Terrorisme
Selon nos informations, les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont interpellé mercredi un mineur et un jeune majeur en région parisienne et à Marseille, soupçonnés chacun d’un projet d’action violente, notamment contre des militaires. Ils ont été déférés ce samedi.
Par Jérémie Pham-Lê Le 13 mars 2021 à 13h34, modifié le 13 mars 2021 à 13h41
La menace terroriste islamiste reste toujours aussi vivace en France. Et ces deux projets d’attentats, mis en échec en l’espace d’une semaine, illustrent avec acuité le risque « endogène », émanant de très jeunes hommes endoctrinés sur Internet et en proie à des fragilités sociales.
Selon des sources proches de l’enquête, un adolescent de 17 ans et un jeune homme de 18 ans ont été placés en garde à vue mercredi par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre de deux enquêtes antiterroristes distinctes. Interpellés à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et Marseille (Bouches-du-Rhône), ces deux suspects radicalisés auraient chacun envisagé de mener une action violente sur sol français. Tous deux ont été présentés à un juge antiterroriste ce samedi en vue d’une mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
L’un d’eux a reconnu vouloir s’en prendre à des militaires
« Ils présentent tous deux des profils de jeunes actifs sur les réseaux sociaux et sont dans une certaine dérive personnelle », confie une source proche des investigations. Le premier, L., encore mineur, a reconnu devant les enquêteurs qu’il voulait s’en prendre à des cibles militaires, notamment des soldats en faction, par haine de la France.
Les investigations, lancées fin janvier 2021 dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat), ont permis de mettre en évidence une recherche active sur ses cibles ainsi que de complices. Domicilié à Avion (Pas-de-Calais) mais interpellé chez sa mère à Mantes-la-Jolie, l’adolescent était membre d’une chaîne Telegram réunissant des individus radicalisés. Il y exprimait ouvertement sa volonté de « faire payer à la France » sa participation à la coalition anti-Daech en zone irako-syrienne en s’attaquant à des symboles de l’Etat français.
Des contacts avec des djihadistes en zone irako-syrienne
Le second suspect, O., est rentré dans le viseur de la justice antiterroriste à la suite d’une visite domiciliaire, dispositif qui a succédé aux perquisitions administratives de l’état d’urgence, menée à son domicile marseillais mercredi. Les policiers de la DGSI ont découvert un nombre impressionnant de documentation de propagande terroriste. D’après les premières investigations, le jeune homme, franco-algérien, avait affiché sa volonté de rejoindre la Syrie. Il était en contact virtuel avec des djihadistes se trouvant sur les théâtres de guerre.
Mais ces derniers temps, il aurait renoncé à son projet de « hijra » [émigration en pays musulman, NDLR] pour mener à la place une action violente en France. Dans le cadre de discussions avec d’autres jeunes appartenant à la mouvance radicale en Europe, il aurait évoqué plusieurs projets ainsi que des cibles sensibles en France. Au moment de son arrestation, ses noirs desseins n’étaient néanmoins pas encore dans une phase aboutie.
Ces deux affaires constituent les premiers projets d’attentats islamistes déjoués de l’année 2021. L’an passé, deux ont été mis en échec par les services antiterroristes mais cinq attentats ont été recensés. « Nous devons actuellement faire face à des attaques meurtrières bien moins organisées, mais plus difficiles à anticiper du fait de profils plus imprévisibles et souvent assez instables », expliquait le juge antiterroriste David De Pas dans les colonnes du Parisien en novembre dernier, expliquant avoir constaté « un très net rajeunissement des auteurs ».