Nikki Haley a rompu avec Trump. Cela pourrait faire d’elle une favorite pour les Juifs du Parti Républicain, le GOP en 2024.
Nikki Haley lors d’un rassemblement électoral pour Kelly Loeffler à Monroe, Géorgie, le 30 octobre 2020 (Tom Williams / CQ-Roll Call, Inc via Getty Images)PUBLICITÉ
WASHINGTON ( JTA ) – Nikki Haley a finalement rompu de manière décisive avec Donald Trump dans une démarche qui la place en tête du peloton présidentiel républicain potentiel pour les conservateurs modérés, y compris les Juifs pro-israéliens qui sont restés principalement fidèles au parti au cours des quatre dernières années, grâce ou à cause de la politique étrangère de Trump.
Après avoir été son ambassadrice à l’ONU et ne pas avoir pris position pendant des mois sur ce que ses mensonges sur la fraude électorale signifieraient pour la gestion de son héritage, Haley a opéré la rupture finale vendredi dans une interview à Politico. La rhétorique post-électorale incendiaire de Trump, qui, selon les démocrates, a abouti à l’émeute meurtrière du 6 janvier au Capitole américain, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
«Nous devons reconnaître qu’il nous a laissé tomber», a déclaré Haley. «Il a emprunté un chemin qu’il n’aurait pas dû, et nous n’aurions pas dû le suivre, et nous n’aurions pas dû l’écouter. Et nous ne pouvons pas laisser cela se reproduire.
Sa rupture est une décision risquée: Trump commande toujours suffisamment de fidèles dans le parti pour que les sénateurs républicains disent en privé aux gens qu’ils ont peur de le condamner dans son procès de destitution en cours cette semaine.
Mais Haley, l’ancienne gouverneure de la Caroline du Sud, a une idée astucieuse du moment où les conservateurs doivent abandonner les planches pourries. On se souvient qu’elle avait enlevé le drapeau confédéré du Capitole de l’État après qu’un suprémaciste blanc a abattu neuf fidèles noirs à Charleston en 2015. Cette décision, qui aurait provoqué l’indignation une semaine avant le meurtre, s’est déroulée sans accroc.
Haley était jusqu’à présent l’un des rares responsables autour de Trump à avoir réussi à franchir une ligne fine entre le fait de savoir se distancer de certains de ses outrages et gagner sa bénédiction en adoptant son programme. Elle a également été une star parmi les républicains pro-israéliens pour sa promesse en tant qu’ambassadrice de l’ONU de «relever les noms» des pays qui s’opposent systématiquement aux États-Unis lorsqu’ils soutiennent Israël.
En effet, elle avait émergé des années Trump en tant que survivante politique capable de franchir cette ligne jusqu’à la Maison Blanche. Sa nette rupture avec le Trumpisme est un signe que davantage de républicains assis entre deux chaises devront savoir choisir leur camp.
De nombreux Juifs du GOP (Parti Républicain) seront satisfaits de la clarté de décision de Haley et pourraient l’aider dans ses ambitions présidentielles.
Haley a fait de la lutte contre la politique anti-israélienne la pièce maîtresse de son mandat aux Nations Unies, retirant les États-Unis du Conseil des droits de l’homme de l’ONU parce qu’il se focalisait avec une énergie inégalée contre Israël. Elle a également pris les devants dans la décision des États-Unis de réduire le financement de l’UNRWA, l’organisme affilié à l’ONU qui aide les réfugiés palestiniens et qui, selon les républicains, perpétue le conflit. (Le président Joe Biden prévoit d’annuler ces deux politiques.)
Haley en tant qu’ambassadrice américaine auprès de l’ONU aux côtés du président Donald Trump lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à la Maison Blanche, le 24 avril 2017 (Brendan Smialowski / AFP via Getty Images)
Son plaidoyer pro-israélien d’avant-garde l’a rendue extrêmement populaire lors de la conférence annuelle de la commission des affaires publiques américaine d’Israël (AIPAC), où elle a toujours reçu les applaudissements les plus forts – la simple mention de son nom par un autre orateur a garanti des ovations.
Elle a inventé de façon mémorable la phrase qui est venue définir le style de son spectacle à l’ONU lors de la conférence AIPAC 2017 : «Je porte des talons hauts. Ce n’est pas pour marquer un effet de mode, c’est parce que si je vois quelque chose qui ne va pas, je donnerais à chaque fois un coup de pied dans la fourmilière”.
Lors de la conférence de 2019, après avoir quitté son emploi à l’ONU, elle a profité de son apparition à l’AIPAC pour lancer son site Web qui plaide sa cause, Stand For America, un support classique pour les personnes envisageant de se présenter à une élection présidentielle. Le site sollicite des dons et des courriels de soutien.
Elle entretient une relation très chaleureuse avec les groupes républicains juifs, y compris la Coalition juive républicaine (lors d’un événement du RJC en juillet dernier , Haley a exhorté les électeurs juifs à ignorer la conduite grossière de Trump et à se concentrer sur les «résultats» de sa politique).
Les républicains juifs sont déçus par Trump après l’émeute du 6 janvier, qui a attiré des manifestations explicites d’antisémitisme. La collecte de fonds parmi les donateurs juifs avant 2024 sera probablement une tâche difficile pour tout candidat à la présidentielle ayant été proche de Trump.
«J’espère certainement en toute circonstance que notre communauté montre sa reconnaissance, dans toute entreprise qu’elle entreprend», a déclaré Fred Zeidman, un homme d’affaires de Houston qui est un important donateur républicain pro-Israël, à la Jewish Telegraphic Agency. L’effort le plus important à l’heure actuelle, a-t-il déclaré, consiste à éloigner le parti de l’association avec les derniers mois désastreux de Trump. «Ce que Nikki essaie de réaliser en ce moment, c’est de reprendre la Chambre et de reprendre le Sénat.» (à la mi-mandat 2022)
L’autobiographie politique de Haley de 2019, «With All Due Respect» (Avec tout le respect que je vous dois), comprend un chapitre – et des morceaux ailleurs dans le livre – sur la politique d’Israël, y compris ses batailles avec le secrétaire d’État de l’époque Rex Tillerson, qu’elle décrit comme résistant à son conseil de quitter l’UNRWA.
Elle donne également quatre pages sur un sujet qui n’avait aucune incidence sur ses responsabilités à l’ONU – la marche néo-nazie meurtrière à Charlottesville en 2017. L’équivoque de Trump l’a assez bouleversée, écrit-elle, à tel point qu’elle l’a appelé. Elle lui a dit qu’il devrait être autantsans équivoque qu’il l’était après le massacre de Charleston. Lui a répondu que les deux situations différaient. [ndlr : la scène joue donc en trois épisodes, avec le “bouquet final” de l’insurrection du Capitole le 6 janvier 2021].
«J’ai répondu au président que les deux situations n’étaient pas vraiment différentes», écrit Haley.
Elle a dit qu’elle avait conseillé au président: «Vous devez arrêter de reconnaître les incitateurs à la haine.»
Elle et Trump avaient une sorte de «étrange respect entre nous», a-t-elle reconnu dans le livre. Elle décrit avoir été mise (par Trump) du “mauvais” côté d’un tweet de Trump, après qu’elle a attaqué Trump lors d’un rassemblement pour le candidat qu’elle a soutenu aux primaires, Marco Rubio: (Trump avait écrit : ) «Les habitants de Caroline du Sud sont gênés par (la position de) Nikki Haley!»
Elle avait répondu sur Twitter: «@RealDonaldTrump,« Bénis soit ton cœur ».
«C’était un code local des femmes du sud», a déclaré Haley. “Trois mots polis qui permettent au destinataire de savoir que vous voulez dire quelque chose de (beaucoup) moins poli.”
Trump a promis de revenir dans le domaine politique à un certain titre. Mais comme elle l’a dit à Politico, Haley s’efforce de dépasser le débat sur son avenir.
«Je ne pense pas qu’il sera dans le tableau» (qu’il puisse revenir au plus haut niveau), dit-elle. «Je ne pense pas qu’il le puisse. Il est tombé si loin. (NDLR : de la cible, ou “si bas”, mais Nikki Haley ne le dirait pas en ces termes)”