N’excluez pas le motif antisémite dans l’enquête sur le meurtre brutal de René Hadjaj

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C’est l’exigence de la communauté juive de France, après ce nouveau meurtre qui a tout d’un mauvais remake de la lente et douloureuse “Affaire Sarah Halimi”, classée sans suite par une “Justice” française bancale, perdant toute crédibilité.

 
 

Un Juif de 89 ans, René Hadjadj, a été poussé du 17e étage d’un immeuble à la Duchère, à Lyon, en France. Photo : Twitter

La communauté juive de France appelle les autorités de la ville de Lyon à retenir la possibilité d’un mobile antisémite dans l’enquête sur le meurtre effrayant d’un Juif de 89 ans, mardi dernier 17 mai.

René Hadjaj a été poussé depuis le balcon du 17e étage de l’immeuble qu’il habitait, rue du Plateau, dans le quartier de la Duchère à Lyon (9ᵉ arrondissement). Le meurtre de Hadjaj a rappelé le sort similaire subi, en avril 2017, par Sarah Halimi, une femme juive qui a été battue et torturée dans son appartement par un intrus islamiste, qui l’a ensuite éjectée de sa fenêtre du troisième étage. L’agresseur accusé, Kobili Traoré, a été dispensé de procès en avril 2021, au motif qu’il ne pouvait être tenu pénalement responsable, car sa consommation de marijuana la nuit du meurtre de Sarah Halimi l’avait rendu “temporairement fou”.

La police a arrêté un homme de 51 ans en lien avec le meurtre de Hadjaj, décrit comme un homme doux qui était connu sous le nom de “Tonton René” (“Oncle René”) et vivait dans le quartier de la Duchère depuis plus de 20 ans. Cependant, des détails critiques sur le crime n’ont pas encore été rendus publics – parmi lesquels comment se fait-il qu’Hadjaj, dont l’appartement était situé au deuxième étage, a fini par être poussé depuis le 17e étage ?

Le tueur, dont le nom circule, était connu des services de police et réputé agressif et menaçant par ses voisins.

Le média local Le Progrès a rapporté que la police de Lyon avait examiné puis écarté la possibilité d’un motif antisémite, affirmant que le meurtre était le résultat d’une dispute entre voisins. Comme dans toutes les affaires d’omerta, on ne cite jamais le nom du meurtrier accusé et aucun détail biographique n’est publié à son sujet. Dans ces circonstances opaques, le BNCVA – un organisme de surveillance de l’antisémitisme basé à Paris – a confirmé que Hadjaj connaissait l’homme et que c’est un musulman d’origine arabe.

Dans un communiqué, la section lyonnaise du Crif – l’organisation coordinatrice représentant les Juifs de France – a déclaré qu’elle porterait une attention particulière “au bon déroulement de l’enquête et qu’elle fait confiance aux autorités policières et judiciaires pour s’assurer que le désastre judiciaire dans l’affaire Sarah Halimi ne ne se reproduise pas. 

Le communiqué ajoute que “dans l’attente d’informations complémentaires et à la demande expresse de la famille dont le deuil doit être respecté, aucune conclusion hâtive ne doit être tirée ou diffusée en l’état”.

Francis Kalifat, président du Crif, a exhorté sur Twitter à ce que l’enquête policière sur la mort de Hadjaj soit “la plus complète possible et que le caractère aggravant de l’antisémitisme soit conservé même s’il est retiré par la suite”.

Dans un éditorial percutant, le journal juif français Tribune Juive a demandé avec insistance comment « la police, après avoir arrêté le meurtrier… aurait pu déclarer dans les heures qui ont suivi qu’il n’y avait pas de mobile antisémite ?

Le journal poursuit : « Pourquoi cache-t-on l’identité du meurtrier placé en détention provisoire ? Pourquoi le parquet, le juge d’instruction et le préfet sont-ils restés silencieux, ou en tout cas, n’ont pas tenus de conférence de presse, alors que ce meurtre sort de l’ordinaire et est particulièrement odieux compte tenu des circonstances et de l’âge de la victime ?

La montée de l’antisémitisme violent en France au cours des 20 dernières années s’est accompagnée de plusieurs cas de Juifs retenus captifs et battus chez eux par des intrus antisémites. Un an après le meurtre de Sarah Halimi, Mireille Knoll , 85 ans , rescapée de la Shoah, a été poignardée et brûlée vive par deux hommes, dont l’un qu’elle connaissait depuis l’enfance, tandis qu’en septembre 2017, trois membres de la famille Pinto ont été victimes d’une agression brutale et d’un vol par un gang antisémite qui a fait irruption dans leur domicile parisien.

En début de cette année, la communauté juive de Paris a été stupéfaite par la mort de Jérémy Cohen, 31 ans, le 16 février 2022, qui a été mortellement heurté par un tramway en mouvement dans la banlieue parisienne de Bobigny alors qu’il fuyait l’agression d’un gang. La mère de Cohen a ensuite appelé à la « prudence » quant au fait d’attribuer un motif antisémite à l’attaque contre son fils, dont la kippa, qui aurait pu l’identifier comme juif, a été découverte sur les lieux.

Par ailleurs, une étude publiée en janvier par l’American Jewish Committee (AJC) et le groupe de réflexion Fondapol, basé à Paris, a révélé que la grande majorité des Juifs français – 74 % – avaient connu une forme de “comportement antisémite au cours de leur vie, par moquerie ou des agressions physiques, des insultes ou des menaces verbales ».

L’étude a révélé un accord commun sur le fait que l’antisémitisme en France est sur une trajectoire ascendante, avec 64 % des répondants non juifs et 73 % des répondants juifs reconnaissant la forte augmentation des préjugés ciblant les juifs au cours de la dernière décennie.

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