Ayant réalisé que sa rhétorique de division repousse les électeurs et que la fin de la pandémie ne viendra pas de sitôt, Netanyahu passe à la vitesse supérieure dans sa campagne.
Par Mati Tuchfeld Publié le 02-04-2021 09:56 Dernière modification: 02-04-2021 13:13
La campagne électorale du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’est pas celle qu’il espérait mener. Il n’y aura pas de sortie de la pandémie à la veille des élections: la morbidité est à la hausse, les décès montent en flèche et la fin de crise sanitaire n’est pas en vue.
Netanyahu est un homme d’une capacité d’adaptation exceptionnelle. Il ne se permet jamais de s’engager sur un plan, et la rapidité avec laquelle il recalcule son chemin prend souvent par surprise ses rivaux et ses plus proches confidents.
Il en est venu à la conclusion que son image de cause de division repousse un large public qui le considère comme le plus apte à diriger mais qui est rebuté par ce type de conduite. La campagne que Netanyahu mène actuellement est libre de toute attaque et se concentre entièrement sur sa capacité de leader, un dirigeant qui, malgré les évaluations de ses rivaux, a apporté des vaccins en Israël et forgé la paix avec quatre États arabes.
Si l’administration du président américain Joe Biden commençait à rendre les choses difficiles pour Israël sur le front iranien ou diplomatique, la campagne présentera Netanyahu comme le seul capable de résister aux pressions de la Maison Blanche.
Quant aux opposants politiques, Netanyahu a décidé d’ignorer complètement Gideon Sa’ar, afin d’éviter d’améliorer la position du leader du Nouvel Espoir et de l’installer comme un rival potentiel. L’évaluation parmi les membres du Likud est que Saar devient nerveux et fait probablement déjà des erreurs. Au moment de vérité, Netanyahu pense que Saar finira par remporter des sièges à un chiffre (moins de 10) à la Knesset.
Alors que le leader de la Nouvelle Droite Naftali Bennett élevait le ton contre le Premier ministre et a appelé à sa destitution, le Likud a maintenu le silence radio. Pourtant, contrairement à Saar, il ne s’agit pas seulement d’éviter de le couronner comme le rival n°1 de Netanyahu. Bennett est un futur partenaire potentiel important : sans Bennett dans le tableau, Netanyahu n’a pas de coalition à proprement parler à proposer.
Le Likud oriente ses efforts contre une seule figure et une seule: Yair Lapid. Netanyahu souhaite faire du parti Yesh Atid son principal rival, dans une démarche visant à faire baisser le nombre de sièges de Saar à la Knesset et peut-être même ceux des autres partis de gauche qui avaient à peine prévu de faire partie de la Knesset.
Le parti mourant de Benny Gantz est profondément ancré dans le plan de Netanyahu. Le Premier ministre ne voit pas Kakhol lavan entrer à la Knesset. Au contraire, la préoccupation de Netanyahu est que le parti de Gantz rendra son dernier souffle trop tôt, ce qui inciterait l’ancien chef d’état-major de Tsahal à préférer se retirer de la course.
N’oublions pas que Netanyahu a également des plans pour la Liste arabe commune démantelée, bien que l’ampleur de ces plans reste inconnue pour le moment.