Dans la nuit du mardi du 24 au 25 février 2022, les habitants de Kiev apeurés ne pouvaient dormir, craignant le pire lequel est arrivé à l’aube avec la déclaration de guerre de la Russie.
Un peu plus de trente ans auparavant, dans la nuit du 18 au 19 janvier 1991 – qui se souvient – on ne dormait pas non plus à Jérusalem.
Les habitants de la ville zappaient de chaîne en chaîne, à l’écoute du monde entier, cherchant désespérément à comprendre ce qui se passait, et plus encore, ce qui allait se passer.
Six mois après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, l’opération “Désert Shield” – “Bouclier du Désert” – déclenchée par les forces alliées, était en train de se transformer en “Desert Storm”, “Tempête du Désert”.
De l’avis de tous les experts, cette tempête entraînerait certainement une attaque irakienne contre Israël, bien que ce pays ne soit pas membre de la coalition…
Le cynisme de la communauté internationale avait atteint des sommets inégalés.
La Syrie et l’Arabie Saoudite ayant daigné se joindre à la coalition contre le dictateur irakien, Israël devait, avait expliqué cette si fidèle alliée qu’était l’Amérique, rester passif.
Surtout pas d’attaque préventive, encore moins de représailles qui pourraient heurter l’âme sensible des Syriens et des Saoudiens et les conduire à quitter ladite coalition.
Cette attitude comblait d’aise Saddam Hussein.
En attaquant Israël, il n’avait rien à perdre et tout à gagner : non seulement, il se donnait la satisfaction de frapper un ennemi de longue date, mais encore, il se posait en champion de la cause arabe et s’assurait de l’approbation tacite ou ouverte de tous les pays arabes…
Cette nuit-là les sirènes avaient retenti à travers tout le pays.
Aux premières nouvelles du matin, les commentateurs à la télévision s’efforçaient de rassurer le public, soutenant qu’Israël avait eu de la chance :
beaucoup de dégâts matériels mais pas de victimes, à part quelques malheureux vieillards qui s’étaient étouffés dans leur masque.
Et les journalistes d’enchaîner sur les efforts de relogement, les dédommagements prévus avec, en toile de fond, des bâtiments démolis et des appartements éventrés…
A l’arrière-plan, des vieux hébétés, des enfants en état de choc, des hommes en âge de se battre qui avaient vu, impuissants, leurs familles menacées et leurs foyers détruits.
Puis ce fut le gros plan d’un Galaxy, l’avion-cargo géant américain, déchargeant son lot de fusées Patriots anti-missiles. Les Américains en envoyaient deux batteries pour venir en aide à leur « fidèle allié » – après lui avoir lié pieds et poings…
Pour Israël le cauchemar allait durer des semaines. Des semaines durant lesquelles tous les citoyens vivaient au rythme des alertes – il y eut plus de quarante salves de missiles Scud – ne sortant de chez eux qu’équipés d’un kit spécial censé les protéger contre une éventuelle attaque chimique ou biologique.
Il comprenait un masque à gaz et une seringue contenant une antidote. Les nouveau-nés eux étaient placés immédiatement dans des incubateurs à air filtré, spécialement prévus pour la guerre bactériologique et chimique. L’opinion internationale ne s’en était guère émue. D’ailleurs aujourd’hui, qui se souvient ?
A part les Israéliens évidemment. Ils ont compris qu’en dernière analyse, ils ne pourraient compter que sur eux-mêmes.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Michèle Mazel pour Dreuz.info.
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique.
Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède.
Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.
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