La chronique de Michèle MAZEL
Selon un document publié sous les auspices de la ministre des Armées, Florence Parly, et rendu public par Le Figaro du 22 janvier, «La pandémie a représenté un bouleversement majeur pour les sociétés et les économies, approfondissant les clivages et les rapports de force, suscitant de nouvelles tensions sur les ressources et surtout catalysant les menaces ….En l’absence de réponse adaptée de la part des Européens, ce contexte d’instabilité entraîne des risques nouveaux jusqu’aux portes de l’Europe, et suscite le spectre d’un déclassement stratégique».
Dans ce panorama d’un monde toujours plus dangereux, poursuit Le Figaro, «la France rappelle la posture d’intimidation stratégique de la Russie, le doublement du budget de défense chinois depuis 2012 ou le regain d’audace de puissances régionales comme la Turquie». On notera qu’il n’y a pas de référence à l’Iran ; crainte d’indisposer les Ayatollahs ? Tout de même, en dépit de leurs préoccupations et de la gravité de la situation, le Royaume Uni, la France, la Norvège, la Belgique, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie et l’Union européenne ont pris le temps de se pencher, toutes affaires cessantes, sur l’un des points les plus chauds du globe : Givat Hamatos.
C’est que l’affaire est grave. Le gouvernement israélien vient de décider de construire un nouveau quartier sur cette petite colline dénudée, à 800 mètres au-dessus de la mer où ont été trouvés des vestiges archéologiques remontant à la période du Second Temple. Elle a été intégrée dans les limites municipales de Jérusalem en 1993. On y trouve des caravanes habitées par de nouveaux immigrants éthiopiens en attente de relogement. Certes, au fil des ans, un certain nombre de projets ont été votés par la municipalité mais aucun n’a été suivi d’effet. Celui-ci le sera-t-il ? Nul ne le sait mais ce que reprochent les pays ci-dessus au gouvernement israélien, c’est d’avoir pris la mesure juste avant le changement de locataire à la Maison Blanche.
L’élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, saluée par les Palestiniens, s’annonçait pleine de promesses, diverses informations ayant fait état de la volonté de la nouvelle équipe d’annuler les mesures prises par Donald Trump et de reprendre le dialogue avec Ramallah. Or, selon les dirigeants européens, la mise en œuvre de la décision israélienne rendrait plus difficile la reprise du processus de paix et plus aléatoire la solution à deux États que l’Europe appelle de ses vœux. On se rappelle qu’elle s’était inquiétée des accords de paix conclus par Israël avec les Émirats arabes unies puis Bahreïn, y voyant une atteinte à la nécessité de résoudre d’abord le problème palestinien.
Ce que les Européens se refusent apparemment toujours à voir, c’est que voilà des années que les dirigeants palestiniens, ayant rejeté successivement les plans de paix avancés à Camp David, puis les offres généreuses d’Ehud Barak et de Tsipi Livni, refusent toujours de s’asseoir à la table des négociations. Seraient-ils encouragés dans leur intransigeance par le soutien sans faille de l’Union européenne, malgré l’enseignement à la haine d’Israël dispensé dans les écoles et les salaires payés aux terroristes emprisonnées ?
En tout cas, ce n’est pas à l’heure où l’Autorité palestinienne et le Hamas se sont mis d’accord pour la tenue d’élections législatives en mai et présidentielles en juillet que l’on peut s’attendre à voir Ramallah adopter une attitude plus pragmatique et envisager les concessions sans lesquelles il ne pourrait y avoir de solution. D’autant que le Hamas, qui va faire campagne ouvertement ou non en Cisjordanie, ne cache pas son intention mainte fois répétée de détruire Israël.