique de l’alliance Turquie-Iran.

Les médias turcs et iraniens, tous pro-gouvernementaux, ont annoncé la nouvelle ère des relations Turquie-Iran. Ankara a fait pression pour que Washington revienne à l’accord avec l’ Iran La Turquie a déclaré à l’administration Trump qu’elle était un rempart contre l’Iran et la Russie, mais secrètement, elle a toujours soutenu l’accord avec l’Iran et s’est opposée aux propos sévères de l’administration Trump sur Téhéran. Mais afin de recevoir un soutien fondamental du département d’État américain et d’hommes comme l’envoyé américain pour la Syrie, James Jeffrey, la Turquie était prête à prétendre qu’elle se souciait d’affronter l’Iran. Zarif a déclaré vendredi à Ankara que l’Iran et la Turquie avaient une position commune selon laquelle la stabilité ne serait rétablie dans la région que grâce à une «synergie».

« Zarif a fait ces remarques dans un message sur son compte Twitter officiel vendredi à la fin de sa visite en Turquie, où il a eu des entretiens « constructifs, amicaux et fructueux » avec Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, a noté Press TV en Iran.

La TURQUIE ET ​​la Russie ouvrent également un centre de coordination au Karabakh, la région arménienne que la Turquie a poussé l’Azerbaïdjan à reprendre en septembre. Cela illustre que la Russie et la Turquie travailleront désormais en étroite collaboration à Idlib en Syrie, en Libye et en Azerbaïdjan

Alors que les États-Unis et l’Italie semblent ralentir les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, la Turquie a acheté le système de défense aérienne russe S-400 et se rapproche de Moscou et de Téhéran dans le cadre d’accords clés. Les médias turcs ont également salué la «voie ferrée de la Nouvelle Route de la soie », une nouvelle ligne ferroviaire vers Bakou puis la Russie qui transportera des marchandises. 

La Turquie expédie également des marchandises par chemin de fer vers la Chine, rapporte Anadolu: «Bien que des trains aient déjà emprunté cette route vers la Chine, c’est la première fois que des exportations sont acheminées de la Turquie vers la Russie par chemin de fer, a souligné le ministre turc des Transports et des Infrastructures, Adil Karaismailoglu, lors d’un événement à la gare… Karaismailoglu a souligné l’importance pour la Turquie de l’initiative chinoise Belt and Road (Route de la Soie), qui vise à créer un réseau d’infrastructures de transport entre la Chine, l’Asie, l’Europe et le Moyen-Orient.

Les discussions avec Zarif et les rapports sur les liaisons ferroviaires montrent qu’un système d’alliance beaucoup plus vaste est en train de se développer. Il est basé sur la collaboration entre la Turquie, la Russie, la Chine et l’Iran. La Turquie et la Russie ont partitionné la Libye, la Syrie et le Caucase. 

L’Iran et la Turquie commenceront à travailler davantage de concert sur de nombreux dossiers. Les États-Unis se sont opposés à l’ingérence étrangère en Libye, où la Russie et la Turquie sont accusées de violer un embargo sur les armes. Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est entretenu par téléphone jeudi avec le chef de cabinet de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, Bjoern Seibert. Tout en discutant de l’alliance transatlantique entre les États-Unis et l’Europe, ils ont également «convenu de travailler ensemble sur des questions d’intérêt mutuel, notamment la Chine et la Turquie».

Cela montre que certains membres de l’administration américaine comprennent que la Turquie fait partie d’un réseau sino-russe d’États autoritaires. Cependant, la nouvelle administration américaine souhaite également s’engager davantage dans les pourparlers avec l’Iran.

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