Le 6 mai 2022, le Ministère de la Défense a annoncé la construction de 1452 unités de logement en zone C de Cisjordanie (sous contrôle civil et administratif israélien en vertu des accords israélo- palestiniens d’Oslo de 1993). Par ailleurs, le Ministre de la Défense, Benny Gantz, doit, le 12 mai 2022, approuver celle de 2536 autres unités. Ces décisions sont présentées comme étant une réponse au meurtre de trois Israéliens (outre 4 blessés), commis par deux Palestiniens dans la ville d’Elad, le jour du 74ᵉ anniversaire de l’Etat juif. En félicitant le meurtre de juifs, le Hamas et le Jihad Islamique ont, une nouvelle fois, démontré en quoi la destruction d’Israël constituait bien la sève identitaire palestinienne. Israël doit donc poursuivre sa vocation historique, à savoir peupler les zones désertiques de Judée Samarie, en dépit du comportement assassin des Palestiniens (dont ils ne se départiront jamais).
Les partis politiques de la droite israélienne ont, naturellement, encouragé la multiplication des implantations juives en zone C, dans la mesure où toute recherche de paix avec les Palestiniens est définitivement illusoire.
Pour le parti Tikva Hadacha (membre de la coalition), le renforcement des implantations juives en Cisjordanie est plus crucial que jamais : « la convocation du Conseil supérieur de planification est devenue fondamentale. Les ennemis d’Israël doivent savoir que le peuple d’Israël est déterminé à renforcer les implantations juives, le plus largement possible, en particulier en Judée et en Samarie ».
De même, le député Yamina Nir Orbach, (du parti du Premier ministre Naftali Bennett) s’est exprimé en ces termes : « Je félicite le ministre de la Défense et le Premier Ministre d’avoir répondu à ma demande et d’avoir convoqué l’Assemblée générale. De même, et autour de Gaza, « nous continuerons à travailler pour multiplier les implantations. Elles sont, à l’échelle d’Israël, plus fortes et plus sûres ».
Bien évidemment, la gauche israélienne ne partage pas cet avis. Mossi Raz, du parti Meretz, a répondu à Orbach de la manière suivante :
« Approuver la construction de plus de 3 000 unités dans les implantations des territoires occupés est immoral et préjudiciable aux futurs citoyens d’Israël ».
Effectivement, la gauche israélienne fait systématiquement sienne, la thèse des ennemis d’Israël au regard de la soi-disant « illégalité de l’occupation des territoires palestiniens » (alors même que les territoires ne sont ni palestiniens ni occupés).
Le principe de la multiplication des implantations juives en Judée Samarie est toutefois bien ancré dans la politique territoriale israélienne. D’ailleurs, et inversement, la justice israélienne ne manque pas de rappeler aux palestiniens l’irrégularité et l’illégalité de leur occupation de parties de zone C de Cisjordanie lorsqu’ils tentent de s’en accaparer.
Le 5 mai 2022, la Cour Suprême a ordonné l’expulsion de 1000 Palestiniens installés dans 8 villages situés à Masafer Yatta (zone rurale, rocheuse et aride, de 3 000 hectares, située dans les collines du sud d’Hébron) dont les terres occupées doivent être réaffectées à l’armée israélienne et utilisée comme « zone militaire de tir ».
Les habitants de Masafer Yatta soutenaient que de nombreuses familles palestiniennes résidaient de façon permanente dans la zone des 3 000 hectares avant qu’Israël n’occupe la Cisjordanie, à la suite de la guerre des 6 jours de juin 1967. Ils soutenaient donc que leur expulsion serait constitutive d’une violation du droit international.
Après 20 ans de procédure, la Cour Suprême les a déboutés, confirmant la décision d’expulsion et la nécessité de démolir les villages illégalement installés. Pour fonder sa décision, la Cour a précisé que les occupants palestiniens avaient conservé un mode de vie nomade distinct depuis des générations, qu’ils vivaient de l’agriculture et de l’élevage, et, surtout, que les villages palestiniens y ont été établis alors que les Palestiniens ne bénéficiaient pas d’un statut de résident permanent, lorsque la zone a été déclarée militaire dans les années 80.
Bien évidemment, la Cour Suprême a rappelé qu’il était préférable de trouver un accord entre les parties, les exhortant à trouver un compromis : « les villageois doivent s’entendre avec l’armée sur l’utilisation de certaines parties des terres à des fins agricoles ».
Cette décision a fait bondir toutes les organisations qui soutiennent l’occupation de terres juives par les Palestiniens. L’Ong B’Tsélem (qui se présente comme le centre des Droits de l’Homme pour les Palestiniens) l’a critiquée en ces termes, « l’interprétation juridique est sans fondement » et les « faits décontextualisés ». Aussi, laisse-t-elle entendre que la Cour Suprême ne serait pas légitime puisque capable de cautionner ce qu’elle appelle des « crimes de l’État juif » : « il n’y a pas de crimes que les juges de la Haute Cour ne trouveront pas le moyen de légitimer » (sic)…B’Tselem abonde également dans les thèses de l’illégalité des implantations juives en zone C de Cisjordanie : « Les juges ont ainsi prouvé une fois de plus que les occupés ne peuvent pas attendre justice du tribunal de l’occupant » (sic).
De même, l’Association pour les droits civils en Israël, ACRI (qui était également demanderesse dans la procédure aux côtés des habitants de Masafer Yatta), a fait part de son vif mécontentement : « le verdict aura des conséquences sans précédent », ajoutant, « La Haute Cour a officiellement autorisé à laisser des familles entières, avec leurs enfants et leurs personnes âgées, sans toit au-dessus de leurs têtes »…
Pour Caroline Ort, directrice nationale du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) pour la Palestine (également favorable à l’installation des Palestiniens sur les terres dépendant du contrôle administratif israélien) : « Cette décision de justice ouvre la porte à l’armée israélienne pour déraciner des communautés palestiniennes entières qui vivent à Masafer Yatta depuis des décennies ». Pire, il s’agit d’une étape dangereuse qui doit être inversée : « si elle était suivie des faits, cela constituerait une violation du Droit international qui interdit à Israël en tant que puissance occupante, de transférer des membres de la population occupée de leur communauté existante contre leur volonté » (sic).
De son côté, le maire de Masafer Yatta a indiqué qu’il ferait obstacle à l’expulsion prochaine : « Cela prouve que ce tribunal fait partie de l’occupation. Nous n’allons pas quitter nos maisons. Nous resterons ici », précisant « Des gens pourraient se retrouver sans abri du jour au lendemain »…
Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, Les autorités israéliennes ont « démoli et confisqué 217 structures palestiniennes dans la zone de tir 918 depuis 2011, expulsant 618 palestiniens ». Il est regrettable que les organisations onusiennes ne dénoncent jamais le meurtre des membres de la communauté juive et l’appel à la destruction d’Israël. En effet, le message envoyé aux palestiniens est très mauvais : ils finissent par croire qu’ils peuvent poursuivre leur mode opératoire assassin pendant que les principes découlant des Droits de l’Homme ne sont opposables qu’à la seule partie juive.
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