Moyen-Orient : le temps des miracles, Michèle Mazel

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L’été 2022 sera-t-il celui de toutes les surprises ? On vient de voir s’afficher sur les écrans l’étonnante, pour ne pas dire l’incroyable, image du président turc Recep Erdogan recevant le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman à Ankara et l’embrassant cordialement sinon chaleureusement.

Alors disparu l’antagonisme entre ces deux pays dont l’un soutien le Qatar et les Frères Musulmans, ennemis jurés de l’autre ?

Oublié aussi Jamal Khashoggi, ce journaliste du New York Times assassiné dans d’atroces conditions dans les locaux du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul alors que sa fiancée au volant de sa voiture dans le parking du consulat, attendait vainement son retour ?

Naguère encore pourtant, les Turcs accusaient l’homme fort du royaume saoudien d’avoir commandité l’assassinat de cet opposant et réclamaient l’extradition des agents saoudiens ayant perpétré cet outrage.

Seulement les temps ont changé et la situation de la Turquie, qui connaîtrait une inflation de près de 70% aussi. Ankara a quelques problèmes que l’argent saoudien pourrait résoudre.

Alors cette vieille affaire qui date de bientôt quatre ans a disparu sous les sables du désert.

D’ailleurs, le président Erdogan avait fait le premier pas en se rendant à Ryad pour rencontrer le roi Salma, Bin Abdul Aziz – et son fils, le prince héritier. Et puis au fond, Erdogan ne faisait qu’anticiper la voie que s’apprête à emprunter   un autre président, celui des États-Unis. Joe Biden ,qui n’avait pas ménagé ses critiques à l’égard de Mohammed Ben Salman et avait envisagé de le frapper de lourdes sanctions, n’a-t-il pas l’intention de faire escale à Riyadh dans une dizaine de jours pour saluer l’amitié indéfectible entre les deux pays ?

Gageons que s’il n’embrassera pas MBS, une coutume qui n’est pas dans les mœurs américaines, il lui serrera la main avec toutes les apparences de la sincérité.

En cette période de grande tension internationale, les besoins en pétrole explosent et il serait utile de voir la production de pétrole saoudienne s’accroître ; utile aussi de renforcer la coalition des pays sunnites pragmatiques face à l’intransigeance de l’Iran.

Joe Biden est prêt à ce petit sacrifice pour le plus grand bonheur de son peuple. Il y a, d’ailleurs, d’illustres précédents historiques : le protestant Henri de Navarre ne s’est-il pas converti au catholicisme pour devenir roi de France ? Avant lui, l’Empereur d’Allemagne n’était-il pas allé à Canossa ?

Quant au reste des dirigeants du monde dit libre, qui avaient en temps réel fustigé le prince saoudien, réclamant sa mise au ban des nations et, pourquoi pas, souhaitant le voir poursuivre en justice, il y a longtemps qu’ils ont passé l’éponge.

Mohammed Ben Salman est le bienvenu dans toutes les capitales et est particulièrement entouré dans les grandes réunions internationales.

Il faut accepter la réalité, diraient sans doute ces dirigeants, si quelqu’un avait l’impolitesse de leur poser la question.  Comme ils ont accepté une autre réalité : celle de voir la Corée du Nord assumer la présidence de la Conférence des Nations Unies sur le désarmement nucléaire.

Elle avait pourtant été accusée d’avoir testé un missile balistique intercontinental, qui est interdit par le Conseil de sécurité de l’ONU…

Photo diffusée le 15 janvier 2021 par l'agence nord-coréenne Kcna du leader nord-coréen Kim Jong Un assistant à une parade militaire, le 14 janvier 2021 à Pyongyang

Photo diffusée le 15 janvier 2021 par l’agence nord-coréenne Kcna du leader nord-coréen Kim Jong Un assistant à une parade militaire, le 14 janvier 2021 à Pyongyang. afp.com/-

 

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