L’Iran trouve une lucarne au Sahel pour fournir des armes au Mali, supplantant les opérations Serval et Barkane.

La France, en délicatesse en Afrique, n’a pas pu les maintenir, face à l’insistance malienne pour que les troupes françaises partent au bout de 9 ans.

Troupes Françaises de Barkane dans le nord du Mali, avant leur retrait

L’État terroriste islamiste se prépare à propager sa présence en Afrique de l’Ouest et au Sahel, dans un complexe d’alliances troubles avec l’Algérie, la Russie et des groupes comme le Front Polisario.

L’objectif de l’Iran est d’étendre son influence à davantage de pays d’Afrique.

Le ministre de la Défense du Mali était en Iran cette semaine pour des réunions qui pourraient se solder par l’envoi d’armes au Mali en Afrique du Nord. Le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, a eu des entretiens avec le ministre iranien de la Défense, Mohammad Reza Ashtiani.

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Selon le média pro-régime Tasnim : “le ministre de la Défense iranien a exprimé la volonté iranienne de fournir au Mali des équipements militaires et des expériences dans la lutte contre le terrorisme”. Ashtiani a déclaré que l’Iran était prêt à partager des équipements, des expériences et des capacités de formation avec le Mali.

« La République islamique d’Iran ne ménagera aucun effort pour renforcer la puissance des défenses du Mali contre les menaces posées par les groupes terroristes », a ajouté le général iranien qui est également ministre de la Défense. L’Iran a également déclaré que les gouvernements occidentaux s’ingéraient en Afrique et que la présence de l’Occident dans ces régions était une continuation de l’héritage des politiques « coloniales ». L’Iran a accusé l’Occident d’avoir créé l’instabilité.

Prendre l’Occident, qui sonne la retraite, à revers

“Bien que les Occidentaux prétendent hypocritement rechercher la sécurité en Afrique, l’histoire montre qu’ils propagent le terrorisme pour justifier leur présence dans la région et leur ingérence dans les affaires intérieures d’États indépendants, comme le Mali”, a ajouté Ashtiani. L’Iran a également félicité le Mali pour son soutien à « la Palestine et son peuple ».

De toute évidence, l’objectif de l’Iran dans ce cas est d’étendre son influence à davantage de pays d’Afrique. L’Iran est déjà présent, par le biais du Hezbollah et d’autres influenceurs, dans certains pays d’Afrique de l’Ouest.

L’objectif du Mali dans les contacts avec l’Iran n’était pas clair. Tasnim a déclaré que “pour sa part, Camara a déclaré que le Mali souhaitait tirer parti des expériences de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme et de son initiative pour l’engagement du peuple et des forces volontaires pour assurer la sécurité”. Cela concerne les milices anti-émeutes comme les Bassidjis, entraînées à réprimer les soulèvements du peuple iranien, notamment les femmes iraniennes.

Photo d’archive non datée publiée par l’armée française montre trois mercenaires russes, à droite, dans le nord du Mali

Les rôles de l’Iran et de la Russie en Afrique

Le rôle de l’Iran et de la Russie dans certaines parties de l’Afrique est à l’honneur ces dernières années. La Russie a envoyé des entrepreneurs en Afrique, sous le couvert des milices Wagner ou d’autres groupes, pour mener des opérations et soutenir les gouvernements. Cela survient alors que la France, les États-Unis et d’autres ont continué à soutenir certains pays dans des conflits contre des extrémistes. Il y a une menace croissante d’instabilité et d’extrémisme dans tout le Sahel.

Coups d’États répétitifs

De plus, on relève des attentats terroristes en Afrique de l’Ouest et il y a des conflits en République centrafricaine et dans d’autres régions. En 2017, des forces spéciales américaines ont subi des pertes au Niger dans une bataille avec des extrémistes. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken était au Niger en mars. Un article d’Al-Jazeera notait qu’il s’y était rendu après les coups d’État au Burkina Faso en 2022 et au Mali en 2021.

Le groupe Wagner partout en éclaireur russe

Un article d’ Atalayar à Madrid notait en 2022 « un mois après le départ officiel des troupes françaises du Mali, le pays continue de se préparer à la nouvelle phase de transition du pouvoir dans un climat hostile, menacé par les attaques des groupes djihadistes. Profitant du vide de pouvoir et de sécurité laissé par les troupes françaises, la Russie et son groupe paramilitaire Wagner continuent de combler progressivement les vides laissés par le retrait de l’Occident. En effet, les menaces persistantes contre le Mali, ainsi que la progression du terrorisme dans la région du Sahel, offrent à Moscou l’occasion de se montrer comme le fournisseur et le soutien de la sécurité du pays africain et d’étendre ainsi son influence.

Valises diplomatiques iraniennes en Afrique

Un article de mars 2023 dans Arab News a également récemment noté le rôle accru de l’Iran en Afrique. « La politique étrangère iranienne envers les États africains connaît une forte augmentation de son activité et de sa portée. Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian s’est rendu au Mali et en Tanzanie l’année dernière et en Mauritanie cette année, ouvrant de nouvelles lignes d’opportunités diplomatiques et maritimes/commerciales.

Les armes se mêlent à de telles activités, comme on l’a vu à l’époque où l’Iran avait des usines d’armement au Soudan sous Omar El Bashir.

Le 25 mai, Voice Of America a également rapporté que les États-Unis avaient imposé des sanctions au chef de Wagner au Mali. Dans ce rapport, il a déclaré que la Russie tentait en fait d’acquérir du matériel militaire à utiliser dans sa guerre en Ukraine. La Russie et l’Iran sont des partenaires proches. Ils ont travaillé ensemble sur divers programmes de défense et l’Iran a fourni à la Russie des drones armés utilisés pour terroriser l’Ukraine.

Les relations entre la Russie et l’Iran

La relation russo-iranienne peut expliquer le partenariat malien. Si la Russie doit réduire ses forces, l’Iran peut combler les vides. Cela se produit également en Syrie. La Russie pourrait déplacer certains actifs hors de Syrie, mais les milices soutenues par l’Iran sont prêtes à s’engouffrer dans la brèche.

En 2021, un rapport d’Al-Jazeera indiquait que la Russie avait fourni au Mali plusieurs hélicoptères. “Le ministre de la Défense par intérim, Sadio Camara, a déclaré jeudi soir que le Mali avait acquis l’avion dans le cadre d’un contrat conclu en décembre 2020 pour soutenir ses forces armées dans leur combat – aux côtés des troupes françaises, européennes et des Nations Unies – avec des combattants liés à l’EIIL (Daesh) et al – Qaïda. Camara est ce même fonctionnaire qui était en Iran récemment.

Le Maroc dénonce la déstabilisation iranienne en Afrique

Un autre article d’Al-Mashareq a également détaillé l’implication croissante de l’Iran en Afrique. Il a noté que l’Iran avait fourni des drones et des armes à l’Éthiopie et à la Somalie.

L’article notait également qu’en 2022 “le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a accusé l’Iran de travailler par le biais d’intermédiaires pour déstabiliser l’Afrique du Nord et de l’Ouest“. Le Mali est considéré comme l’une des têtes de pont de l’Iran en Afrique.

L’Afrique “centre le résistance” islamique ?

“L’Iran a une présence de soft power au Mali depuis plusieurs années, représentée par des institutions culturelles et sanitaires telles que le Croissant-Rouge iranien”, note le reportage. Il a également souligné que le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, s’était rendu au Mali.

Le président iranien Ebrahim Raisi avait également salué l’Afrique comme un centre de “résistance”, ce qui signifie que l’Iran veut rallier les pays africains à ses causes.

Fort investissement iranien en Gambie (Yahya Jammeh)

Le rôle de l’Iran en Afrique ne cadre pas avec la menace extrémiste incarnée par des groupes comme Boko Haram ou d’autres groupes djihadistes. Cela signifie que l’objectif de l’Iran est généralement de travailler avec les gouvernements. Par exemple, le Hezbollah a utilisé des financiers en Afrique de l’Ouest pour gagner de l’influence auprès de l’ancien dirigeant de la Gambie, Yahya Jammeh, qui a fait de son pays une république islamique, au cours de son règne provisoire.

Dans le passé, l’Iran a été maladroit dans son approche de l’Afrique. L’Iran était autrefois un investisseur majeur en Gambie, et le président iranien Mahmud Ahmadinejad s’est rendu dans le pays en 2006 et 2009.

Mais ensuite, le Nigeria a intercepté une cargaison d’armes iraniennes et le Nigeria a signalé l’incident au Conseil de sécurité de l’ONU. L’Iran a été accusé d’avoir caché de l’héroïne dans les parties d’un moteur, selon un article de Radio Free Europe en 2010.

Aujourd’hui, il semble que l’Iran ait plus de succès en Afrique et cela aura des ramifications majeures pour le rôle de l’Occident et pourrait également menacer l’Europe et Israël.

Le Sahel fortement déstabilisé

On pense que l’instabilité au Sahel pourrait s’étendre. Le HCR a récemment déclaré que « le conflit dans le Sahel africain continue de s’aggraver, sans interruption, lors de la pandémie. Cette dernière vague de déplacement dans la région – qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger – a poussé le nombre total de personnes forcées de fuir à l’intérieur de leur propre pays dans la région à plus de 2,6 millions. L’implication de l’Iran n’est pas susceptible d’aider à résoudre cette série croissante de conflits.