

Le 26 janvier 2021, le journaliste Jean Stern a publié, dans l’Orient XXI (journal en ligne du monde arabe et musulman), un article consacré au réseau Elnet. Bien que le titre en soit peu flatteur (« Elnet, découvrez Israël, ses colonies, ses technologies de surveillance …»), il informe sur la multiplicité des outils déployés par l’association pour diffuser une meilleure image d’Israël en France. Effectivement, Elnet s’est fixée pour objectif de modifier, dans l’opinion publique, les a priori négatifs sur l’Etat juif.
Elnet est une organisation indépendante et apolitique qui œuvre au renforcement des relations bilatérales entre la France et Israël. Son objectif, tel que défini dans la charte, est de favoriser une meilleure connaissance, en France, de la réalité historique, culturelle, économique et politique d’Israël. Aussi, et dans le respect des valeurs démocratiques et des intérêts stratégiques communs, elle entend faciliter le dialogue et la coopération entre responsables européens et israéliens par le biais de plateformes de discussions et l’organisation de rencontres bilatérales. Son siège est situé à Paris mais elle dispose d’un rayonnement européen grâce à ses antennes dans les grandes villes européennes (Bruxelles, Londres, Berlin Madrid, Varsovie) outre ses bureaux à Tel Aviv.
Les manifestations qu’Elnet organise réunissent des personnes influentes, comme en témoigne le gala virtuel organisé le 15 novembre 2020, en vue de renforcer les liens euro-israéliens et de collecter des fonds. Y participaient le Président Reuven Rivlin, le Ministre des Affaires Etrangères Gabi Askhenasi, et l’ex Ministre de centre gauche, Yair Lapid (présenté, par l’auteur, comme le seul homme politique israélien qu’Emmanuel Macron aime rencontrer). L’un des partenaires privilégiés d’Elnet, n’est autre que Bruno Tertrais, Directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des questions de défense ( et conseiller du Président français Macron pendant la campagne présidentielle). Ce dernier a vanté Elnet dans ces termes « je rend hommage à Elnet qui m’a permis de connaître toutes les facettes et toutes les réalités de la société israélienne ».

En effet, Elnet communique sur des sujets de politique international comme, notamment, sur le danger que présente l’Iran, sur la lutte contre le mouvement BDS et sur l’importance des implantations juives en Judée Samarie. Le journaliste Stern indique qu’il aurait préféré qu’Elnet accorde plus d’importance à la situation intérieure israélienne ou aux manifestations contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou… Ce n’est toutefois pas l’objet de l’association.
Le Directeur d’Elnet, Arie Bensemhoun, en a précisé la stratégie dans ces termes : « même si techniquement, Elnet n’est pas un lobby, nous n’avons rien à vendre ». L’objectif est de « renverser la table sur les positions de la France sur ce qu’on appelle le conflit israélo-palestinien. Nous ne sommes plus en 1967 et même Oslo est très loin désormais. Il faut tenir compte du rapport de force sur le terrain, des évolutions du monde arabe, et du plan Trump aussi, non pas pour l’accepter dans sa totalité, mais parce que c’est un élément nouveau et un point de départ ».
Si Arie Bensemhoun ne se fait pas d’illusions sur la position de la France à l’égard d’Israël, il insiste sur le pragmatisme qui préside aux relations franco-israéliennes : « En politique étrangère, il n’y a pas d’amitiés, il n’y a que des relations. La relation politique France-Israël, c’est pas l’amour fou, mais une relation équilibrée, positive, constructive avec beaucoup de coopération : recherche scientifique, innovation, entrepreneuriat, et des relations et des échanges d’information sur les questions stratégiques, militaires et de lutte contre le terrorisme ».
De même, pour Jean-David Benichou (industriel de la high-tech et membre de son conseil d’administration), l’objectif est de « faire disparaître la défiance réciproque pour installer la confiance mutuelle, accompagner les élus de la nation et créer le contexte du dialogue ».
Sur le plan européen, Israël est un partenaire privilégié du vieux continent : il coopère dans les programmes d’intérêt commun (telle la sécurisation des gazoducs européens, par l’intermédiaire du groupe israélien défense Elbits System), participe aux coupes d’Europe de Football ou au concours de chanson de l’Eurovision. Elnet se doit donc d’être présente dans les institutions qui consacrent le rapprochement avec l’Europe. Sur le plan international, le bureau d’Elnet, à Bruxelles, se charge des relations avec l’Otan, comme le ferait une agence gouvernementale israélienne.
Comme la France est membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu (et troisième exportateur d’armes dans le monde), Elnet se charge de faire l’interface entre Paris et les Forces de Défenses Israéliennes : des réunions sont organisées avec la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale ou avec des parlementaires, notamment lorsqu’il s’agit de trouver une orientations communes dans l’attitude à avoir à l’égard des organisations terroristes palestiniennes (dont le Hamas). A l’occasion d’une réunion, Meyer Habib, député de la huitième circonscription des Français établis hors de France a d’ailleurs eu l’occasion de préciser que « la violence antisémite se nourrit d’abord et avant tout de la détestation d’Israël. Il y a une focalisation des politiques et des médias sur Israël »
Elnet se charge également de faire venir des responsables israéliens en France et d’organiser les déplacements de français en Israël. Comme l’a expliqué Arie Bensemhoun : « Beaucoup de gens font le voyage en Israël, et Elnet y contribue, avec des élus, des hommes d’affaires, des délégations régionales et locales. En se rendant sur place, en comprenant la complexité, cela change le regard. Comme la France est confrontée à la montée du radicalisme islamisme et du terrorisme, cela rend aussi les Français moins condescendants, moins paternalistes ».
En 2018, Elnet a organisé le voyage de 37 députés en Israël qui ont pu visiter la Cité de David à Silwan (aux portes sud du Mont du Temple), rencontré le Premier Ministre Benjamin Netanyahou, ou encore dîné avec le Ministre de la justice Amir Ohana…C’est encore Elnet qui a organisé et financé le voyage en Israël de l’Imam Hassen Chalghoumi, accompagné de 40 jeunes musulmans, français et belges.
Elnet a également œuvré contre la remise, par la Garde des Seaux Nicole Belloubet (en décembre 2018), du prix de Droits de l’Homme à deux organisations de défense des palestiniens, l’une israélienne, « B’Tselem » et l’autre palestinienne « Al-Haq ». L’ambassade d’Israël, le député Meyer Habib et le Conseil représentatif des organisations juives de France (CRIF) lui faisaient alors le reproche de récompenser des organisations qui « accusent Israël d’apartheid, nous délégitimisent sur le plan international, défendent le terrorisme et soutiennent le BDS ». Résultat, la Ministre de la Justice n’y a pas procédé.
En somme, Jean Stern entendait salir l’organisation Elnet lui reprochant de couvrir « la supposée oppression par Israël des palestiniens » ou encore « l’occupation par Israël des territoires palestiniens » alors que les vrais héros seraient « les palestiniens qui luttent avec courage et persévérance, et qui restent sur leurs terres avant que les bulldozers n’arrivent »… Finalement, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit : l’image d’Elnet en est valorisée, tout comme celle d’Israël en France, pour qui elle se bat.

« renverser la table sur les positions de la France sur ce qu’on appelle le conflit israélo-palestinien. ” ??
Bon courage.