Les Palestiniens, victimes de la colonisation arabe du Mont du Temple

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Au cours de la fête de Pessa’h (qui s’est déroulée du 15 au 23 avril 2022), les Palestiniens ont multiplié les incidents sur le Mont du Temple : ils ne supportent pas que des Juifs viennent prier sur le site sur lequel est implantée la Mosquée Al Aqsa, (d’autant qu’il s’agit de la période du Ramadan). Les forces de police israéliennes ont donc été contraintes de les déloger, ce qui a provoqué la colère du Ministère jordanien des Affaires étrangères : celui-ci a contesté les mesures israéliennes qui modifieraient le statu-quo (les qualifiant « d’escalade dangereuse »), demandant « l’arrêt immédiat des profanations dans la mosquée al-Aqsa ». Pour lui, seul le Waqf (institution jordanienne) devrait être autorisé à gérer les visites des non-musulmans sur le site. Une fois encore, les violences et frustrations palestiniennes n’ont qu’une seule cause : la colonisation arabe du Mont du Temple, en 637 ec.

 . (Photo by Ahmad GHARABLI / AFP)[/caption]

Se considérant comme les gardiens de la Mosquée Al Aqsa, les Palestiniens n’acceptent pas les prières juives sur le Mont du Temple (qui se multiplient depuis quelques années). Aussi, qualifient-ils les rituels juifs sur le site de profanations, redoutant qu’elles ne lui fassent perdre, à l’Esplanade des Mosquées, son caractère exclusivement islamique. Inversement, pour les Juifs, le Mont du Temple n’est autre que le site de l’ancien Temple de Salomon. Aussi, revendiquent-t-ils une liberté de culte et un partage du temps de prière. La police a même arrêté des membres du groupe « Returning to the Mount » qui proposaient une récompense à ceux qui sacrifieraient une chèvre sur le site pendant les fêtes.

Théoriquement, la prière juive sur le Mont du Temple est interdite. La règle en a été posée par le Sultan Osman III en 1757 (l’Empire Ottoman contrôlait alors Jérusalem, entre 1517 et la fin de la première guerre mondiale) : en vertu d’un décret (connu sous le nom de « statu-quo »), seuls les musulmans sont autorisés à pénétrer sur l’Esplanade des Mosquées, les Juifs étant uniquement autorisé à prier sur le Mur occidental. Cette interdiction a été réaffirmée par le grand Rabbinat de Jérusalem en 1921 (de sorte que les rites impurs ne viennent souiller le site). Cette position était d’ailleurs conforme à celle de Maïmonide pour qui la Chekhina est toujours présente sur le site (seules, les cendres d’une génisse rousse sont de nature à permettre une purification du lieu). Aussi, et pour ménager les susceptibilités arabo-palestiniennes, (et stopper les velléités de Juifs au regard de la construction du 3° Temple), la gestion du site a été laissée aux autorités jordaniennes, après sa conquête, en 1967.

Depuis quelques années, les pressions se font de plus en plus fortes pour permettre aux juifs de prier sur le Mont du Temple : en 1986, 70 rabbins (convoqués par Goren) ont décidé d’autoriser les prières sur le site, voire, ne se sont pas montrés hostiles à la construction (hypothétique) d’une synagogue. En 1990, le rabbin de Loubavitch, Menachem Schneersohn, a demandé aux fidèles d’organiser des célébrations sur le Mont. En février 1997, le Comité des rabbins de Yesha a invité les Juifs à prier sur le site. À compter de cette date, de nombreuses structures juives ont multiplié des déclarations en ce sens (l’Institut du Temple, le Mouvement pour l’Établissement du Temple, Ateret Kohanim…). Dans les années 2000, des demandes similaires ont émané de politiciens et de juges de la Cour Suprême, à l’origine de la visite d’Ariel Sharon sur le site en septembre 2000 (et de la 2ᵉ intifada). En 2003, le gouvernement israélien a autorisé la présence simultanée de 3 Juifs sur le site, avant d’augmenter ce quota à 50. En 2009, c’est le Ministre de la Sécurité Intérieure, Yitzhak Aharonovich qui s’est rendu sur le site. En 2015, le gouvernement a interdit aux Palestiniens de se rendre dans l’enceinte (à certaine période), pour permettre aux juifs de venir prier. En 2018, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a levé l’interdiction faite aux députés de la Knesset de se rendre sur le site. En juillet 2021, le Premier Ministre, Naftali Bennett, a indiqué vouloir maintenir la règle dite du statu-quo, tout en se montrant favorable à la liberté de culte juif sur le « Har habayit »… Désormais, (selon les statistiques de Yaraeh), des milliers de Juifs pénètrent tous les mois sur le site, soit une augmentation de 35 % par rapport aux années précédentes.

Il n’en demeure pas moins que l’édification de la mosquée al-Aqsa sur le mont du Temple, est la conséquence de sa colonisation par les arabes, en 636 (ec), ce dont les Palestiniens sont aujourd’hui victimes. Ce site est, en effet, celui sur lequel le Roi Salomon a fait construire le temple de Jérusalem. Si le Temple a été détruit en 586 (av ec) par le Roi de Babylone Nabuchodonosor II, il a rapidement été reconstruit, lorsque les Juifs sont revenus d’exil (sous la direction de Zorobabel petit-fils du roi de Juda Joachin). Le Second Temple a alors pu être inauguré en 516 av ec, avant d’être rénové sous Hérode Ier le Grand (fin du ier siècle av.ec), qui a agrandi l’esplanade, et qui l’a dotée des dimensions actuelles. Notons que l’emplacement du Temple de Salomon est hautement symbolique pour les Juifs : s’y trouve le rocher sur lequel Abraham était prêt à sacrifier son fils Isaac avant que D. n’arrête son bras.

Rappelons, également, que l’actuelle esplanade n’a pas uniquement abrité les Lieux Saints du Judaïsme. En effet, lors de sa rénovation, Hérode le Grand a fait édifier sur l’Esplanade, une basilique, la Stoa royale (הסטיו המלכותי) ou encore Royal Colonnade. Selon les Evangiles, cette basilique correspondait au lieu où Jésus était venu purifier le temple. Dans la partie sud ouest, souffler dans la corne de bélier permettait alors d’annoncer le début des jours saints.

Certes, le Temple d’Hérode a été détruit par l’armée romaine (dirigée par le futur empereur Titus) en l’an 70 (lors de la Première Guerre judéo-romaine). Pour autant, ce n’est pas une mosquée qui a, immédiatement, été édifiée sur le site. Au iie siècle, l’empereur Hadrien y a construit un autre temple, dédié à Jupiter Capitolin, à l’origine de la Révolte juive de Bar Kochba. De même, en 538, l’empereur byzantin orthodoxe, Justinien Ier, y a fait construire une autre église. Notons, enfin, que les Juifs ont (également mais vainement) tenté de reconstruire le temple de Salomon, une première fois sous le règne de Julien (361-363) puis lors de l’occupation sassanide de la ville (614 – 628)…

Pour leur part, ce n’est qu’en 637 que les arabes ont conquis Jérusalem. D’ailleurs, ce n’est que bien plus tard qu’ils ont entrepris la construction des deux édifices religieux : le Dôme du Rocher (achevé en 691), et la Mosquée Al Aqsa (qui signifie « la plus éloignée »), au VIIIᵉ siècle. Celle-ci a d’ailleurs été plusieurs fois détruite (par des tremblements de terre), puis définitivement reconstruite au XIIIᵉ siècle.

Notons enfin que si, dans tous les messages religieux, les écritures contiennent des mentions difficilement compréhensibles pour la raison, le Coran ne fait exception à la règle : selon le Coran (17,1), Allah a emmené Muhammad de la Mecque à la Mosquée Al Aqsa, précisément sur ce rocher. Or, certains historiens se sont interrogés sur la cohérence chronologique des éléments contenus dans cette sourate : dans la mesure où Mahommet est mort en 632 ec, que la conquête arabe de Jérusalem a débuté en 636 (soit 4 ans après la mort du Prophète) et que la Mosquée Al Aqsa n’a été construite qu’en 705 ec, il est techniquement difficile, pour le Prophète d’avoir effectué un tel voyage… Quoi qu’il en soit, les Palestiniens redoutent, plus que tout, de perdre la seule utilité historique qu’ils se sont inventés, protéger le troisième Lieu Saint de l’Islam.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

2 commentaires

  1. L’Esplanades des mosquées, dites-vous ! Kes-à-ko ? Où voyz-vous une seconde mosquée là où il n’y a qu’un mausolée (le Dôme du Rocher). En anglais la dénomination est Temple mount et et même dans le guide écrit par l’autorité musulmane gestionnaire dans les années 30 ne figure que le nom de Temple mount (et en arabe Haram al Sharif, le Saint sanctuaire).Jusqu’à ce changement de nom par Arafat et repris par les médias et politiques français dans une volonté d’islamiser un peu plus le conflit avec Israël, d’autant plus curieux qu’Arafat était parfaitement laïque. N,adoptez pas s,il vous plaît cette terminologie.

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