Africains et Juifs, les deux péchés capitaux de l’extrême gauche décoloniale

Publié par

ALEXANDRE FEIGENBAUM

L’extrême gauche a intégré depuis longtemps les idées décoloniales. Depuis une quinzaine d’années l’extrême gauche décoloniale subit l’influence de l’islamisme.

Selon les intellectuels décoloniaux, nous vivons toujours avec la division qui s’est opérée au XVᵉ siècle entre les vies des Blancs, qui comptent et celles des esclaves noirs, qui ne comptent pas. Le sentiment de supériorité des Blancs puiserait ses racines dans le Code noir qui a réglementé la condition des esclaves noirs dans les îles françaises d’Amérique. Aujourd’hui, les noms de nos rues ou de nos places, les statues dans nos villes, l’enseignement scolaire, les films, les programmes à la télé, tout cela perpétuerait inconsciemment l’état colonial. En Europe, il y aurait des liens entre les différentes formes de racisme structurel : antisémitisme, racisme anti Noirs, anti-Arabes, islamophobie. Les populations des Territoires d’Outre-Mer sont restées dans un statut colonial[1]. Les gens de couleur seraient toujours victimes de ce racisme, aujourd’hui en France.

Les islamistes, eux, représentent la tendance djihadiste, appelée aussi islam radical ou islam politique. Citons deux versets du Coran, parmi des milliers d’autres, qui commandent de combattre et de soumettre les Chrétiens et les Juifs (les « gens du Livre » dans le Coran) ainsi que les mécréants :

« Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux, il y en a qui ont la foi, mais la plupart d’entre eux sont des pervers. [2] »

et

« Ô vous qui croyez, combattez ceux des mécréants qui sont près de vous ; et qu’ils trouvent de la dureté en vous. Et sachez qu’Allah est avec les pieux [3] ».

Dans les deux siècles qui ont suivi la mort du prophète, des juristes musulmans ont précisé comment il fallait traiter ces « gens du Livre » dans les territoires conquis par le djihad. S’ils refusent la conversion, ils sont soumis au statut de dhimmi, fait d’infériorité, de persécutions, d’humiliations, d’exploitation et d’extorsions, d’assassinats : un apartheid avant la lettre. Dans les pays non encore conquis, les islamistes tentent d’obliger des non-musulmans à se plier à la charia, à ne pas critiquer l’islam, à ne pas blasphémer ni caricaturer le prophète. La Ligue Islamique Mondiale a même publié un programme applicable dans les écoles publiques de pays non-musulmans pour tenir compte des besoins des enfants musulmans.[4]

Les indigènes de la République ont la mémoire courte

L’appel des Indigènes de la République en 2005 a mis sur la place publique un grand catalogue de doléances de personnes subissant le racisme, inspiré des études décoloniales. Mais les Indigènes ont aussi inséré, mélangés à d’autres, des thèmes islamistes, revendiquant pour l’islam la liberté de s’organiser comme bon lui semble, indépendamment de la loi française :

« Les mécanismes coloniaux de la gestion de l’islam sont remis à l’ordre du jour avec la constitution du Conseil français du Culte Musulman sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi anti-foulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. »

Des islamistes et des personnalités d’extrême gauche ont signé ce texte. Le cas de Clémentine Autain est intéressant : apprenant que Tariq Ramadan avait signé l’appel, elle avait retiré sa propre signature. À la même époque, Tariq Ramadan, proche des Frères Musulmans, expliquait son intérêt pour les Indigènes :

« vous ne serez plus jamais Sénégalais, Marocains, Algériens, Tunisiens, Égyptiens mais vous ne serez jamais Français donc vous êtes musulmans ».[5],[6]

Mais les indigènes pratiquent l’indignation sélective. D’une part, ils classent les Arabo-musulmans parmi les victimes du colonialisme (ils ont été colonisés aux XIXᵉ et XXᵉ siècles) et du racisme (qui frappe les migrants et les gens de couleur). Mais d’autre part, les Indigènes occultent totalement le colonialisme et l’esclavagisme pratiqué par les Arabo-musulmans eux-mêmes, et qui perdurent encore aujourd’hui. C’est pourtant sous la bannière du djihad que s’est opérée l’une des plus vastes conquêtes colonialistes et impérialistes de tous les temps : la conquête arabe de l’empire arabo-musulman. Daech a récemment montré en Irak ce que peut être la barbarie de ce colonialisme islamiste. Étonnamment, ni l’appel des Indigènes, ni les écrits des décoloniaux ne dénoncent ce colonialisme-là. L’extrême-gauche décoloniale s’accommoderait-elle du djihad, un projet qui semble populiste et colonialiste ?

La phrase suivante de l’appel est un petit chef d’œuvre de déni :

« Comme aux heures glorieuses de la colonisation, on tente d’opposer les Berbères aux Arabes, les Juifs aux « Arabo-musulmans » et aux Noirs. »

Les oppositions des Berbères aux Arabes et des Juifs aux Arabes ne renvoient pas à la colonisation française, comme le suggère ce texte, mais au colonialisme arabe. Les Arabes colonisèrent les Berbères à partir de 647 et tentent, aujourd’hui encore, de laminer leur langue et leur culture propres. Quant aux Juifs, c’est au contraire la France, puissance coloniale, qui les libéra du statut de dhimmi.

Les deux péchés ou amnésie sélective envers les Africains et les Juifs ?

En 2015, 10 ans après « l’appel », le Parti des Indigènes de la République (PIR) se félicitait du chemin parcouru : l’extrême gauche avait adopté la plupart de ses thèmes :

« islamophobie, Palestine, racisme d’État, crimes policiers, etc. Sans surprise, c’est la gauche radicale qui vient à nous. »[7],[8]

Le fait que, en 2015, Clémentine Autain ait relayé une invitation à un meeting avec Tariq Ramadan permet peut-être de mesurer le chemin parcouru en 10 ans par la gauche dans l’acceptation des islamistes.

Le PIR enrôle tous les peuples « en lutte » :

« nous sommes aux côtés de tous les peuples (de l’Afrique à la Palestine, de l’Irak à la Tchétchénie, des Caraïbes à l’Amérique latine…) qui luttent pour leur émancipation, contre toutes les formes de domination impérialiste, coloniale ou néocoloniale. »

Aux côtés de tous les peuples ? Toutes les formes de domination ? Vraiment ? Belle envolée lyrique, qui occulte la colonisation à grande échelle par les Arabo-musulmans des Africains et des dhimmis. L’extrême gauche semble prendre cela à son compte, mais ce sont là ses deux péchés majeurs.

Les Africains : Les Indigènes et les décoloniaux « oublient » les millions (entre 8 et 17 millions selon les sources) d’Africains déportés dans des conditions inhumaines par les marchands arabes. Les hommes castrés, ce qui explique le faible nombre de survivants. Même convertis à l’islam, devenus « esclaves croyants », ils restaient esclaves.[9]

« La traite « orientale » où le nombre de captifs et le taux de mortalité dans les caravanes atteignent, selon les historiens, des taux plus élevés que ceux de la traite atlantique. »

Mais les idéologues décoloniaux n’en parlent quasiment pas. L’historien Olivier Pétré Grenouilleau analyse ce déni de la traite orientale[10] :

Ce déni s’explique par des raccourcis idéologiques dépassés : la « solidarité » affichée entre pays d’Afrique noire parfois musulmans et monde musulman… Ce qui frappe, outre l’ampleur de ce commerce, c’est son exceptionnelle longévité : treize siècles, sans interruption.… L’esclavage était alors une institution bien établie, et la constitution d’un vaste empire musulman ne pouvait qu’accroître les besoins en main-d’œuvre.… Il se produisit une progressive dévalorisation de l’image des Noirs, assimilés à la figure de l’esclave. Cette dévalorisation servit objectivement à légitimer la traite dont les sociétés esclavagistes avaient besoin.

Pour cela, on eut recours à des arguments à la fois racistes et religieux. On prétendait que l’insuffisante organisation de leur cerveau faisait d’eux des êtres naturellement gais, d’autant plus propres à être mis au travail forcé. On utilisa la légende biblique de Cham, pourtant dénuée à l’origine de tout préjugé de couleur, pour prétendre que les Noirs descendaient de Cham, dont la descendance avait été maudite par son père Noé.… Au XVᵉ siècle, pour Al-Wansharisi, juriste marocain rompu à la casuistique, peu importait que les captifs se soient convertis à l’islam : l’esclavage était une « humiliation » due à l’incroyance « présente ou passée ».

Christiane Taubira a réagi… en stigmatisant l’historien lanceur d’alerte : elle refusait l’évocation de la traite négrière arabo-musulmane pour que, dans les banlieues françaises,

les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ».[11]

Il faut aussi mentionner « la pression des représentants du monde arabe et des États africains ». Le résultat est que, non seulement les décoloniaux donnent l’absolution aux Arabo-musulmans pour la traite, mais en plus ils les qualifient de « victimes » du racisme. Un tour de force idéologique.

Les Juifs : Les Juifs, blancs ou noirs, n’ont jamais participé ni contribué aux traites négrières.[12] Cela ne suffit pas aux Indigènes qui leur proposent de se débarrasser de leur blanchité et de rentrer dans la chaleureuse famille des victimes… s’ils abandonnent Israël.

En 1854, dans le New York Daily Tribune, Karl Marx écrivait que

« rien n’égale la misère et les souffrances des Juifs de Jérusalem, objet constant de l’intolérance et de l’oppression des Musulmans. »

Le vice-consul britannique rapportait en 1833 qu’un Juif dans la cité sainte « n’est pas estimé davantage qu’un chien ». Des témoignages sur la condition de Juifs dans les pays islamisés ont été compilés notamment par Bat Ye’or[13] et par Gorges Bensoussan.[14] Morceaux choisis[15] :

  • Un Juif supplicié à mort sans jugement sur décision du Tribunal (BY, Le Caire, 1820) ;
  • Un instituteur se demandant si la condition de la bête esclave, mais nourrie, n’est pas plus douce que celle des Juifs (GB Bagdad, 1907, p. 68) ;
  • La misère, la faim, l’alcoolisme, la prostitution (GB, Yémen, 1901, p. 78) ;
  • Locaux insalubres, saleté (GB Irak, 1912, p. 82) ;
  • Des enfants musulmans s’amusant à frapper des enfants juifs sans que ceux-ci aient le droit de faire le plus léger acte de défense (GB 1803, Maroc, p. 85) ;
  • On recense près de 9 000 indigents sur les 10 000 âmes que compte la communauté juive (GB, 1899, Tripoli, p. 48) ;
  • Les quatre cinquièmes des enfants scolarisés à̀ l’Alliance Israélite Universelle [créée pour venir en aide aux Juifs miséreux des pays islamisés] heureux de trouver à la cantine scolaire un morceau de pain frais et une soupe chaude, leur seul repas de la journée (GB 1936, Maroc, p. 53) ;
  • Juifs massacrés, femmes violées, vendues, enfants kidnappés, vendus (GB 1894, Maroc, p. 109) etc, etc sur des centaines de pages.

Alexandre Feigenbaum, MABATIM.INFO
Président de Dhimmi Watch (https://dhimmi.watch/)

Pour en savoir plus, voir :
https://dhimmi.watch/2021/02/24/gauchistes-cherchent-islamistes-pour-alliances-plus-si-affinites/

Lire la suite sur : mabatim.info

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