Qui prendra la défense des petits palestiniens ? Par Michèle Mazel

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C’est une histoire que l’on dirait tirée d’une autre époque. Des images que l’on voudrait croire extraites d’un film, et non de la réalité. Cela se passe aujourd’hui dans le Wadi Ara, Nahal Iron en hébreu, une vallée longue d’une vingtaine de kilomètres traversée par la grande route qui relie le nord du pays au lac de Tibériade.

Située tout entière à l’intérieur des frontières dites de 1948, on y trouve des localités majoritairement peuplées d’Arabes israéliens qui manifestent régulièrement leur solidarité avec l’Autorité palestinienne, mais n’ont aucune envie d’en faire partie. La police israélienne n’y est guère la bienvenue.

Le mur de sécurité qui sépare la vallée des Territoires palestiniens est à moins d’un kilomètre. La deuxième chaîne de la télévision israélienne a diffusé ce 7 juillet des images édifiantes tournées le long des routes de la région.

Lorsque le feu vire au rouge, des gamins apeurés, âgés de six ans à peine, se faufilent entre les voitures à l’arrêt et viennent frapper à la vitre des conducteurs en tendant la main. Il leur faut faire vite afin de regagner le trottoir à temps, car les voitures démarrent en trombe quand le feu passe au vert.

Tout au long de la journée et jusqu’à la tombée de la nuit, dans l’écrasante chaleur de l’été, ces enfants défient la mort.

Il y a déjà eu des blessés ; un enfant de six ans est aujourd’hui entre la vie et la mort dans un hôpital israélien.  Il y avait déjà eu il y a près de six ans un reportage sur ce même phénomène.

Il parlait aussi à mots couverts de prédateurs sexuels à la recherche de proies faciles. Qui leur viendrait en aide ?

Ce ne sont pas des enfants de l’endroit. Ils sont originaires des Territoires palestiniens si proches. Ils n’y rentrent pas chaque jour. Souvent ils passent la nuit dans une conduite d’eau désaffectée où ils sont protégés des éléments. Il y a là des matelas, des couvertures. Et quelqu’un pour veiller. Ou plutôt les encadrer.

Parce que ce n’est pas de gaîté de cœur que ces gamins se livrent quotidiennement à ce périlleux exercice. Et ils ne « travaillent » pas pour leur compte, mais pour le profit de leurs patrons.

Des Arabes de part et d’autre de la ligne verte.

Une petite partie des sommes récoltées va à la famille de l’enfant.

Le « patron », lui, se charge de faire passer le mur ou la barrière de séparation à ses petits travailleurs. Parfois, un « grand » les accompagne pour s’assurer qu’ils font bien leur travail et les forcer à se lancer à travers les voitures malgré leur peur.

Faute de coopération de la part des forces de sécurité palestinienne, qui ne fait rien pour entraver ce trafic, la police israélienne est impuissante. Ses patrouilles peuvent bien arrêter quelques gamins terrorisés, qui ne savent rien et ne diront rien ; les autres se hâtent de se fondre dans la nature jusqu’au départ des policiers.

 

La presse occidentale ne parle pas de ce genre de choses. Il est vrai qu’il est difficile de blâmer Israël.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Michèle Mazel pour Dreuz.info.

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