Samaa Abdulhadi: des militants appellent à la libération de la “ reine de la techno palestinienne ”
Par Tala Halawa
BBC Monitoring, RamallahPubliéIl y a 13 heuresPartager
Des militants et des groupes de défense des droits de l’homme demandent à l’Autorité palestinienne de libérer Samaa Abdulhadi, une DJ connue comme la «reine de la techno palestinienne».
Abdulhadi a été arrêtée dimanche après avoir organisé un événement à Nabi Musa en Cisjordanie, où se trouvent un sanctuaire islamique, une mosquée et une auberge de jeunesse.
Elle a dit qu’elle avait les autorisations nécessaires du ministère du Tourisme pour tourner un film qui comprenait des scènes de fête techno.
Mais certains musulmans palestiniens religieux ont déclaré que l’événement était “irrespectueux” envers leurs sites religieux.
Nabi Musa est considéré par eux comme le lieu de sépulture du prophète Moïse.
L’incident a suscité des tensions sociales qui se sont reflétées sur les réseaux sociaux.
Certaines personnes ont écrit en ligne qu’elles trouvaient «offensant» que de la musique techno soit jouée sur un site religieux malgré le fait que Mme Abdulhadi ait les autorisations requises. D’autres ont appelé à plus de libertés et exprimé l’espoir d’une plus grande diversité au sein de la population palestinienne.
Des militants appelant à la libération de Mme Abdulhadi ont lancé une pétition en ligne qui a été signée par des dizaines de milliers de personnes.
Les critiques des actes de la DJ ont, quant à eux, tenu des prières près de la mosquée Nabi Musa. Des vidéos ont également été publiées sur les réseaux sociaux, montrant des gens qui brisaient et brûlaient des meubles de l’auberge de jeunesse.
Le directeur de la Commission indépendante palestinienne pour les droits de l’homme, Ammar Dweik, a déclaré que Mme Abdulhadi lui avait dit que l’utilisation de Nabi Musa pour le tournage lui avait été suggérée par le ministère du Tourisme. Elle avait également confirmé qu’elle n’avait “aucune intention de nuire aux sentiments d’un quelconque groupe religieux”, a-t-il déclaré à la BBC.
M. Dweik a déclaré qu’il considérait la détention de Mme Abdulhadi comme une “erreur” qui devrait être annulée.
Shawan Jabarin, directeur général du groupe de défense des droits palestiniens Al-Haq, a également condamné l’arrestation dans un communiqué publié sur la page Facebook de l’organisation.
Il a déclaré que les autorités devraient “classer et définir les lieux touristiques”.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, qui a assisté à une cérémonie à Nabi Musa l’année dernière après l’achèvement des rénovations financées par l’UE, a formé un comité chargé d’enquêter sur l’incident.
Mardi, l’Autorité palestinienne a rejeté la demande de libération sous caution de Mme Abdulhadi et a prolongé sa détention de 15 jours.
La famille de Mme Abdulhadi a déclaré à la BBC qu’elle espérait que le comité d’enquête publierait ses conclusions mercredi ou jeudi.
Depuis mars, l’Autorité palestinienne a renouvelé un état d’urgence de 30 jours en Cisjordanie qui a été déclaré pour enrayer l’épidémie de coronavirus dans ce pays.
Les critiques se sont déclarés préoccupés par les restrictions imposées à la liberté d’expression en vertu de la loi d’urgence.