Israël : Séparations, fusions et acquisitions traversent la campagne électorale

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Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu shake hands with Likud Member Gideon Saar as he arrives to a Likud party meeting at the Menachem Begin Heritage Center in Jerusalem on March 11, 2019. Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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¨Déjà vacciné? Vous avez trouvé votre propre parti pour qui voter? C’est ainsi que les Israéliens peuvent se saluer tout en faisant la queue pour obtenir une dose anti-covid ou en calculant les chances que de nouveaux partis surgissent pour renverser Netanyahu aux élections du 23 mars, la quatrième d’Israël en deux ans.

Cette fois, les partisans autrefois fidèles du Likud et de son chef se battent pour rejoindre la liste de ses futurs successeurs, désespérés par sa longévité. Mais Netanyahu, après avoir brisé le camp de centre-gauche, le mettant hors-jeu en l’éparpillant en fragments insoutenables, accorde maintenant ce traitement spécial à son propre camp.

Le problème des challengers de droite est que leur cible continue de dominer le discours politique national et plus ils le combattent, plus il gagne d’influence dans les sondages. Cette semaine, le dirigeant du Likud est sorti du creux des faibles 20% dont il disposait en se procurant suffisamment de vaccins contre le coronavirus pour injecter à des millions d’Israël la promesse qu’Israël serait bientôt sauvé de la catastrophe cauchemardesque qui hante toujours de nombreux autres pays.

Ses deux principaux rivaux, deux anciens ministres du Likud, Gideon Saar qui a déboulonné le parti et créé Nouvel Espoir en décembre dernier et Naftali Bennett de Yemina, ont chacun dépassé la barre des 20% il y a trois mois, et ont laissé tomber le Likud de Netanyahu dans les mêmes proportions. Maintenant, ils sont en3core en phase de décollage, alors que le Premier ministre a dépassé la barre des 30%. C’est parce que Netanyahu fait travailler l’actualité en sa faveur, tout en élevant le niveau de ses vieilles astuces consistant à jeter un pavé dans la mare de ses adversaires.

Bennett s’est retrouvé coincé cette semaine lorsque Bezalel Smotritch, n’ayant encore que 40 ans, a rompu avec son ancien partenaire pour se battre pour le ticket national-religieux, favorable aux implantations avec son propre parti. Il a été adopté par Netanyahu qui entrevoit que son idéologie d’extrême droite peut être associée à des compétences administratives. Gideon Saar, dont la défection a été largement saluée comme une menace majeure pour le Premier ministre, a rapidement perdu du terrain dans l’ombre du maître.

Les tactiques de sabotage de Netanyahu ont fonctionné pendant une décennie sur les groupements de gauche et de centre-gauche. D’une manière ou d’une autre, les partis qui ont défié son mandat de premier ministre avec de brillantes promesses de changement ont sombré dans des conflits internes et se sont brisés en miettes. Le vieux parti travailliste socialiste a subi ce sort il y a quelques temps. Aujourd’hui, il n’a aucun espoir de franchir le seuil de 3,75% pour la moindre place à la Knesset.

Kahol Lavan, qui a concouru trois fois sur le ticket «N’importe qui sauf Bibi» lors de son procès pour corruption, a perdu un bras en mai dernier lorsque Benny Gantz a rompu avec son partenaire Yesh Atid de Yair Lapid, pour rejoindre le gouvernement de coalition Netanyahu. Lapid a depuis perdu deux autres alliés: son acolyte Ofer Shelah a fait défection pour créer son propre parti, Tnufa, et l’ancien chef de l’armée Moshe Yaalon et sa faction Telem se sont séparés le mois dernier et vantent haut et fort ses références supérieures pour remplacer Netanyahu en tant que Premier ministre.

La désunion a également attaqué la Liste commune des partis arabes, préalablement la troisième en importance à la Knesset, après que le Premier ministre a commencé à approcher Mansour Abbas, chef de Raam, l’un de ses quatre membres.

Gantz lui-même, qui a souvent croisé le leader du Likoud, n’a pas profité de son aventure en entrant sur le terrain de Netanyahu. Son parti est écrasé dans les sondages au point que cette semaine, il a proposé de céder toute prétention à la direction en provocant une fusion – par exemple, avec le nouveau parti du maire de Tel Aviv, Ron Huldai, Les Israéliens, ou de revenir au parti qui l’a lancé en politique – si Lapid veut encore de lui.

Les débats sur l’émergence des nouveaux partis font place à des mouvements croisés de fusions avant la date du 3 février pour l’enregistrement des listes éligibles aux élections. Les grands acteurs recherchent des acquisitions intéressantes. On estime qu’un assortiment éclectique de menus fretins avec peu d’espoir d’atteindre la Knesset représente 14% de tous les bulletins de vote, qui seront immanquablement perdus et détruits. Ils sont considérés par les “grands garçons” comme des atouts probables. Parmi eux, on trouve les Shulmans, mis en place par des commerçants qui ont fait faillite à cause du coronavirus; le Nouveau Parti économique dirigé par l’ancien comptable général d’État Yaron Zelekha, Derekh Eretz, qui est passé de Kahol Lavan à Nouvel Espoir, et le nouveau Parti des aînés fondé par l’ancien chef du Mossad Danny Yatom.

Netanyahu semble satisfait d’avoir limé les dents de ses rivaux, ou du moins les avoir coincés dans des positions défensives ou intenables, tandis que ses alliés réguliers de la coalition ultra-religieuse, le Shas et le judaïsme de la Torah, ne semblent pas sur le point de s’éloigner (de lui). Son procès pour corruption s’éternise, mais ne fait pas longtemps la une des journaux. Le Premier ministre semble avoir opté pour l’instant, pour une stratégie de campagne qui ne repose pas sur des rassemblements populaires, des discours ou de l’affichage intensif qui attirent les votes. Pisté par des photographes, il se présente sur des sites télégéniques, comme dans trois villes arabes, dont il ne s’est jamais soucié auparavant, des postes de vaccination et l’aéroport pour prendre personnellement livraison des cargaisons en vrac des vaccins anti-covid. Ses adversaires sont peut-être intimidés pour le moment, mais un ennemi plus dur, la pandémie, ne se couche pas devant ses promesses de ramener le pays à la normale d’ici mars. Au lieu de quoi ,une troisième semaine de confinement ou plus se profile et les prévisions sont mornes.

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