Le 3 avril 2021, l’Union Européenne a dénoncé le refus des autorités israéliennes d’accorder des visas à une délégation d’observateurs chargée de superviser les élections législatives palestiniennes, prévues le 22 mai 2021. Effectivement, la commission électorale palestinienne s’était rapprochée de l’Union Européenne pour qu’elle s’assure de leur bon déroulement. Or, faute de réaction de l’Etat d’Israël, le représentant de l’Union européenne à Ramallah, Sven Burgsdorff avait déploré : « L’UE est toute disposée à satisfaire cette demande, encore faudrait-il que les autorités israéliennes laissent entrer nos délégués ».
L’implication de l’UE dans ces élections poursuit un triple objectif : favoriser une réconciliation des mouvements palestiniens, Fatah et Hamas, permettre une réunification institutionnelle et sociétale, et faciliter l’engagement de réformes politiques. En effet, les élections législatives de mai 2021 (précédant de deux mois les élections présidentielles prévues en juillet 2021) sont les premières depuis les élections de 2006. Ces dernières s’étaient conclue par un fiasco : comme le Fatah n’avait pas accepté la victoire du Hamas, l’organisation terroriste avait été contrainte de faire sécession dans la bande de Gaza, en 2007.
Le rôle de l’UE n’en reste pas moins ambigu : tout d’abord, l’UE entend (insidieusement) faire pression pour que des bureaux de vote soient installés à Jérusalem, c’est-à-dire sur un territoire qui ne dépend pas de la souveraineté palestinienne. Par ailleurs, une telle supervision emporterait, de façon implicite, validation européenne des candidats palestiniens, alors même que le Hamas est considéré comme un mouvement terroriste, et que le candidat Marwann Barghouti (tombé du ciel) purge plusieurs peines d’emprisonnement à vie dans les geôles israéliennes pour sa participation dans des opérations terroristes.
Hugh Lovatt, chargé de mission dans le cadre du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au Conseil européen des relations étrangères, vient de communiquer son rapport intitulé : « Retour à la démocratie : l’Europe, le Hamas et les élections palestiniennes ». Il y traite du positionnement du Hamas, des conséquences des résultats des élections, et du rôle que peut jouer l’UE de sorte que le résultat des élections concorde avec ses objectifs en termes de politique étrangère.
Aussi, préconise-t-il un certain nombre de mesures : l’UE doit intervenir pour permettre le succès du processus électoral, soutenir la renaissance du processus politique palestinien, et améliorer les perspectives d’une relation harmonieuse durable entre Israël et la future direction palestinienne. Par ailleurs, l’UE sera tenue de respecter le résultat de ces élections, de persuader Israël de favoriser un processus libre et équitable, et de l’encourager dans une relation constructive avec le nouveau gouvernement palestinien, engagé sur la voie de la démocratie, du respect des Droits de l’Homme et du Droit international (quel optimisme).
Ainsi, pour Hugh Lovatt : « L’Union européenne a une opportunité rare de générer une transformation positive du conflit. En s’assurant que le processus électoral à venir soit un succès, elle peut amener le Hamas vers une modération politique et un soutien à une solution à deux Etats. Cela pourrait ouvrir la voie à une diplomatie inclusive qui irait vers la réunification intra-palestinienne, et vers un futur traité de paix durable avec Israël. Un échec, par contraste, conduirait à un durcissement de la ligne du Hamas et enracinerait le dysfonctionnement politique de la Palestine ».
En effet, selon le chargé de mission, si l’Union européenne ne soutenait pas les prochaines élections, le processus électoral échouerait, tout comme la mise en place d’une démocratie palestinienne, d’institutions responsables, et d’un gouvernement unifié fondé sur l’Etat de droit. Les risques d’un nouveau conflit entre le Hamas et Israël se multiplieraient d’autant. Hugh Lovatt suggère donc d’amener le Hamas « à une stratégie politique non-violente pour résoudre le conflit avec Israël et d’assurer son respect des règles démocratiques et du droit international ». En somme, ces élections représenteraient alors « un investissement judicieux du capital politique de l’Union européenne ».
En réalité, l’UE ne saurait s’immiscer dans les affaires internes palestiniennes
Tout d’abord, Israël n’est pas favorable à l’organisation d’élections sur son territoire, et pour cause, elles emporteraient renonciation à une part de souveraineté sur sa capitale éternelle. Si donc les accords d’Oslo de 1995 ont prévu l’organisation d’élections à Jérusalem (pour les 350 000 palestiniens jérusalémites qui disposent d’une carte de résident permanent), l’installations de bureaux de vote palestiniens à Jérusalem n’est pas l’unique moyen d’y parvenir. Tout d’abord, il est toujours possible aux palestiniens de Jérusalem d’aller voter en zone A et B de Cisjordanie (sous contrôle palestinien). Par ailleurs, les dirigeants palestiniens peuvent toujours organiser un vote par correspondance. Enfin, rappelons que depuis 1995, les outils technologiques se sont considérablement améliorés : grâce à Internet, il est désormais possible d’organiser un scrutin de façon dématérialisée. (Lorsque les relations seront normalisées, les palestiniens pourront se rendre dans l’ambassade de Palestine à Jérusalem lors des scrutins nationaux palestiniens).
Plus gênant, la présence de l’UE ne saurait avoir pour effet de cautionner les candidats palestiniens, alors que leur programme se situe aux antipodes des valeurs philosophiques européennes. Si Ismaël Hanyeh, leader du Hamas dans la Bande de Gaza, encourage bien évidemment le processus démocratique, ses objectifs n’ont rien à voir avec une amitié entre les peuples. Il l’a d’ailleurs rappelé dans une récente allocution : « je voudrais ici détailler la position et la vision que nous poursuivons dans cette voie prometteuse vers l’unité, le partenariat et la libération nationale ». Il a alors, développé les objectifs de son mouvement : « le mouvement Hamas s’est fixé comme objectif principal, sa lutte continue contre l’occupation sioniste, la libération de notre peuple des chaînes de l’occupation et la réalisation de son droit de libérer toutes les terres palestiniennes et de parvenir à l’autodétermination pour vivre dans la liberté et la dignité ». « L’objectif inclut que, dans leur futur État, avec Jérusalem comme capitale, après être retournés sur leurs terres d’où ils ont été déplacés, les Palestiniens construiront leur système politique basé sur la justice et la démocratie » (sic)…
Pour sa part, le terroriste Marwan Barghouti s’est invité parmi les candidats, alors qu’il est incarcéré dans la prison d’Hadarim, où il purge 5 peines d’emprisonnement à vie pour des faits de terrorisme. Il voudrait ainsi se faire passer pour le Nelson Mendela palestinien (le leader africain avait été libéré le 11 février 1990 de la prison Victor Verster en Afrique du Sud, c’est à dire après 27 ans d’incarcération).
L’UE doit donc clarifier sa position : les élections palestiniennes ne consistent pas uniquement dans l’organisation d’un vote démocratiques, mais bien dan la caution donnée à un modèle idéologique qui doit structurer les palestiniens dans les années à venir. En validant la participation de candidats terroristes et d’un programme qui appelle à la destruction d’Israël, l’UE renierait ses propres valeurs.
…..si l’Union européenne ne soutenait pas les prochaines élections, le processus électoral échouerait, tout comme la mise en place d’une démocratie palestinienne,…..
hahahaha…. démocratie palestinienne… quel bel oxymore!
L’UE est vraiment bête à manger du foin. C’est consternant de naïveté! Ils n’ont aucune idée de la mentalité de ces zozos. L’UE s’imagine vraiment que ça va changer quelque chose ces élections?