MbS ou quand la moralité rencontre la realpolitik par Michèle MAZEL

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mercredi 3 mars 2021

MBS OU QUAND LA MORALITÉ RENCONTRE LA REALPOLITIK

La chronique de Michèle MAZEL

La cause est entendue : Mohammed Ben Salman, que tout le monde appelle familièrement MbS, est un personnage peu recommandable. Il jette des femmes en prison au seul motif qu’elles ont osé conduire une voiture avant qu’il n’en ait donné la permission ; elles y seraient soumises à humiliation, voire à la torture. Il emprisonne également et rançonne ses rivaux. L’affaire Khashoggi a encore terni son image. Selon un rapport de la CIA, datant de 2018, l’héritier du royaume saoudien est responsable de la mort du journaliste d’opposition Jamal Khashoggi. L’administration Trump avait classifié le rapport ; le président Biden s’est empressé de le publier.

Pour marquer sa réprobation, le nouveau locataire de la Maison Blanche, qui avait montré du doigt MbS au cours de sa campagne électorale, a déclaré qu’il n’aurait désormais plus aucun contact avec lui et ne communiquerait qu’avec le roi Salman. Une décision mal vécue en Arabie Saoudite et chez ses alliés du Golfe, qui voient là une ingérence inadmissible dans la politique intérieure d’un État souverain et même, selon certains, un appel à une révolution de palais pour renverser MbS.  

La nouvelle religion des droits de l’homme, que semble vouloir mettre en place le parti démocrate désormais au pouvoir, choisit bien curieusement ses cibles. Les «crimes» imputés au prince sont loin d’atteindre la gravité de ceux que commettent impunément d’autres dirigeants et pas seulement au Moyen Orient. Il faut voir avec quelle barbarie les Ayatollahs traitent ceux qu’ils qualifient d’opposants, les torturant et les exécutant parfois sans procès. Ils n’ont pas hésité à kidnapper en décembre Habib Chaab qui, bénéficiant du statut de réfugié politique en France, a eu l’imprudence de quitter ce pays pour rencontrer un soi-disant sympathisant à Istamboul. Drogué et ramené clandestinement à Téhéran, nul ne sait ce qu’il est devenu depuis.

En quoi son cas diffère-t-il de celui de Khashoggi ? Quid de la persécution de la paisible communauté Bahaï dont les membres sont régulièrement spoliés ; arrêtés, emprisonnés ?  Le président Biden va-t-il aussi rompre les contacts avec le nord-coréen Kim Jong Un ? Les négociations avec la Chine vont-elles être interrompues pour protester contre l’occupation du Tibet et le transfert de population visant à y introduire une majorité de Chinois ou encore pour protester contre les discriminations dont souffrent les 35 millions de Ouigours appartenant à la religion musulmane ? 

Ce Salman est justement ce que nous avions toujours demandé

«Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts» disait cet homme intègre qu’était le général de Gaulle, paraphrasant la réflexion faite en 1848 par le britannique Lord Palmerston : «L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents ; elle n’a que des intérêts permanents». Bien sûr, la moralisation de la diplomatie et de la vie internationale en général est éminemment souhaitable mais il faut raison garder. Ce qui est problématique à deux titres dans le cas de l’Arabie saoudite, c’est que non seulement Mohammed Ben Salman gouverne le royaume de facto, mais encore son père, aujourd’hui âgé de 85 ans, est en mauvaise santé et souffrirait de problèmes cognitifs. Or l’Arabie saoudite est une pièce maîtresse dans la partie d’échecs qui se livre aujourd’hui au Moyen Orient.  En mettant en cause la légitimité de sa direction, l’administration américaine l’affaiblit et joue le jeu de l’Iran.

Par Michèle Mazel

benillouche.blogspot.com/

4 commentaires

  1. Même si ce n’est pas un ange, il n’a pas de velléités contre Israël contrairement à la macrone. Pourquoi, qui peut affirmer que les américains ont choisi le bon président? Qui peut prétendre que macrone n’a pas été élue par défaut et surtout par les juges qui ont descendu Fillion pour des broutilles, alors que d’autres avaient largement escroqué les deniers du peuple, mit eu Rand, chirac et plus. Hollande n’en parlons pas. Il va sans dire que les veaux avec l’appui des bics par dizaine de millions ont mis au pouvoir le pire qu’on ait pu imaginer. Donc, Si ben Salmane n’est peut-être pas l’idéal, nous nous avons le pire qu’on puisse imaginer.

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