Bons baisers de France, Michèle Mazel

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Quelle belle image que celle du président français fraîchement élu – dans les deux sens du mot – Emmanuel Macron, embrassant chaleureusement son vieil ami Yair Lapid, premier ministre intérimaire d’Israël venu lui accorder sa première visite à l’étranger.

Malgré leurs titres et leurs hautes fonctions, ni l’un ni l’autre ne disposent d’assez de voix dans leurs parlements respectifs pour avoir les mains libres et mener la politique de leur choix.

Qu’importe.

En tout état de cause, chacun d’entre eux voudrait promouvoir un agenda qui ne convient pas à l’autre. Yair Lapid a beaucoup parlé de l’Iran et du Hezbollah, contre lesquels il souhaiterait des actions concrètes et fortes. Emmanuel Macron appelle de ses vœux un retour au JCPOA, l’accord sur le nucléaire iranien dénoncé par Donald Trump, ainsi que l’abandon des sanctions imposées à Téhéran et qui pénalisent les intérêts économiques de la France.

Par ailleurs, il s’intéresse particulièrement au Liban, ancienne chasse gardée de la France, et a montré par le passé qu’il n’excluait pas de dialoguer, voire de coopérer avec cette organisation terroriste qu’est le Hezbollah.

Il y aurait en principe un point de convergence entre les deux leaders sur la nécessité de relancer le processus de paix ; Yair Lapid l’a sous-entendu dans son premier discours.

Seulement, Mahmoud Abbas – dont le mandat de président est depuis longtemps périmé et qui se garde bien de procéder à de nouvelles élections – continue à tirer à boulets rouges contre le voisin israélien et se trouvait justement, en marge de la rencontre de Paris, en visite à Alger pour une rencontre remarquée avec Ismail Hanniyeh qui, lui, ne fait pas mystère de sa volonté de détruire « l’entité sioniste. »

Pouvons-nous, au moins, nous réjouir de cette bonne entente entre Macron et Lapid et de cette affirmation du président Français « Vous avez un ami en France ! » ?.

Hélas, difficile de la prendre pour argent comptant. Au cours de son premier quinquennat, Emmanuel Macron, qui disposait d’une confortable majorité au parlement, n’a pas vraiment agi « en ami » d’Israël.

La France a voté avec une regrettable constance une série de résolutions d’institutions relevant des Nations Unes condamnant Israël.

Elle a laissé passer à l’UNESCO – quand elle ne les soutenait pas- une série de votes déniant tout lien entre Israël et la Terre d’Israël, entre le Peuple Juif et les hauts lieux du judaïsme – Mont du Temple, Mur des Lamentations, Hébron.

Un ministre français n’a pas hésité à évoquer « les risques d’Apartheid » en Israël. La France se refuse toujours à reconnaître que Jérusalem, y compris la Jérusalem Ouest – se trouve en Israël.

Ce deuxième quinquennat verra-t-il l’amorce d’un changement ? On voudrait bien y croire , mais avec l’entrée en force à l’Assemblée nationale de la NUPES, avec ses éléments qui affirment haut et fort leur hostilité à l’état hébreu, cela parait douteux.

Alors, une rencontre pour rien ? Au fond, elle a dû déplaire à tant de gens – des dirigeants palestiniens aux membres de la NUPES,  justement, que l’on peut s’en réjouir sans se faire trop d’illusions.

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique.
Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède.

Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

Pour : israelmagazine.co.il

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