Le 23 février 2022, le groupe de recherche Forensic Architecture (basé à Londres et dirigé par l’architecte israélien originaire de Haïfa, Eyal Weizman) a publié un document intitulé « l’archéologie vivante à Gaza ». Il y présente un site archéologique de la bande côtière comme étant « l’un des trésors cachés de la Palestine et l’un des sites archéologiques les plus importants de la région ». Pour autant, loin d’incarner une dimension scientifique, son objectif est exclusivement politique : il entend imputer à Israël une responsabilité dans son hypothétique disparition. Sa déception devrait, toutefois, être à la hauteur de son engagement : non seulement Israël est étranger aux dommages causés au site mais, plus grave, les scientifiques n’ont trouvé aucune trace d’un passé arabo-musulman à Gaza.
Les fouilles ont été entreprises par différents spécialistes de l’archéologie (dont une coopération franco-palestinienne dirigée par le professeur Jean-Baptiste Humbert de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem) entre 1995 et 2005 (date de l’éviction des juifs de Gaza par Ariel Sharon). Or, ces travaux illustrent en quoi, les Palestiniens ne sont en rien associés au passé glorieux de la bande de Gaza.
Le site contient un « rempart de l’âge du fer sous des maisons d’époque achéménide » (population indo-européenne de l’empire perse de la fin du Deuxième millénaire avant l’ère ordinaire), mais aussi des « structures de l’époque romaine et hellénistique » comprenant un emporium et une fontaine en faïence (rien à voir avec les Palestiniens), voire encore un cimetière byzantin au nord (empire chrétien d’Orient).
Forensic Architecture mentionne également des découvertes archéologiques de la période gréco-romaine (à l’intérieur des terres), « notamment l’enceinte et les villas romaines de la ville, ainsi que des maisons de l’époque hellénistique dont les décorations peintes illustrent les influences de l’autre côté de la Méditerranée ». Le groupe de chercheurs explique alors que des « découvertes faisaient partie de la ville d’Anthédon, l’un des ports les plus importants de l’époque hellénistique sur la Méditerranée ».
Une fois encore, ce site est parfaitement étranger à l’histoire des Palestiniens : non seulement Anthédon est une ancienne ville grecque comprenant une agora et des temples (située au nord de Gaza), mais en outre, comme sa population (d’origine grecque) n’avait rien à voir avec les habitants de Gaza, elle a obtenu un statut de « cité indépendante » dotée d’une armée et d’un responsable politique.
Forensic Architecture ne tire toutefois pas les conclusions de ses observations et, ainsi, de l’absence de lien entre les découvertes archéologiques à Gaza et la population palestinienne qui y vit. Pire, le groupe de chercheurs reproche à Israël de détruire les sites avec « son siège, son occupation ou encore (ce qu’il appelle) « la densification forcée » de Gaza. Par ailleurs, il lui reproche de réserver un traitement différent de ces sites avec le patrimoine archéologique situé en Israël (sic).
Plus précisément, les sites archéologiques (notamment celui d’Anthédon) seraient « ignorés, ou pire, détruits par les forces d’occupation israéliennes » alors que « Césarée ou Apollonia-Arsuf » (en Israël) « sont activement préservés et promus » (sic). Pour le groupe de recherche, « Ce mépris et cette destruction du patrimoine culturel palestinien diminuent à la fois les prétentions palestiniennes à un État et privent les Palestiniens de leur droit fondamental d’accéder à leur propre patrimoine et de le préserver » (sic).
L’association palestinienne Al-Haq (qui se présente comme défendant les droits de l’homme) imagine donc pouvoir exploiter ce document et le soumettre à la CPI car « les bombardements israéliens violent non seulement le principe de nécessité militaire, mais visent également à effacer progressivement le patrimoine culturel palestinien ».
Al-Haq prétend donc qu’Israël prive le peuple palestinien « de son droit à l’autodétermination sur ses ressources culturelles et, par extension, menace son existence en tant que peuple », et que « les bombardements sur la bande de Gaza constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
Ainsi, Israël mépriserait et détruirait le patrimoine palestinien, alors qu’il préserverait les sites archéologiques situés sur son territoire, ce qui constituerait « un élément clé de l’apartheid israélien » (sic).
Il ne craint donc pas d’affirmer : « Cibler le patrimoine culturel n’est pas un geste vain. La culture constitue une expression visible de l’identité humaine. Priver un peuple de sa culture revient à le vider de la substance même qui constitue l’épine dorsale de son droit à l’autodétermination, en particulier dans un contexte de violations cumulatives, interconnectées et systémiques des droits de l’homme »…
Pour Israël, l’inconvénient résulte de ce que l’ex-Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, était très friande de ce type de déclarations. Le Bureau du Procureur a d’ailleurs indiqué (en juin 2021) que « les attaques contre le patrimoine culturel peuvent violer non seulement le droit international humanitaire, mais aussi les droits de l’homme ». De qui se moque-t-on ?
Les fouilles archéologiques à Gaza ont été entreprises lorsque les Juifs étaient présents sur la bande côtière et ont cessé, en 2005, à leur départ. C’est donc bien grâce à Israël que le passé glorieux de Gaza a pu être mis en lumière.
Inversement, les Palestiniens ont empêché les archéologues de se rendre sur le site, depuis plus de 10 ans (les vestiges ont d’ailleurs dû être enterrés par l’équipe de Humbert pour être protégées et préservées). Rappelons, également, que se sont les Palestiniens qui se sont empressés de faire disparaître les traces du passé de Gaza, vraisemblablement, car elles n’avaient rien à voir avec la culture arabo-musulmane. D’ailleurs, une partie des fouilles entreprises dans la ville gréco-romaine de Gaza (2001 à 2005) l’a été pour anticiper la construction d’une mosquée et des installations sportives publiques pour les Palestiniens d’Al-Shati (qui y ont bien été édifiées). Enfin et surtout, ce sont bien les Palestiniens qui provoquent les interventions militaires israéliennes à Gaza et qui mettent les sites en danger.
Les Palestiniens de Gaza ne doivent donc pas oublier leurs origines liées à l’invasion arabo-musulmane de cette contrée, postérieure à l’Exil juif : ils ne sont même pas les descendants des philistins (peuple de la mer), venus s’établir à Gaza (fin du second millénaire avant l’ère ordinaire). Leur dénomination comme « palestiniens » date de 130 après l’ère commune, lorsque l’empereur Hadrien a débaptisé la Judée Samarie pour lui donner le nom de « Palestine », concept romain. Dès lors, même le terme « palestinien » ne leur appartient pas et ne forge pas d’identité culturelle.
Dès lors, rien n’interdit aux gazaouis de reprendre les fouilles et de restaurer les sites archéologiques de Gaza (au besoin avec le concours d’Israël qui mettra à disposition ses moyens techniques, logistiques et scientifiques). Pour autant, ils ne sauraient travestir la vérité historique en s’appropriant une histoire culturelle qui ne leur appartient pas. Avec un peu de courage, ils finiront par admettre que les joyaux archéologiques de la bande de Gaza ne font pas partie de leur histoire, et que les civilisations qui s’y sont succédé n’ont rien à voir avec eux.
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