FIGAROVOX/ENTRETIEN – Depuis mardi, l’ancien jeu télévisé de France 2, «Pyramide», est au cœur d’une polémique après la diffusion d’un montage d’images d’archives dans «Canap 95» sur TMC. L’une des animatrices, Pépita, y est présentée comme victime de racisme et de sexisme, ce qu’elle dément. Selon Rachel Khan, Pépita s’est retrouvée piégé par ses soi-disant défenseurs, à cause de sa couleur de peau.
Publié hier à 12:17, mis à jour hier à 14:40
Rachel Khan est juriste, scénariste, actrice et écrivain. Dans son dernier essai, Racée (L’Observatoire), elle se moque des nouvelles idéologies «décoloniales» et «intersectionnelles» qui, sous prétexte d’antiracisme, ne font, selon elle, qu’alimenter les ressentiments.
FIGAROVOX. – Après la diffusion d’un montage polémique d’images d’archives du jeu télévisé «Pyramide» dans «Canap 95» sur TMC. L’une des animatrices, Pépita, y est présentée comme victime de racisme et sexisme. L’intéressé dément catégoriquement et dénonce un montage mensonger. «S’il y a un endroit où je n’ai jamais vécu le manque de respect, la misogynie ou le racisme, c’est sur le plateau de ‘Pyramide’», lance-t-elle. Que vous inspire cette histoire? Que dit-elle de notre époque?
Rachel KHAN. – Lorsque la réalité se confronte au dogme, c’est tout un système victimaire qui s’effondre. L’affaire Pépita est la preuve en image et en son de cette idéologie haineuse qui enferme les personnes en ne leur laissant pas d’autre choix que d’être victime.
Le mot «racisé» pour désigner tout individu non blanc est le socle d’une manipulation essentialiste qui ne prend pas en compte l’existence. Comme je le rappelais il y a peu, ces idéologies ont transformé les travaux de Colette Guillaumin qui parlait de «racisation» en prenant en compte le processus de discrimination. Ce processus faisait corps avec l’expérience sociale de la personne. Avec les wokes lorsque vous êtes noir, vous êtes par essence victime. Pour le mouvement indigéniste et racialiste, il en est fini de l’existence, de la liberté d’être, de votre réalité, vous êtes pris au piège de votre peau. Créer une communauté de racisés permet d’asseoir un socle, une masse d’individus, inféodés à la «cause».Pour le mouvement indigéniste et racialiste, il en est fini de l’existence, de la liberté d’être, de votre réalité, vous êtes pris au piège de votre peau.
En nous coupant du réel, la colonisation et la domination de la pensée woke des universités américaines sont un danger ultime pour nos sociétés. La haine est tout au bout.
Comprenez-vous que les images puissent choquer aujourd’hui?
Ces images sont choquantes. Mais, je comprends aussi que le montage est fait dans une finalité précise: faire de Pépita une victime pour nourrir des idéologies qui nous tuent. Est-ce de cela dont nous avons besoin en ce moment?
Ne pas replacer les images dans le contexte, ne pas tenter de comprendre les relations que ses personnes avaient entre elles, leur complicité, faire fi de l’humour, (concept étranger aux wokes, d’ailleurs), ne pas chercher non plus à parler à la principale intéressée est malhonnête et violent.
Certes, il y a eu du racisme, il y en a encore. Je le combats chaque jour, notamment aux côtés de Mario Stati à la Licra en tant que présidente de la commission jeunesse et sport, et c’est fou d’ailleurs, d’être obligé de le rappeler, de se justifier, à chaque fois lorsque l’on s’exprime sur ces sujets, tellement l’idéologie woke est manichéenne.Les woke cherchent peut-être à nous séparer pour nourrir toutes les formes d’intolérances afin de garantir leur business identitaire racialiste.
Les choses évoluent lentement, mais elles évoluent et ce n’est pas crisper la société et faire croire aux jeunes qu’ils sont des victimes de naissance dans un État qui les déteste, en nourrissant frustrations, haines, colères donc violence que les choses vont s’arranger. D’ailleurs, il est important de s’interroger sur les volontés de ces courants. Pourquoi souhaitent-ils nous séparer? Peut-être au fond pour nourrir toutes les formes d’intolérances afin de garantir leur business identitaire racialiste.
Pépita explique que paradoxalement ceux qui l’ont humiliée sont ceux qui ont fait ce montage: «Ils m’ont fait passer pour la noire qui subit le racisme, qui n’a pas eu le choix pour avoir un travail… On va où là? Qui sont-ils pour parler à ma place?» Assigner «les noires», «les femmes» ou «les musulmans» à leur statut de victime, n’est-ce pas aussi une forme de racisme?
Quelle horreur de voir une personne se faire interner par ses soi-disant défenseurs.
Parce que Pépita revendique de ne pas être assignée à un rôle de victime, elle n’a pas d’autre choix que d’être mise dans la case de «traître à la cause». Voilà, la haine, l’intolérance. Pépita est esclave de sa peau d’où doit découler une pensée prédéfinie. Toute liberté, toute émancipation est impossible.Pépita est esclave de sa peau d’où doit découler une pensée prédéfinie.
Depuis qu’elle a dit qu’elle n’était pas une victime «Pépita» est traitée de «négresse de maison» ou de «Bounty». Il est grand temps de s’attaquer à ce racisme abject d’une violence rare.