
Claude Tencer
- Éditeur : Books on Demand
- Langue : Français
- Broché : 450 pages
- ISBN-10 : 2322240605
- ISBN-13 : 978-2322240609
- Poids de l’article : 760 g
- Dimensions : 18.9 x 2.31 x 24.61 cm
JUIFS DE FRANCE OU JUIFS EN FRANCE ?
Une vision du judaïsme français et allemand de 1932 à 1939
En 1791, la France devient le premier pays d’Europe à émanciper les Juifs qui vivaient jusque-là tolérés, en marge de la société. Les Juifs français éprouvent, sans réticence, une vive reconnaissance à l’égard d’une patrie généreuse qui leur a donné l’égalité des droits. Ils se préoccupent de l’honorer et de la servir loyalement.
Quatre-vingt-dix ans plus tard, la revue juive, les Archives Israélites se fait l’écho de ce sentiment de reconnaissance : « La Révolution de 1789, voilà notre seconde loi du Sinaï, voilà le seul étendard autour duquel nous, israélites, nous devons nous grouper. »
On ne dit plus « c’est un juif » mais « il est juif ». Le Juif est respecté, mais, pas toujours accepté.

Un groupe d’hommes et de femmes pose devant le restaurant Lanzman situé rue Sainte Croix de la Bretonnerie à Paris, 4ème arrondissement. France, 1930 © Mémorial de la Shoah /C.D.J.C./ M.J.P./ Camille Leschgold
Bien que la communauté juive fût considérée comme bien assimilée dans la société française, il était difficile de séparer en elle la « religion et la patrie ». La religion devait restée discrète, tandis que le sentiment pour la patrie devait être visible.
Les Juifs ne devaient pas faire de la politique pour ne pas éveiller la jalousie, donc, l’antisémitisme. Ils ne devaient pas non plus être sionistes, car ils ont à présent leur patrie, la France. Tous les discours et prêches des leaders de la communauté allaient dans ce sens.
Les Juifs n’ont- ils pas subi un endoctrinement patriotique extrême dans le sens de la patrie ?
En 1930, le Consistoire de Paris a abrogé une disposition datant de 1919, afin de proscrire de son Conseil des personnes d’origine étrangère. Cette décision fût contestée avec force par plusieurs organisations d’immigrés juifs qui n’admettaient pas cette ségrégation religieuse. Désormais, les Juifs autochtones n’admettent pas les Juifs dits étrangers dans leur groupe. Le Consistoire de Paris accepte, cependant, deux représentants étrangers au sein du Conseil d’administration comme observateurs, sans leur donner un droit de vote.
L’Univers Israélite (l’U.I.) se présente, dans son sous-titre, comme Le journal des principes conservateurs du judaïsme. Journal français et francophone, créé en 1844 par Simon Bloch (1844-1879), à l’issue d’une scission avec Les Archives Israélites. L’U.I. est l’un des plus anciens journaux communautaires, souvent considéré comme l’organe officiel du Consistoire de France.
Il présente la vision d’une société bourgeoise, encadrée par le Consistoire, représentant officiel du judaïsme français. Il reflète les préoccupations et les opinions de la bourgeoisie juive de France, et plus particulièrement, de la bourgeoisie Juive parisienne, dont il se fait l’écho.
Bien que l’Univers israélite ait tenté de fédérer les communautés juives autochtone et étrangères, l’objectif n’était pas facile à réaliser. Le Consistoire de Paris voulait s’immiscer dans tous les secteurs de la vie juive et des organisations d’entraide de Juifs immigrés, dans l’objectif de les gérer et absorber leurs finances. Cette attitude constituait une rupture avec la conception religieuse du Consistoire et les limites de l’idéologie de l’émancipation. Cette volonté et les moyens mis en œuvre dans l’intégration des organisations de Juifs étrangers en France, n’étaient qu’une façade pour combler les caisses déficitaires du Consistoire durant les années 1930.
Dans ces années, on est frappé plus encore par l’attitude d’une certaine bourgeoisie conservatrice juive qui s’oppose aux juifs étrangers arrivant en France pour trouver une terre d’asile, fuyant un régime hostile en Allemagne. Le clivage entre les deux communautés résulte du double problème d’une économie en perte de vitesse où sévit le chômage et de la poussée de la xénophobie et de l’antisémitisme en France. Il existe, aussi, au sein de la communauté juive, une volonté de préserver l’image des Juifs autochtones patriotes, nationalistes qui ont construit la France et sont morts pour la nation. Cette communauté, a le sentiment d’appartenir à une classe privilégiée voire supérieure, qui n’a rien de commun avec les Juifs étrangers, ou immigrés. Ce qui agace les Juifs de l’Univers Israélite et membres du Consistoire est de voir les immigrés se grouper, vivre entre eux et s’organiser dans des organisations d’entraide et de défenses multiples, pour certaines, rattachées à une fédération nationale ne faisant pas partie du Consistoire.

Deux hommes dans le Marais à Paris en avril 1933, devant une affiche pour un meeting de solidarité avec les juifs persécutés d’Allemagne. © Coll. Part./L. Karaïmsky, Cité nationale de l’histoire de l’immigration
Les années 1930 semblent contraster avec la décennie précédente. Une partie de l’opinion française, ébranlée par la crise économique mondiale et par les affrontements politiques à l’époque du Front Populaire, se retourne à nouveau contre les Juifs et se laisse emporter par des flambées de haine.
L’accession au pouvoir d’Hitler, le 30 janvier 1933, ne fait que renforcer l’imagination des anti-Juifs. Une nouvelle génération d’antisémites forge de nouvelles idées et des arguments inspirés par la conjoncture. « Le goy n’est plus que le somnambule des volontés juives » constate Céline. Cependant, on ne peut confondre les thèses de “l’antisémitisme français” et la réalité de l’antisémitisme allemand des années trente. L’antisémitisme français ne s’accompagne pas de plans de destruction du judaïsme, ni de volonté de mise à mort des Juifs. Il s’agirait plutôt d’un antisémitisme verbal, de mots, de plume, doublé par la xénophobie, afin d’écarter les Juifs de la vie française et politique car ils sont responsables de tous les maux du monde.
L’Auteur relate ces sociétés juives dans l’ambiance de la crise économique et sociétale des années 1930, qui explique probablement l’excès de confiance des Juifs durant (les rafles de) 1942, qui n’ont à aucun moment douté que la Police français pouvait les rafler pour les envoyer dans les camps de la mort.
J’ai ressenti une grande joie
Universelle dans le ciel diurne
Bleu vif à l’annonce du jubilé
International de Rome, Paris à New- York
La maison et toutes ses demeures fêtaient
A mon avis, l’homme du monde des nations
Toutes souveraines, elles avaient et étaient la foi
ici Elles étaient dès la terre promise devenues des états
On buvait du champagne et mangeait du caviar
Non, là n’est pas la constance, il reste à être et avoir la joi