La route de Natanz traverse Beyrouth

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Prof. Efraim Inbar

Le professeur Efraim Inbar est président de l’ Institut d’études stratégiques de Jérusalem .

 

La route de Natanz traverse Beyrouth

Le fait que le Liban sombre dans le chaos représente une opportunité de prouver au monde que l’Iran a enfoncé ses griffes dans ce pays en crise et ce qui en résulte.

Les tirs de roquettes du Hezbollah sur le nord d’Israël la semaine dernière ont cherché à réaffirmer son équation de dissuasion vis-à-vis d’Israël. Ils essayaient de créer une réalité dans laquelle Israël subit des tirs sporadiques de roquettes des groupes palestiniens dans le sud du Liban de façon continuelle. Une telle situation permettrait au Hezbollah, un supplétif iranien, de maintenir le déni (ce n’est pas lui qui tire) et d’empêcher une escalade à grande échelle dans le secteur.

Cela correspond à la stratégie iranienne consistant à encercler Israël par « un cercle de tirs de roquettes ».

Le Hezbollah est armé de plus de 100 000 missiles et se tient à l’entière disposition de l’Iran. Les efforts de l’Iran pour s’assurer que l’arsenal du groupe terroriste chiite reste avancé n’ont été que partiellement couronnés de succès, mais il a maintenu la capacité du Hezbollah à tirer des salves sur Israël, même si l’État juif s’en prend aux installations nucléaires de la République islamique – et c’est là que réside le secret du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. La retenue perçue de Nasrallah depuis sa guerre de 2006 avec Israël (bien que la guerre civile syrienne ait également détourné l’attention du Liban) concerne cette mission de deuxième frappe.

L’un des problèmes à régler avant (de frapper) le programme nucléaire iranien est donc de supprimer la menace des missiles du Hezbollah.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, l’ampleur de la menace posée par le missile du Hezbollah va au-delà d’un face à face entre les roquettes du Hamas et les systèmes de défense israéliens. Le bon sens veut qu’une opération terrestre soit nécessaire au Liban pour minimiser la menace pour Israël.

Actuellement, l’action militaire d’Israël doit être orientée vers l’objectif stratégique ultime de contrecarrer les plans nucléaires de l’Iran.

Cela signifie que Tsahal doit se préparer à une campagne préventive dans le secteur nord, principalement pour éliminer la menace du Hezbollah contre l’infrastructure stratégique d’Israël.

Une incursion chez notre voisin du nord pour en tirer le bénéfice de la purge des missiles nécessite une planification méticuleuse. Les manœuvres de Tsahal dans le nord et ses exercices dans les montagnes de Chypre indiquent qu’il y a des préparatifs militaires pour un scénario de conflit au Liban.

On ne peut qu’espérer que l’armée israélienne, dirigée par le chef d’état-major, le lieutenant-général Aviv Kochavi, a appris à lutter pour la victoire et poursuit les actions nécessaires pour mettre en œuvre sa nouvelle doctrine de combat. Une partie du budget alloué aux dépenses de défense devrait également être consacrée aux missions au Liban et à la protection du front intérieur nord.

Israël, qui n’est pas étranger aux campagnes militaires proactives (1956, 1967, 1982), sait que chaque guerre nécessite une légitimation nationale et internationale.

Israël doit créer une atmosphère favorable à une action volontariste au Liban, et ce dès que possible. Le fait que le Liban sombre dans le chaos et les attaques de missiles depuis son territoire offrent cette opportunité.

Le Liban et le Hezbollah doivent être étroitement liés dans la perception publique internationale et israélienne de l’agression iranienne. Les difficultés que l’Iran montre dans les pourparlers nucléaires pourraient permettre à Israël plus de liberté d’action.

Les États arabes modérés, en particulier dans le Golfe, examinent le comportement israélien. En l’absence d’activité déterminée et efficace, nos alliés dans la région, méfiants du retrait américain et craignant l’Iran, hésiteront à s’appuyer sur Israël et pourraient plus tard se rapprocher de l’Iran.

Le moment où Israël devra décider s’il doit agir seul approche. La route vers Natanz et Fordo passe probablement par Beyrouth.

israelhayom.com

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