Sarah Halimi : sa sœur Esther porte plainte en Israël, mobilisation en France

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Affaire Sarah Halimi : sa sœur va porter plainte en Israël, mobilisation en France
Le 5 janvier, une manifestation de soutien à Sarah Halimi a été organisée à Paris.
Hans Lucas via AFP

Antisémitisme

Par Magazine Marianne

Publié le 22/04/2021 à 10:34

Si le meurtrier de Sarah Halimi, Kobili Traoré, a été déclaré irresponsable pénalement par la Cour de cassation, la sœur de la victime poursuit son combat et entend saisir la justice en Israël, dans l’espoir d’obtenir un procès.

Les proches de Sarah Halimi ne désarment pas, quatre ans après le meurtre de cette sexagénaire de confession juive à Paris en 2017 par son voisin Kobili Traoré. La sœur de la victime entend porter plainte en Israël pour tenter d’obtenir un procès. Cette initiative intervient alors que la Cour de cassation a reconnu, dans un arrêt rendu le 14 avril, le caractère antisémite du crime mais surtout l’irresponsabilité pénale de l’homme, donc son incapacité à être jugé.

Les deux avocats de l’intéressée, Maîtres Francis Szpiner et Gilles-William Goldnadel, ont déclaré vouloir « saisir la justice israélienne d’une plainte à l’encontre de Kobili Traoré au nom d’Esther Lekover, sœur de la victime ».

LE DROIT PÉNAL ISRAÉLIEN APPLICABLE ?

La Loi pénale israélienne de 1977 peut s’appliquer à des crimes antisémites qui ont mis en péril « la vie, le corps, la santé, la liberté ou la propriété d’un citoyen israélien, résident d’Israël ou fonctionnaire [ou] la vie, le corps, la santé, la liberté ou la propriété d’un juif ». De tels crimes peuvent être dénoncés par une personne détentrice de la nationalité israélienne, ce qui est le cas de d’Esther Lekover.

Un acte que Francis Szpiner et Gilles-William Goldnael jugent important afin de lutter contre ce qui s’apparente, pour eux, à « un déni de justice ».

Signe que l’émotion ne retombe pas, un rassemblement est organisé dimanche 25 avril, place du Trocadéro, à 14 heures et dans d’autres villes de France.

EMMANUEL MACRON CONTRE LES JURISTES ?

L’arrêt a également ouvert un débat sur la responsabilité pénale des personnes atteintes de troubles psychiatriques sur fond de consommation de drogues. Emmanuel Macron a affirmé, dimanche 18 avril, dans le Figaro qu’il souhaitait une évolution de la loi sur l’irresponsabilité pénale. D’après lui, « décider de prendre des stupéfiants et devenir alors ‘comme fou’ ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale ».

Une évolution législative qui n’est pas souhaitable selon Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé à l’Université d’Aix-Marseille et directeur de l’Institut de sciences pénales et de criminologie qui prend la parole sur le site Lextenso. Kobili Traoré « a pris du cannabis, mais ce n’est pas ça le problème, s’il est jugé irresponsable c’est parce que les experts ont conclu à l’abolition totale du discernement au moment des faits ». Abolition « due à une bouffée délirante ». Or, insiste le professeur, l’expression « bouffées délirantes » a été mal comprise alors que « c’est quelque chose de très grave qui dure longtemps et révèle souvent l’existence de pathologies profondes, par exemple des psychoses », comme c’est probablement le cas du meurtrier de Sarah Halimi.

Interrogé par Marianne, Paul Bensussan, l’un des experts psychiatres qui avait précisément conclu à l’irresponsabilité pénale du tueur, précisait : « Il est évident que la consommation de cannabis, sur un terrain fragile, a pu être précipitante. Mais pour affirmer qu’elle en a été l’unique cause, il faudrait être certain que Monsieur Traoré, s’il ne consommait plus jamais de cannabis, ne délirerait plus jamais. Ce que nul ne sait, hormis peut-être les psychiatres traitants qui en ont la charge depuis quatre ans. Rien ne permet d’exclure l’hypothèse que Monsieur Traoré souffre aujourd’hui d’un trouble psychiatrique chronique, dont la bouffée délirante aiguë aurait été la manifestation inaugurale ».

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Par Magazine Marianne

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